La hausse des taux a offert aux concepteurs de produits structurés la capacité de proposer à nouveau des formules à capital garanti (hors défaut de l’émetteur), leur permettant de capter une nouvelle catégorie de client. Sur les formules plus offensives, la hausse des marchés invite à la prudence, tandis que les investisseurs dynamiques cherchent de plus en plus à miser sur des secteurs ou titres vifs pour maximiser les rendements.
Ces derniers mois, le marché des produits structurés a été pour le moins animé. La hausse des taux a offert une plus grande marge de manœuvre aux acteurs pour proposer, à nouveau, des produits de taux et/ou à capital protégé, hors cas de défaut de l’émetteur. Sur la composante action, le marché a été marqué par la hausse des actifs risqués, le Cac 40 battant notamment plusieurs records.« Les conditions de marché sont significativement différentes par rapport à l’an passé, estime Damien Leclair, président et fondateur d’Equitim. Le premier semestre 2022 a été marqué par une forte volatilité sur les marchés, en raison de la guerre en Ukraine et des tensions géopolitiques. Cette volatilité est redescendue à l’été, et a été remplacée par la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt. Cette hausse des taux a marqué la renaissance des produits de taux à capital garanti. Cela a offert de belles opportunités pour des clients ne souhaitant pas prendre de risque en capital (hormis celui du défaut de l’émetteur) et en bénéficiant d’un coupon fixe ou non. De même, des produits à sous-jacent actions à capital garanti sont également possibles. Aujourd’hui, les produits de taux – qui concernent principalement les investisseurs personnes morales et institutionnels – prennent de plus en plus de place dans les émissions : qu’en 2021 ce type de solution était extrêmement rare. »
Une part de marché qui s’accroîtLe retour des produits à capital garanti offre un fort relais de croissance aux acteurs du marché, comme l’indique Jean-Charles Crucis, directeur d’Adequity (1,45 milliard d’euros de produits commercialisés l’an passé), la marque de Société générale, qui n’observe pas « de cannibalisation des produits de taux sur les produits actions et indiciels type autocall. Nous avons ainsi pu répondre à des problématiques autres que celles que nous abordions jusqu’alors, en nous adressant davantage aux personnes morales, aux investisseurs au profil sécuritaire, comme des fondations, des associations ou des personnes sous tutelle ou curatelle. Ce nouveau pan de clientèle a représenté 25 % de notre collecte l’an passé, le plus souvent avec des tickets de plusieurs millions d’euros. » Les produits structurés continuent de gagner des parts de marché grâce au retour de ces produits très défensifs et à l’appétence des investisseurs pour les caractéristiques intrinsèques de la classe d’actifs. « La dynamique est forte sur le marché des CGP qui ont connu beaucoup de déceptions sur les actions, les obligations et les gestions flexibles, relate Quentin Nansot, responsable des relations investisseurs chez Marigny Capital qui a collecté 300 millions d’euros sur le marché des CGP l’an passé et 150 millions d’euros sur le premier trimestre 2023. Le structuré autocall a la force d’être un produit action protégé, offrant la perspective d’une distribution de coupons. Il repose sur une formule contractuelle qui élude toute problématique d’arbitrage ou de timing. La matière première est malléable et peut s’adapter à tout type de profil de client ou de distributeur. »
Une base de clientèle qui s’élargitSelon Damien Leclair, la classe d’actifs croît de façon forte depuis plusieurs années : « Dans sa globalité, le marché est en croissance de +15 à 20 % par an depuis cinq ans ». Equitim a réalisé une année 2022 record, avec 1,2 milliard d’euros émis sur le marché, pour plus de six-cent-soixante produits structurés, et émis pour 438 millions d’euros depuis le début de l’année.Selon lui, plusieurs raisons expliquent le développement de la classe d’actifs : « Il s’agit d’une des seules à délivrer de la performance même dans un contexte de marché difficile. Ainsi, les autocalls permettent de capter de la performance avec des remboursements anticipés évitant de se poser la question du timing de l’arbitrage. Le nombre d’acteurs – brokers et émetteurs – vient renforcer la dynamique de marché. Les assureurs ont tendance à améliorer leur productivité de référencement avec plusieurs centaines de produits référencés chaque année. Ces arguments attirent de nouveaux conseillers en gestion de patrimoine sur la classe d’actifs, tandis que le marché des CGP augmente lui aussi. » Pour