Lors de la dernière convention et assemblées générales de l’Anacofi du 28 mars dernier au Carroussel du Louvre, à Paris.
En cette année 2024, l’Anacofi a fêté son vingtième anniversaire. Toujours présidée par David Charlet, l’association professionnelle s’est énormément développée, mais conserve toujours la même vocation : accompagner ses membres dans leur développement quotidien.
L’Association nationale des conseillers financiers (Anacofi) tire ses racines de la loi de sécurité financière de 2003. Jusqu’à l’apparition de cette toute première réglementation qui débouchera, notamment, sur la création du statut de conseiller en investissement financier (CIF), les fondateurs de l’Anacofi formaient alors une sorte de club de réflexion d’une douzaine de professionnels de la finance. « Nous étions un think-tank de quelques professionnels reconnus dans leurs domaines respectifs, certains avaient écrit des livres, d’autres étaient professeurs en université…, rappelle David Charlet, président de l’Anacofi. Nous nous réunissions périodiquement, à Boulogne ou à Nice, dans le but d’échanger sur nos bonnes pratiques pour faire le bon choix dans la gestion de nos entreprises. Lors des débats sur la loi de sécurité financière, nous avions été conviés aux discussions, notamment par l’Autorité des marchés financiers (AMF) qui se voyait confier la régulation d’une profession qu’elle ne connaissait pas. »
D’un club de réflexion à une association
La loi impose alors aux professionnels opérant sur le nouveau statut de CIF d’adhérer à une association agréée par l’AMF. C’est à ce moment charnière que l’Anacofi se crée. « Nous devions devenir association pour poursuivre nos échanges avec le régulateur. Nous aurions pu rejoindre une autre association, mais nous avons décidé de créer la nôtre, avec nos sensibilités, tout en accueillant d’autres associations qui décidaient de ne pas franchir le pas de la corégulation, à l’image de l’ANCDGP. Notre volonté était alors de fournir tous les services d’accompagnement dont les chefs d’entreprise ont besoin, donc à l’inverse d’une logique ordinale », se souvient David Charlet. En 2005, l’Anacofi fonde alors son association de CIF, l’Anacofi-CIF qui sera agréée par l’AMF l’année suivante.
A ses débuts, l’Anacofi comptait une trentaine de structures adhérentes. Elle grossit progressivement : cent-quarante au bout d’un an, cinq-cent-quarante en 2008. Puis les effectifs partent en flèche suite à la directive MIF qui confirme le statut de CIF. « Les CGP avaient alors le choix de rejoindre une structure dédiée aux CGP ou une structure pluridisciplinaire comme la nôtre, puisque nous accompagnions des CIF-CGP, mais aussi des CIF-conseil en finance d’entreprise », note David Charlet.
Face à ce fort développement, l’Anacofi se structure et crée notamment des antennes régionales (dix grandes régions, dont les Drom-Com) et met en place son fameux « tour de France » qui lui permet de rencontrer et former ses adhérents dans tout l’Hexagone et en outre-mer. Au fil des mois, l’association est régulièrement consultée par les pouvoirs publics et prend ainsi part aux discussions sur toutes les évolutions réglementaires qui ont suivi la création du statut de CIF : transpositions des directives, création du statut d’IOBSP…
En 2010, l’Anacofi participe notamment aux discussions autour de la création d’un statut de CGP qui ne verra finalement pas le jour. David Charlet confie : « Nous avions des désaccords entre associations professionnelles sur le modèle d’organisation du métier. Ne pas avoir vu cette discussion aboutir, finalement pour des raisons purement politiques, est un regret, d’autant plus que nos échanges ont débouché sur un rapport commun qui a fait consensus entre toutes les associations. Qui sait si ce rapport ne resurgira pas un jour ? »
Ces évolutions réglementaires ont rythmé la vie et la croissance de l’association. « La période 2010-2012 a été pour nous un accélérateur, estime David Charlet. Nous avons alors créé nos structures dédiées à l’assurance, à l’immobilier et à l’IOBSP pour accompagner les évolutions réglementaires. Nous nous sommes ensuite restructurés en mettant en place un nouveau système de gestion interne à partir de 2019. »
Aujourd’hui, l’Anacofi compte ainsi quatre associations de représentation :
- l’Anacofi-CIF, présidée par Nebojsa Sreckovic ;
- l’Anacofi-Courtage, présidé par Pascal Labigne, pour les intermédiaires en assurance et les IOBSP ;
- l’Anacofi Immo, présidé par Sébastien Bareau ;
- et l’Anacofi Syndicat créée fin 2020 pour tenir le rôle de représentativité sociale (conventions collectives) du groupe Anacofi et présidée par Guy Cohen.
