La Française AM - Faire en sorte que les taureaux et les ours commencent à travailler avec les abeilles

26/10/2023 - source : Patrimoine 24

Par Deepshikha SINGH, Head of Stewardship et Deputy Head de Sustainable Investment Research, La Française AM.

Deepshikha SINGH Le groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives à la nature (Taskforce on Nature-related Financial Disclosures - TNFD) a réussi à galvaniser le mouvement sur le reporting des informations liées à la nature en seulement deux ans – un exploit qui a nécessité environ sept ans pour le Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives au climat (Taskforce on Climate-related Financial Disclosures - TCFD). Forte d’une équipe de quarante membres, représentant plus de 20 000 milliards de dollars américains d’actifs sous gestion, le TNFD a obtenu le soutien d’un vaste groupe de parties prenantes liées ou non au marché, sollicitant l’avis de plus de 1 200 institutions et des tests pilotes menés par 200 entreprises et institutions financières pour élaborer l’ensemble final de recommandations. Son approche d’innovation ouverte mérite d’être saluée.

C’est donc au milieu d’une foule impressionnante d’investisseurs, d’entreprises et de régulateurs que le TNFD a publié, le 18 septembre, ses recommandations finales sur la gestion et la divulgation des risques liés à la nature à l’intention des entreprises et des institutions financières. Une série de documents d’orientation supplémentaires a également été publiée sur l’approche LEAP (Localiser, Évaluer, Analyser, Préparer), les objectifs scientifiques, l’engagement auprès des parties prenantes concernées, les biomes et l’analyse de scénarios, y compris une « Orientation supplémentaire pour les institutions financières » spécifique. Plusieurs autres documents de travail seront formalisés après une consultation et un retour d’information complémentaires.

L’objectif de ce cadre a toujours été d’encourager les entreprises et les institutions financières à utiliser les informations publiées pour une meilleure prise de décision et, en fin de compte, de contribuer à orienter les flux financiers mondiaux vers un avenir positif pour la nature, comme le prévoit le Cadre mondial de la biodiversité (GBF). L’importance relative du financement privé dans cet objectif se reflète clairement dans la priorité accordée au secteur financier, tant dans la phase de test que dans la publication des documents d’orientation supplémentaires. 

Ajouts notables aux recommandations du TNFD

Bien qu’inspiré du TCFD, le TNFD a une portée beaucoup plus large. Alors que le TCFD était principalement axé sur les investisseurs et la matérialité financière, le TNFD vise à permettre à tous types d’entreprises de préparer tous types de publication d’informations pour tous types de publics et finalités. Organisé autour de quatre piliers (gouvernance, stratégie, gestion des risques et des impacts et indicateurs et objectifs), le cadre de la TNFD comprend d’autres recommandations sur les sites, la chaîne de valeur et les populations locales et communautés autochtones. Ces documents, ainsi que les documents d’orientation supplémentaires, garantissent le respect d’une approche globale de la chaîne de valeur et de la société. La nature est complexe et le TNFD a veillé à capturer cela autant que possible.

L’ensemble final de recommandations, par rapport à la version bêta la plus récente (publiée en mars 2023), ne recèle pas de surprise majeure. Un indicateur supplémentaire, l’empreinte plastique, a été inclus dans l’ensemble de 15 indicateurs de base que toutes les entreprises déclarantes en vertu du cadre seront tenues de divulguer, quel que soit leur secteur. Comme prévu, l’indicateur relatif à l’empreinte sur la biodiversité, MSA.km2, n’est pas inclus dans l’ensemble des indicateurs recommandés dans le cadre, mais peut être utilisé dans les communications.