Clément Lemaire, directeur général d’Irbis Finance (700 millions d’euros de collecte depuis le 1er janvier ; 1,1 milliard l’an passé en 2022), le retour en force des produits à capital protégé est venu booster la collecte : « Le marché s’est transformé depuis un an, alors que, depuis notre création en 2015, nous ne proposions qu’une seule grande famille de produits : les autocalls sur titre ou sur indice, des produits non garantis. La hausse des taux a transformé le marché. Même si les autocalls jouent toujours pour 70 % des émissions, 30 % des produits aujourd’hui conçus sont des solutions garanties, hors défaut de l’émetteur. Les CGP ne s’y sont pas trompés, alors que les rendements des fonds en euros restent faibles et que certaines UC immobilières ralentissent. Les CGP ont également arbitré une partie de leurs allocations en actions, lesquelles sont au plus haut. Les produits structurés continuent donc à prendre plus de poids dans les allocations. Ils offrent une bonne diversification, y compris pour les clients les plus averses au risque. Le spectre de client s’est élargi. Le marché fait également preuve d’innovation grâce à une plus grande diversification des émetteurs, avec de nouvelles banques anglo-saxonnes qui sont venues sur le marché français. Chez Irbis, nous traitons avec une dizaine d’émetteurs, ce qui renforce notre capacité à répondre à des appels d’offres. Un broker comme Irbis Finance est donc en capacité d’offrir les meilleures conditions de prix à n’importe quel moment. » Patrick Chotard, CEO de Lynceus Partners (600 millions d’euros émis au premier trimestre ; 1,6 milliard d’euros sur 2022), confirme, lui aussi, cette appétence des CGP pour la classe d’actifs : « elle permet, aujourd’hui plus qu’hier, de répondre aux objectifs des clients. La hausse des taux a permis de diversifier la classe d’actifs avec des produits garantis qui jouent désormais pour 20 % des émissions. Il existe toujours un produit structuré permettant de répondre à un besoin ». De son côté, Franck Magne, fondateur et président d’Eavest (550 millions d’euros émis l’an passé ; 240 millions d’euros sur le premier trimestre 2023), constate la professionnalisation des acteurs de marché au regard de demandes désormais très spécifiques : « A la marge, nous avons des demandes d’acteurs recherchant des rendements élevés, souvent au-dessus de 20 %, sur des valeurs individuelles. Nous concevons aussi des produits en dollar jouant le différentiel de taux pour des personnes morales exportatrices qui souhaitent rémunérer leur trésorerie sans prendre de risque de change. Ces deux exemples prouvent que le marché arrive à un niveau de maturité élevé, comme en Suisse, au Luxembourg et à Monaco ».
La renaissance des formules à capital protégéAlors que l’inflation n’a jamais été aussi élevée depuis de longues années, les hausses de taux organisées par les banques centrales ont redonné de la matière aux structureurs pour concevoir des produits à capital protégé, que ce soit des produits de taux, actions ou indiciels. « La hausse des taux a permis le retour des produits à capital garanti, chose qu’on ne pouvait plus faire depuis dix ans. C’est le fait marquant de ces derniers mois », affirme Patrick Chotard.
Pour les profils très défensifsDepuis l’an passé, nous avons donc assisté à la résurgence des produits défensifs, aux côtés des autocalls qui représentaient alors la quasi-totalité des solutions émises.Dès lors, c’est une nouvelle frange de clientèle qui est redevenue « éligible » aux produits structurés. « La hausse des taux nous a offert plus de marge de manœuvre pour concevoir des produits très défensifs, à capital garanti, note Quentin Nansot de Marigny Capital. Sur ce type de solution, nous avons constaté un fort appétit des institutionnels et des trésoriers d’entreprises avec des solutions qui viennent concurrencer les dépôts à terme des banques. Sur des durées de trois à cinq ans, on peut délivrer des rendements annuels de l’ordre de 2,5 à 4,5 %, avec coupons trimestriels et capital garantis. » Jusqu’ici, les produits structurés s’adressaient principalement à la trésorerie très stable et à long terme des personnes morales, en particulier les holdings patrimoniales. Néanmoins, Franck Magne, d’Eavest, observe un ralentissement de l’activité sur ce type de produit : « Ces derniers temps, nous voyons moins de produits 100 % capital garanti, car les taux servis par les banques sur les dépôts à terme se sont relevés à un niveau correct, de l’ordre de 3,70 à 4 % sur cinq ans, alors que la rémunération via un produit structuré sera de 4,5 % maximum. » Si ce type de solutions – assimilables à des obligations (fixed rate note ou obligation à taux fixe) – s’adresse d’abord aux personnes morales, certains investisseurs particuliers ont arbitré une partie de leur poche investie en fonds en euro vers ces produits. « En assurance-vie, les clients particuliers averses au risque combinent ce type de solution au fonds en euro pour accroître leur poche d’UC et capter les bonifications de taux sur le fonds en euro, note Jean-Charles Crucis. Cette solution permet de ne pas casser un contrat d’assurance-vie ou de capitalisation pour les clients qui seraient séduits par les taux servis par les comptes à terme ou dépôts à terme. Le CGP protège aussi ses encours sous gestion. »Une grande diversité de formulesLes produits à capital protégé (hors défaut de l’émetteur) peuvent revêtir d’autres formes, potentiellement plus rémunératrices.Par exemple, Thomas Chandat, responsable des relations CGP chez Agapan (Natixis CIB), expose : « Nous travaillons des produits à taux fixe qui intègrent une condition action pour bonifier le rendement. Ce type d’offre combine des coupons garantis et des coupons conditionnels qui peuvent facilement devenir des coupons garantis si le sous-jacent délivre une performance positive à un niveau fixé à l’avance (par exemple +4,50 % depuis la date d’observation initiale). » Chez Irbis Finance, des solutions s’adaptant à la hausse des taux sont privilégiées : « Nous proposons notamment des produits cappés-floorés. Ces produits sont basés sur un seul référentiel de taux (Euribor, taux cinq ans ou dix ans…) pour proposer un coupon compris dans une fourchette allant de 3,5 à 5 % selon l’évolution du taux. Nous privilégions cette formule au taux fixe, car elle permet d’accompagner le mouvement de hausse des taux. » Adequity a ainsi développé un nouveau produit de gamme : des notes à capital garanti à taux variable. « Le capital est totalement protégé sur une durée de huit ans. Le coupon est fixé à 4 % par an sur les deux premières années, puis varie entre 4 et 5 % les années suivantes selon le taux de référence à deux ans.Le remboursement est possible, au gré de l’émetteur, à partir de la deuxième année », précise Jean-Charles Crucis. D’autres solutions de taux permettent de miser sur la pentification de la courbe des taux, laquelle est aujourd’hui inversée. « Sur des maturités plus longues, explique Quentin Nansot, il est possible de concevoir des produits sur la normalisation de la pente des taux. En effet, les taux courts sont aujourd’hui plus élevés que les taux longs. C’est une situation rare qui doit logiquement finir par s’inverser. Ces options sont donc peu chères et le concept a du sens. Sur ces produits, les coupons sont fixes et garantis sur première et/ou deuxième année, puis varient en fonction du différentiel entre les taux courts (deux ans) et longs (trente ans). » Complexes, ces solutions sur la pente des taux sont davantage adaptées aux clients avertis et aux personnes morales. Franck Magne ajoute : « Chez Eavest, nous avons surtout construit ces produits de taux de type TARN [Targeted Accrual Redemption Note, ndlr] sur des maturités allant de huit à dix ans. Cela permet de bonifier le coupon les premières années. Par exemple, on peut garantir un coupon de 7 % sur les trois premières années, puis, à partir de l’année quatre, le coupon sera égal à la différence de rendement entre le taux trente ans et le taux deux ans, multiplié par deux. » De son côté, Damien Leclair note la structuration de solutions liées à l’inflation. « Egalement à capital garanti, ces produits rencontrent un certain succès. Cela permet de délivrer un coupon égal à celui de l’inflation, avec un minimum de rendement, souvent 2 %, et un maximum, 7 % par exemple ». Dans les formules défensives, Eavest a conçu de nombreuses solutions CLN : « Elles viennent concurrencer les fonds obligataires datés et classiques, indique Franck Magne. Par exemple, nous avons construit un produit sur cent-vingt-cinq valeurs notées Investment Grade proposant une garantie en capital et en coupon jusqu’au sixième cas de défaut d’un émetteur. Sur une maturité de cinq ans, ce type de produit peut servir un rendement de 7 à 8 % par an. » Enfin, des autocalls à capital protégé sous conditions sont aussi régulièrement émis. « Chez Irbis, commente Clément Lemaire, nous privilégions les formules avec dégressivité de la barrière de rappel et des fréquences d’observation quotidiennes. Ces deux mécanismes augmentent la probabilité de rappel anticipé, mais aussi soutiennent la valeur liquidative du produit en cours de vie. Nous pouvons en construire sur des titres (notamment les banques actuellement très décotées), des indices à dividende fixe ESG, européens ou US/Europe. Les coupons servis se situent de 4 à 7 % pour les produits à sous-jacent indice et entre 7 et 10 % par an pour les produits à sous-jacent mono-action. »
