La menace Trump est de retour ! Le 6 novembre 2024, la victoire du candidat républicain jette un froid au sein de la communauté des personnes engagées en faveur du développement durable. Sur le papier, les annonces du candidat ne laissent en effet rien présager de bon pour les sujets ESG. Le mouvement anti-ESG, déjà dynamique aux États-Unis depuis son premier mandat, pourrait-il encore s’amplifier ? Zoom sur la perspective d’un nouveau mandat à risque sur le plan social et environnemental.
Un aperçu de la menace« Drill, baby, drill »[1], le mantra de campagne du candidat républicain, donne le ton de ses ambitions en faveur de la lutte contre le changement climatique. La promesse est multiple : rouvrir les vannes de l’extraction pétrolière, avec l’espoir d’une énergie moins chère, et revenir sur les réglementations environnementales prises sous l’ère Biden afin de libérer les entreprises. A l’échelle internationale, Donald Trump menace également de re-sortir de l’Accord de Paris et d’aller même plus loin en sortant de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC), au risque de tuer l’objectif collectif de 1,5°C. Selon Carbon Brief[2], les politiques envisagées pourraient provoquer une augmentation d’émissions de l’équivalent de 4 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2030, soit plus que les émissions annuelles de l’Union européenne.
Une menace peut-être pas si simple à exécuterLa désinvolture de Trump sera-t-elle suffisante pour mener m bien son plan ? Son projet de démantèlement de l’IRA[3] par exemple ne se fera pas sans résistance, même au sein de ses rangs. 80% des investissements sponsorisés par l’IRA ont bénéficié à des Etats républicains. C’est le cas du Texas qui a reçu d’importantes subventions lui permettant de se positionner à la pointe des énergies renouvelables et de créer de nombreux emplois dans le secteur. Plusieurs dispositions environnementales menacées au sein de cette loi renforcent également la compétitivité de l’industrie américaine, en particulier vis-à-vis de la Chine, soutenant le discours « America First » cher au camp républicain. Enfin, sur le plan social, les déclarations du futur président en faveur du renvoi massif de 10 à 12 millions de travailleurs sans-papiers dans leur pays, aura sans nul doute un impact négatif sur l’inflation, comme sur la croissance économique.
Un verre à moitié vide ou à moitié plein ?Face à ce constat en demi-teinte, faut-il voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ? A ce stade, le caractère défavorable des annonces n’incite pas à l’enthousiasme et a créé une volatilité exagérée sur les actifs considérés comme « verts ». La mise en pratique des slogans provocateurs du futur président est souvent plus nuancée, comme en témoignent les mesures effectives prises lors de son précédent mandat. On peut tout de même craindre un effet de contagion à d’autres pays, moins frileux à revoir leurs engagements à la baisse, face au climatoscepticisme ambiant.
Alors que beaucoup d’investisseurs s’inquiètent de la perte de vitesse des économies européennes face aux États-Unis et à la Chine, n’y a-t-il pas là pour le vieux continent une opportunité d’imposer son leadership sur ces enjeux incontournables pour l’avenir de notre planète… et de nos économies ? Investisseurs responsables et engagés, nous continuons à encourager les entreprises et les régulateurs à maintenir le cap vers des mesures ambitieuses, sous le prisme de la double matérialité.
Par Coline Pavot, Responsable Recherche Investissement Responsable, La Financière de l’Échiquier (LFDE) | Décembre 2024
[1] “Fore, chéri, fore !”
[3] Inflation Reduction Act
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