En interne de l’entité confédérale, l’Anacofi dispose également d’une section CGP, qui est la plus connue, et d’une section finance d’entreprise qui compte plus de deux-cent-cinquante entreprises membres.
En 2022, la réforme du courtage donne également un nouveau coup de boost à l’association qui voit alors ses effectifs progresser de 30 % en une année.
Actuellement, l’association continue de participer aux échanges sur les évolutions réglementaires françaises et européennes des professions qu’elle abrite, ainsi qu’à celles ayant trait à la fiscalité du patrimoine et des entreprises ou aux marchés sous-jacents.
Parmi ses principaux sujets, la directive FiDA sur les échanges de données financières, la RIS, la loi Pacte II, l’immobilier (notamment le crédit)… Récemment l’association a rendu publiques cent-soixante-neuf positions, avec un focus sur quinze d’entre elles.
Le poids de l’Anacofi aujourd’hui
Désormais, l’association représente environ huit mille entreprises membres, soit un total de plus de trente mille emplois. Son effectif d’adhérents croît toujours d’année en année : l’an passé, elle a représenté environ 25 % des IOBSP, 15 % des courtiers, plus de 40 % de CIF. Selon l’association, le chiffre d’affaires généré par ses membres dépasserait pour l’année 2022 les 3 milliards d’euros et génère plus de 7 milliards d’euros de PIB. De plus, les membres auraient intermédié cinquante-cinq mille biens immobiliers en 2022 pour environ 11 milliards d’euros, soit près de 40 % des ventes d’immobilier neuf en France.
Pour accompagner ses adhérents, l’Anacofi s’est dotée de moyens conséquents : quarante-six salariés au soutien de soixante-quinze élus, une dizaine de consultants externes, ainsi que des avocats et sociétés spécialisées dans la conformité.
Différents pôles ont été créés pour accompagner les adhérents : service juridique, médiation, contrôle, formation, centrale de référencement… Pour renforcer son organisation, l’association avait décidé d’engager une déléguée générale, Valéria Faure-Muntian. « L’arrivée de Valéria a permis de réduire la charge de travail des présidents des associations. Elle est un appui dans la gestion quotidienne de l’association : embauches des salariés, relations avec les partenaires extérieurs, suivi de nos évolutions digitales, mise en place des assemblées générales… », conclut David Charlet.
Positions publiques
Comme en 2019 et en 2022, l’Anacofi a produit un travail de synthèse et de mise en forme de ses positions, prises ou défendues en 2023 et en ce début d’année 2024, qu’elles découlent de travaux de commissions, des conseils d’administrations, des réponses aux consultations ou des études réalisées.
Classées en huit chapitres, ses cent-soixante-neuf positions (contre cent-seize en 2022), structurelles ou conjoncturelles, couvrent la finance d’entreprise, les besoins et avis des métiers de la gestion de patrimoine ou du courtage, la protection des consommateurs, la fiscalité, l’immobilier et quelques sujets divers.
Les élus de l’Anacofi ont fait ressortir quinze positions principales qui portent sur la défense des métiers (opposition à l’interdiction des commissions et rétrocessions et soutien à un système de rémunération libre), sur l’ESG (modes d’information compatible pour toutes les solutions patrimoniales ; simplification et clarification des contraintes de profilage ESG des clients), sur le crédit (reconnaissance du mandat dans le courtage en crédit ; assouplissement des règles du HSCF), sur l’immobilier (aménagement du dispositif Denormandie pour le rendre éligible au niveau des territoires qui en ont besoin, aux logements collectifs classés E, F ou G et aux logements vacants), sur le financement et le fonctionnement ou encore la transmission des entreprises (création d’un statut pour le M&A). La synthèse de ses points est disponible sur le site de l’Anacofi.