Les « autocalls » toujours plébiscitésPour les profils plus offensifs, les autocalls à capital protégé partiellement demeurent les formules privilégiées. Classiquement, les sous-jacents seront alors des indices (principalement à decrement), des secteurs ou des titres selon le risque supporté par le client et/ou la conviction d’investissement. Certains indices et secteurs sont actuellement privilégiés : indice et valeurs bancaires, automobile…
Des constructions protectricesEu égard au niveau élevé des marchés financiers, les investisseurs associent au rendement des formules protectrices. La hausse des taux permet ainsi de financer des barrières de protection élevées, de la dégressivité dans les barrières de rappel, le versement de coupon, même en cas de baisse de l’indice, ou encore une fréquence de rappel élevée (constatations au moins trimestrielles, mais aussi mensuelles voire quotidiennes). « Le marché actions est aujourd’hui très élevé, confirme Patrick Chotard qui sent un peu d’attentisme sur ce segment de marché. Les formules lancées sont très défensives, avec des fréquences de rappels plus rapprochées, de la dégressivité sur la barrière de rappel et des barrières de protection élevées. Nous privilégions les produits sur action ou secteur qui permettent d’investir selon des convictions fortes. Nos partenaires CGP apprécient notamment les secteurs du luxe, de la pharmacie, de la banque et de l’automobile. »Indices larges ou sectorielsS’agissant des produits à sous-jacent indiciel, les indices classiques restent dominés par ceux ponctionnant un dividende synthétique permettant de bonifier les formules. « Sur les indices, on note un retour des indices classiques, mais la part des indices synthétique reste dominante. Ici, les produits indiciels avec de belles protections permettent d’obtenir des coupons de 6 à 9 % », indique Damien Leclair.Chez Adequity, Jean-Charles Crucis constate que « selon les statistiques de marché, les produits sur indice fonctionnent le mieux, avec davantage de remboursements anticipés. Les indices sont, par nature, plus diversifiés donc moins risqués. La gamme Rendement continue de bien fonctionner, avec des coupons versés même en cas de secousse de marché (jusqu’à une baisse de -20 % de l’indice). Le prochain produit émis (strike en juillet) offrira un rendement trimestriel de 1,75 % et sera basé sur l’Euro iStoxx EWC 50 sur une durée de dix ans. Le seuil de rappel est dégressif : -0,5 % par trimestre, avec un rappel trimestriel ». Néanmoins, certains acteurs sont moins fervents des indices à dividende synthétique, comme Marigny Capital : « A contre-courant du marché, nous proposons rarement des produits avec des sous-jacents synthétiques préférant des sous-jacents simples et lisibles. Pour la clientèle patrimoniale, nous proposons des produits qui associent une protection en capital forte (jusqu’à -70 %), sans rappel anticipé, sur un indice pur et avec un capital garanti à échéance trois à cinq ans. Par exemple, le produit Rendement Europe Juin 2023 est en cours de commercialisation, avec un rendement annuel de 4,50 % garantis sur cinq années. Il offre une protection du capital jusqu’à une baisse de l’indice Eurostoxx 50 de-65 % à l’échéance, ce qui est considérable. La protection du capital est telle que le produit est classifié SRI 1 », indique Quentin Nansot qui poursuit : « Nos partenaires à la recherche de rendements élevés s’orientent vers des produits sur titres vifs ou sectoriels. Le niveau de risque est alors plus important, d’autant plus que les marchés sont actuellement sur des plus hauts. En contrepartie de ce risque, les investisseurs attendent un rendement plus important. De nombreux investisseurs ont été opportunistes et ont bâti des solutions sur les valeurs bancaires ou sur l’Euro Stoxx Banks après les perturbations liées à SVB et Credit suisse. Par exemple, un produit a été émis sur l’indice bancaire européen avec un coupon annuel garanti de 5,40 %, un remboursement anticipé à partir de vingt-quatre mois, plus une protection jusqu’à une baisse de -60 % de l’indice ! »Vers un boom des produits ESG ?Toujours sur les produits indiciels, les acteurs du marché constatent la montée en puissance des formules reposant sur des éléments d’investissement durable, tant au niveau de l’obligation sur laquelle se base le produit, que sur le sous-jacent. « Les indices ESG se