Photo : Sophim.com
Basée dans les Alpes-de-Haute-Provence, Sophim est principalement un producteur de squalane végétale, un ingrédient de base de l’industrie cosmétique. Accompagnée à deux reprises par Smalt Capital, cette PME familiale a connu un fort développement à l’international et ouvre désormais sa production au marché des compléments alimentaires.
Reprise en 1992 par Jacques Margnat, la société Sophim est une entreprise familiale spécialisée dans la production d’une matière première destinée à l’industrie cosmétique. Plus précisément, la société produit du squalane, un des ingrédients de base des crèmes, du maquillage, des rouges à lèvres, du fond de teint ou encore du mascara. Rapidement, l’entreprise bascule d’un mode de production fondé sur une molécule animale à une molécule basée sur le végétal, l’huile d’olive. « Le squalane est un excipient qui peut avoir trois origines : l’huile de foie de requin – ce mode de production a aujourd’hui disparu –, l’huile d’olive, comme nous le produisons, ou être produit de manière synthétique, explique Alexis Margnat, directeur général de Sophim, située à Peyruis, au cœur des Alpes-de-Haute-Provence. Ce troisième mode de production chimique est celui des produits dit mass-market. Chez Sophim, nous nous adressons donc à une industrie haut de gamme, dont la clientèle est de plus en plus sensible à l’origine des produits. Nos clients, notamment les grands comptes, sont d’ailleurs très exigeants avec nous. »
Augmenter les capacités de productionAvec sa solution « végétale », la société capte rapidement des parts de marché et décide de poursuivre elle-même sa production. « Alors que dans notre secteur beaucoup font appel à la sous-traitance, nous avons fait le choix de continuer à produire nous-mêmes, ce afin de maîtriser nos coûts, la traçabilité de nos produits et leur qualité, se félicite Alexis Margnat. Nous avons décidé d’ouvrir un second centre de production, plus proche de notre matière première, en Espagne. Pour cela, nous avions besoin du soutien d’un partenaire financier et nous souhaitions être accompagnés par un acteur local. Comme Smalt Capital, nous sommes des Marseillais d’origine, mais nous avons fait le choix de nous installer dans les Alpes-de Haute-Provence, à proximité de la nature, et non pas à côté des sites de pétrochimie marseillais. » Smalt Capital (ex-ACG Management – 1 milliard d’euros investis depuis sa création), investisseur spécialisé dans les PME régionales avec des bureaux à Marseille, en Corse et à la Réunion, s’est donc associé à Sophim en 2014.
En 2019, Sophim sollicite à nouveau les investisseurs pour donner un nouveau coup d’accélérateur à son développement. « Notre activité est très consommatrice en capitaux, pour nos sites de productions, mais aussi pour la recherche et développement. Pour cette deuxième levée de fonds, nous avons souhaité être accompagnés par les mêmes partenaires, assure Alexis Margnat. Au travers ces deux levées de fonds, nous avons pu nous appuyer sur des personnes d’expérience. Si nous gérons notre entreprise en bon père de famille, nous sommes le plus souvent focalisés sur notre travail au quotidien. Avoir un fonds d’investissement au capital nous a imposé de nous fixer des échéances ce qui donne un rythme à notre stratégie. Nous avons été challengés par les équipes de Smalt qui nous accompagnent dans notre stratégie et nous ont permis de nous structurer ces dernières années en créant de nouveaux postes, notamment sur notre partie financière, et en nous dotant d’outils. »
« Après une première phase réussie, il nous paraissait évident de les accompagner dans leur nouveau développement, indique Julien Jorge, directeur du pôle Retail et gérant chez Smalt Capital, spécialiste du capital-développement et capital-transmission. Il s’agit en effet du type de participation que nous apprécions particulièrement : une PME régionale de taille déjà assez conséquente, disposant d’un produit bien positionné sur son marché. Son côté familial lui permet de se projeter sur le long terme, tout en s’appuyant sur un plan de développement ambitieux : la croissance de ses ventes à l’international et l’ouverture vers de nouvelles branches de production. Sophim opère, en effet, sur un marché où la concurrence est limitée, outre le développement commercial et l’augmentation de la capacité de production, des opportunités de croissance externe pourraient être à saisir. »
Pour cette deuxième levée de fonds, ce sont 10 millions d’euros qui sont intégrés dans les comptes de Sophim en actions, obligations convertibles et dette. Alors que la société réalisait un chiffre d’affaires d’environ 8 millions d’euros lors de la première prise de participation de Smalt Capital, celui-ci s’élève désormais à 28 millions d’euros.
Petits et grands clients à travers le mondeSi Sophim produit plusieurs centaines de tonnes de squalane chaque année, elle sert un large panel de clients au niveau mondial. La France représente 20 % de son chiffre d’affaires, le reste de l’Europe 20 % et l’Asie 40 %. « Dès l’acquisition de Sophim nous avons souhaité développer notre activité à l’international en participant à de nombreux salons à travers le monde, signale Alexis Margnat. Notre croissance est forte en Asie, notamment en Chine où la notion de naturalité des produits s’impose de plus en plus. Nos partenaires commerciaux, en particulier les grands comptes, nous imposent d’ailleurs de mettre en œuvre une politique rigoureuse en matière de RSE. »
Parmi les clients de Sophim sur le marché français se trouvent Pierre Fabre, Chanel, LVMH, mais aussi des sociétés plus locales. Pour ses clients étrangers, Sophim s’appuie sur des revendeurs locaux. « Nos livraisons vont de plusieurs centaines de tonnes à vingt-cinq kilogrammes, qu’il s’agisse d’une société française ou de l’autre bout du monde », poursuit le dirigeant.
DiversificationAujourd’hui, l’entreprise emploie soixante-dix salariés, dont quarante-cinq en France et vingt-cinq en Espagne, et se diversifie sur d’autres activités, en particulier la production de squalane pour des compléments alimentaires. « Nous avions identifié ce relais de croissance depuis quelques années », indique Alexis Margnat. Une bonne chose pour Sophim, alors que l’industrie cosmétique subit encore les effets de la crise sanitaire.
« Sophim a su s’adapter et saisir cette opportunité de relais de croissance, avec un plan ambitieux dans ce domaine », remarque Julien Jorge. En effet, la société a déjà testé le marché chinois pour ce produit et a effectué les démarches nécessaires pour que sa solution soit homologuée en Europe et en Amérique du Nord.
De nouvelles lignes de production ont été créées afin de dissocier la production dédiée à l’industrie cosmétique, de celle vouée à l’industrie alimentaire. « Nous allons accompagner cette industrie vers sa naturalisation, via l’olive. Les premiers retours d’Aise sont très favorables », se félicite Alexis Margnat.