Dans leur étude sur le défi de l’intégration de l’ESG dans les obligations souveraines, les experts de Generali Investments estiment que la manière de prendre en compte les facteurs ESG dans les décisions d’investissement dans cette classe d’actifs est en retard par rapport aux actions et au crédit.
Les obligations souveraines constituent la plus grande classe d’actifs pour les assureurs-vie. Elles sont également une source essentielle de financement à long terme pour les projets d’infrastructures publiques. « Pourtant, commentent les spécialistes de Generali Investments, la manière de prendre en compte des facteurs ESG dans les décisions d’investissement en obligations souveraines est en retard par rapport aux actions et au crédit aux entreprises. »
Redistribuer les investissements
Basée sur l’exclusion et la pondération des pays dans les portefeuilles d’obligations souveraines en fonction de scores ESG calculés comme une moyenne de plusieurs paramètres, l’approche actuelle a été mise à mal par la guerre en Ukraine. Le poids relativement élevé de la Russie avant la guerre dans les indices durables et son exclusion précipitée mettent en évidence les problèmes inhérents au scoring ESG.
« Les considérations ESG, précise Guillaume Tresca, stratégiste marchés émergents chez Generali Investments, sont plus importantes pour les marchés émergents où les performances en termes d’indicateurs de durabilité sont beaucoup plus diverses que dans les économies avancées. Le scores ESG les plus largement utilisés sont fortement corrélés au revenu par habitant. Par conséquent, leur utilisation pour la construction de portefeuilles risque de défavoriser les pays en développement, qui ont le plus besoin de ressources financières pour améliorer leurs performances environnementales et sociales. »
Generali Investments propose une approche innovante pour remédier à ce biais lié au niveau de revenu dans les scores ESG. Pour le gestionnaire, une pondération ESG plus équilibrée n’a aucun coût en termes de performance. Autrement dit, la redistribution des investissements vers les souverains ayant de meilleures performances ESG ne devrait pas pénaliser le rendement total. Et de s’interroger : « Les marchés financiers se préoccupent-ils de la durabilité ? »
Les preuves de la prise en compte du risque climatique dans les spreads souverains sont mitigées, mais légèrement plus fortes pour les pays émergents. A noter enfin que les obligations émises pour financer des projets environnementaux et sociaux bénéficient d’une petite prime par rapport aux obligations classiques.
ML