développent de plus en plus, sous la pression de la réglementation, mais aussi des investisseurs et de nos partenaires assureurs. On retrouve des indices très larges ou thématiques. Nous pouvons également construire des produits sur des émissions permettant de financer des projets ESG ou aussi reverser une partie de nos commissions à une association », souligne Jean-Charles Crucis.Damien Leclair développe : « Parmi les évolutions récentes, nous notons l’avènement de l’ISR sous deux aspects. D’abord, la composante obligataire des produits structurés repose sur des Green Bonds : les banques s’engagent alors à financer des projets à impact ou d’économie durable. Ensuite, cela concerne les sous-jacents avec la création d’indices à thématique ESG. Deux méthodologies sont employées : les indices qui pratiquent des exclusions (sociétés émettrices de CO2, controversées…) et ceux de sélection (best-in-class ou sociétés en progrès), donc sans exclusion sectorielle. Ces indices peuvent être européens ou transatlantiques. » Par exemple, Equitim a construit un indice exclusif avec Société générale, l’iStoxx Transatlantic Megatrends ESG 60 GR Decrement 50. Il est exposé à quatre mégatendances, tout en prenant en considération les dimensions E, S et G. Il se compose des trente plus grandes actions européennes et des trente plus grandes actions américaines générant des revenus sur l’une ou plusieurs des quatre mégatendances suivantes : digitalisation, intelligence artificielle et robotique, santé et bien-être, tendances démographiques, et nouvelles infrastructures et transition écologique.Chez Agapan, ce sont d’ailleurs les indices ESG qui sont privilégiés : « Nous sommes convaincus que les valeurs sélectionnées dans ces indices bénéficient d’une prime structurelle du fait de leurs engagements. Nous proposons des indices Climat ou ODD composés de valeurs européennes, transatlantiques ou d’une sélection monde. Nous sommes reconnus comme une banque leader sur ce marché et continuons d’innover avec le lancement récent d’un indice hydrogène vert composé de sociétés engagées sur l’ensemble de la chaîne de valeur de cette énergie d’avenir (production, transport, distribution et consommation). Les investisseurs peuvent d’ailleurs retrouver tout notre savoir-faire dans le produit de gamme Agap’ Sélection Climat, composé d’un Green Bond et d’un indice ESG, et disponible chaque trimestre chez de nombreux partenaires assureurs. » Néanmoins, Clément Lemaire note que « les CGP sont déçus par les indices ESG, dont les performances n’ont pas été au rendez-vous ces vingt-quatre derniers mois ».
Les sous-jacents actions pour les plus audacieuxLes produits sur action simple sont à privilégier pour les investisseurs offensifs ayant une conviction sur un titre. Le risque embarqué, plus important car lié à une seule valeur, permet de délivrer des coupons élevés, souvent à deux chiffres. « Aujourd’hui, les produits sur action représentent 20 à 25 % du marché, indique Damien Leclair. Ils reposent sur du stock-picking sur titre vif et sont à réserver à la poche offensive des allocations. Cela permet d’avoir des coupons assez élevés, entre 8 et 15 %, et de miser sur un titre ou une thématique qui sous-performe le marché à un instant T. Les conditions de marché incitent à la prudence dans les formules avec des barrières élevées de protection du capital. » Sur ce point, Thomas Chandat privilégie « les actions ou les paniers d’actions ; et chez Agapan, nous visons les valeurs françaises qui versent des dividendes, telles que Stellantis, Orange, Engie ou les valeurs bancaires. Cela nous permet d’afficher des coupons plus importants, entre 8 et 15 % par an, selon les maturités et autres conditions du produit ». L’appétit des investisseurs est confirmé par Franck Magne qui note la mise en place de formule à decrement pour dynamiser les formules, tout en associant une bonne dose de protections : « Nous avons réalisé beaucoup de structurations autour d’indices sectoriels et d’actions individuelles (Société générale, BNP Paribas, Crédit agricole, Stellantis…), y compris avec decrement. Ici, nous conseillons des versions défensives, avec des coupons versés, même en cas de baisse du sous-jacent, de la dégressivité pour la barrière de rappel et d’importantes barrières de protection. Opter pour une formule avec decrement permettra de bonifier le rendement de deux à trois points supplémentaires. » Aujourd’hui plus qu’hier, les structurés permettent de répondre aux problématiques et profils de chaque investisseur, le retour des formules plus protectrices rouvrant la voie à de nouveaux sous-segments de marché.
