J’ignore comment se passe votre rentrée, mais à Paris il y a comme une atmosphère de fin de cycle. Les installations des JO sont en cours de démontage et petit à petit une vie sans la perspective des Jeux reprend son cours. Une fin de cycle en somme. D’une certaine manière assez comparable à la fin du cycle de hausse des taux, avec la même question existentielle : et qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Thomas Fonsegrive
Il faut dire que cette baisse des taux était largement anticipée par les marchés qui l’appelaient de leurs vœux depuis la première hausse en mars 2022. 500 points de base et plus de deux plus tard, le marché a eu droit à son cadeau de la part de Jérôme Powell. Il a même été plus généreux qu’attendu puisque seule restait en suspend l’ampleur de la baisse et elle a été de 50 bps avec des taux directeurs qui sont donc passés de 5.25%-5.50% à 4.75%-5%. La décision quasi unanime de la Fed a été motivée par le fait que les données montrent aujourd’hui plus de signes de risque d’une hausse du chômage qu’un retour de l’inflation. En effet, l’inflation apparait désormais maitrisée outre Atlantique avec un taux de 2.3% en 2024, une croissance de 2% et un chômage en hausse avec un taux de 4.40%.
Le marché anticipe désormais une baisse assez rapide sur la fin 2024, puis plus mesurée par la suite. Powell ayant de nouveau répété que le taux neutre serait supérieur à ce qu’il était avant 2020. En somme, on peut de nouveau tabler sur des taux directeurs autour de 2%, aux US comme en Europe, comme le montre les anticipations du marché sur le nombre de baisse des taux et leur ampleur au lendemain de l’annonce de la FED dans le graphique ci-dessous.
Source : Bloomberg et Marigny Capital
Pour autant, on ne remarque pas une réaction extatique du marché, usé qu’il était probablement d’avoir patienté aussi longuement. Et aussi parce que maintenant que les taux entament un cycle baissier, la tache qui attend les gérants actions n’est pas forcément aisée. La raison est simple, cette baisse des taux est un peu la montagne qui accouche d’une souris, et cette souris ne peut pas faire disparaitre l’intégralité des nuages qui planent sur les marchés actions. Pêle-mêle, je pense à la faiblesse de l’économie chinoise et son corollaire de menaces sur Taïwan, aux guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, aux élections américaines et à l’annonce d’un gouvernement en France (ou pas).
Ainsi, alors que la vie quotidienne et économique reprend son cours normal après la parenthèse des vacances, le sentiment qui prédomine chez les gérants est celui d’un appétit tiède pour le risque. En somme, on ne parle plus trop d’IA, ni de valeurs de croissance quand bien même les taux baissent et vont baisser, mais plutôt de renforcer à court terme ses positions values. En somme, plutôt le SP500 ou le SX5E que le Nasdaq, plutôt la consommation (cyclique et défensive) et les financières que la Tech.
Naturellement, il s’agit d’un sentiment à un instant T qui va évoluer au fil des semaines, mais il a le mérite de démontrer la volonté de ne pas s’emballer à court terme. Baisse des taux plus rapide qu’anticipée ou mauvaise nouvelle venant de Chine ont le pouvoir de faire bouger le marché dans un sens comme dans l’autre. Dans tous les cas, nous restons auprès des gérants pour préserver et faire fructifier les actifs de nos clients et tirer avantage des conditions de marché dans ce nouveau cycle qui commence.
Par Thomas Fonsegrive, Marigny Capital
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