Les pionniers, un leadership par l’exemple

Avec les recommandations maintenant publiées, le TNFD entend concentrer ses efforts sur la promotion de leur adoption et compte sur les premiers adoptants pour donner le ton. Le TNFD s’attend à ce que 35 % des institutions du « Forum du TNFD » commencent à utiliser les recommandations en matière de publication d’informations d’ici à 2025, voire plus tôt. Le jour de la publication, GSK s’est engagé à publier ses premières informations TNFD à partir de 2026, sur la base des données de 2025. Tout aussi encourageant, lors d’événements de lancement à travers le monde, plusieurs entreprises, dont Barclays et Reckitt Benckiser, ont exprimé leur soutien et leur intention d’explorer les recommandations dans les prochains jours. Une cohorte inaugurale d’adoptants du TNFD, entreprises et institutions financières ayant l’intention d’adopter les recommandations, sera mise sous le feu des projecteurs ; leurs noms seront annoncés lors du Forum économique mondial, en janvier prochain à Davos.

Afin d’améliorer davantage l’adoption de ces recommandations, il est largement prévu que les régulateurs et les législateurs incorporent le cadre du TNFD dans leurs exigences en matière d’informations des entreprises, comme cela a été le cas avec le TCFD. Les recommandations du TNFD devraient également être intégrées dans les normes établies par l’International Sustainability Standards Board (ISSB), qui devrait servir de base pour harmoniser les informations sur la durabilité à l’échelle mondiale. De même, le Carbon Disclosure Project (CDP) a annoncé son intention d’aligner ses questionnaires sur les recommandations du TNFD.

Bien qu’aucun plan concret n’ait encore été annoncé, le TNFD a reçu des millions de dollars de financements de la part des gouvernements allemand, australien, britannique, français, néerlandais, norvégien et suisse, ainsi que des Nations Unies. A travers le monde, les responsables gouvernementaux soutiennent publiquement l’initiative. Le président Emmanuel Macron a fait part du soutien actif de la France au TNFD, aux côtés de Thérèse Coffey, Secrétaire d'État britannique à l’Environnement, qui a spécifiquement appelé les entreprises et les institutions financières britanniques à s’engager en faveur des recommandations du TNFD. La ministre britannique du Trésor à la Chambre des lords, Joanna Penn, a en outre indiqué que le Royaume-Uni voyait dans le TNFD une opportunité d’accélérer la mise en place d’un régime réglementaire pour la publication d’informations financières relatives à la nature, tout comme il l’a fait avec le TCFD il y a quelques années.

Des défis subsistent

Bien que le TNFD représente une avancée majeure, il reste des défis à relever. Il sera difficile pour les organisations d’assimiler et de filtrer ce qui est pertinent et faisable au sein de la vaste gamme de recommandations et de documents d’orientation en matière de publication d’informations. Pour les institutions financières, un défi supplémentaire consiste à dépendre de la disponibilité, de la qualité et de la comparabilité des informations publiées par les entreprises. Jusqu’à présent, les organisations ont eu le pouvoir discrétionnaire de déterminer la matérialité et la portée de leurs informations. Il est donc fort probable que les entreprises d’un même secteur aient des niveaux différents de divulgation. Et il y a toujours la menace que les actions positives soient reléguées au second plan au profit de la publication d’informations et du « greenwashing ». En outre, il reste encore du travail pour que les lignes directrices du TNFD soient incluses dans les informations et les exigences financières (c’est-à-dire les normes ISSB) et soient adoptées plus largement par les régulateurs.

Toutefois, nous devons reconnaître que les publications d’informations ne sont qu’un premier pas dans la prise de mesures. Nous ne pouvons pas améliorer ce que nous ne pouvons pas mesurer, mais heureusement, les recommandations du TNFD représentent un point de départ solide pour mesurer où nous en sommes sur la nature et la biodiversité. Et comme l’a déclaré Tony Goldner, le directeur exécutif du TNFD, à la veille du lancement à la Bourse de New York, « si nous reconnaissons que le statu quo n’est plus une option et que la nature doit être placée au cœur de la prise de décision commerciale et financière, alors nous avons besoin d’une nouvelle mascotte ». Les taureaux et les ours doivent collaborer avec les abeilles.

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