« Une gestion à base de titres vifs »Chez Financière d’Uzès, la gestion sous mandat qui peut être axée sur 100 % de placements structurés est bâtie sur des titres sélectionnés par l’équipe de gestion. Explications avec Pierre Chardon, directeur gestion optimisée.
Investissement Conseils : Comment intégrez-vous les produits structurés dans vos allocations d’actifs ?Pierre Chardon : Les produits structurés apportent une vraie diversification du risque action avec un risque moindre. Nous abordons cette classe d’actifs dite complexe de façon simple. Chez Financière d’Uzès, notre approche repose sur des structurations autour d’un titre vif, essentiellement avec des bonus versés au trimestre de l’ordre de 6 à 10 % l’an, à effet mémoire, et une protection du capital qui peut atteindre jusqu’à 50 % de baisse du titre, ainsi que des fenêtres de rappel. Nos portefeuilles structurés ont une diversification sur quinze à vingt lignes, lesquelles ont une maturité souvent plus courte que celle des produits émis sur le marché.Notre approche se veut prudente sur le risque émetteur, puisque nous ne travaillons que sur des formules reposant sur des établissements européens ou américains notés au moins A, tout en les diversifiant. Nous maîtrisons l’intégralité de notre cahier des charges et mettons en concurrence la quinzaine d’acteurs avec qui nous collaborons afin de baisser le coût pour le client final.
Quel type de valeur privilégiez-vous actuellement ?Nous nous appuyons sur notre recherche interne pour sélectionner les sous-jacents, avec comme terrain de jeu l’univers de l’Eurostoxx 600 et une approche value des titres. Ces derniers temps, nous avons conçu des produits sur des valeurs comme Alstom, Stellantis, Téléperformance, Carrefour, Axa ou encore le secteur bancaire français.
Comment choisissez-vous l’opportunité pour le client de construire une ligne directe ou un produit structuré sur une valeur ?Cela dépend des objectifs et des attentes du client final et du cahier des charges défini avec son conseiller. Ainsi, selon le profil de risque, la poche actions peut être substituée par les produits structurés. De même, le client peut privilégier la recherche de rendement à la recherche de plus-value.
Que proposez-vous en matière de gestion de trésorerie des personnes morales ?Tout comme pour les clients privés, notre offre débute à partir de 100 000 euros. Ici, les produits seront plus sécurisés et à plus court terme. Les données de marché nous permettent depuis quelques mois de bâtir des solutions à capital (garanti) à maturité qui visent à générer du revenu, sans prise de risque sur le capital investi.
Le retour du risque émetteurSilicon Valley Bank (SVB), puis Credit suisse : les banques sont, comme toute autre société, sujettes à la faillite. Si la tourmente outre-Atlantique n’a pas eu de conséquence sur le marché français des produits structurés, la banque suisse a donné des sueurs froides à bon nombre d’investisseurs européens. « Les événements SVB et surtout Credit suisse ont remis un coup de projecteur sur le risque émetteur », note Quentin Nansot. Les structureurs, notamment les brokers, affirment tous collaborer uniquement avec des établissements de taille systémique que les Etats ne pourraient laisser faire faillite.« L’épisode Credit suisse a engendré du stress dans le marché, mais le marché des produits structurés n’a pas été impacté puisque, in fine, les titres émis par la banque helvétique ont été garantis par UBS », signale Patrick Chotard. Franck Magne développe : « La faillite de Credit suisse a créé un gros stress, en particulier sur les valorisations des produits de taux. Beaucoup de Corporates avaient investi sur ce type de produit, avec des maturités allant de deux à cinq ans. Les valorisations ont beaucoup baissé et peinent à revenir à la normale. Cet épisode a rappelé aux investisseurs que le risque émetteur est toujours présent, comme lors de la faillite de Lehmann en 2008. En outre, il a fait prendre conscience que les valeurs liquidatives des produits structurés sont très sensibles. » Pour certains investisseurs, ce stress a été vu comme une belle opportunité pour concevoir des formules à sous-jacent bancaire : « Le secteur a été sous pression durant cette crise, ce qui a permis à certains investisseurs de se positionner et d’utiliser ces valeurs comme sous-jacent de leur produit profitant ainsi des points d’entrée relativement attractifs sur les actions des sociétés financières », affirme Patrick Chotard.