La reine Elizabeth II s’est éteinte jeudi après-midi à l’âge de 96 ans dans sa résidence de Balmoral en Écosse. Son fils le prince Charles lui succède sur le trône en devenant Charles III. Le premier ministre Liz Truss, fraîchement nommée par la reine le 6 septembre, a été la première à être informée de sa mort, comme le veut le protocole de l’opération London Bridge. Vers 16h30, le secrétaire d’État au cabinet lui transmet le code « London Bridge is down ». « Lilibet » est née à Londres le 21 avril 1926. Son père le prince Albert, duc d’York, connu pour son célèbre discours, deviendra le roi Georges VI, à l’abdication de son frère aîné, le prince de Galles, en 1936. Elizabeth épousera son cousin le prince Philip en 1947 et deviendra reine d’Angleterre en 1952 (couronnement en 1953) à la mort de son père. Elle aura donc régné 70 ans, après avoir fêté son jubilé de platine en juin dernier.
Le décès de la reine survient tandis que le RoyaumeUni traverse une crise politique et sociale. Les premières annonces de Liz Truss concernent le gel des prix de l’énergie et la relance d’une politique de forages tous azimuts (gaz et pétrole de schiste) afin de calmer l’inflation. Les ministres européens de l’énergie doivent se réunir ce vendredi pour un sommet extraordinaire, avec comme objectif un assouplissement des règles en vigueur pour la fixation des prix. L’envolée des prix du gaz a déjà mis à mal certaines industries et l’Europe a déjà réduit de moitié sa production d’aluminium et de zinc en l’espace d’un an. De nouvelles usines ferment chaque jour, incapables de répercuter la hausse de ces coûts à leurs clients. Dernier exemple en date, le verrier Arc, déjà en difficulté, a placé 1600 salariés en chômage partiel et fermé temporairement plusieurs fours. L’usine, située à Arques, consomme 1,3 million de mégawattheures chaque année, dont 77 % proviennent du gaz. Les ministres doivent donc trouver une solution rapide à un plafonnement de la facture énergétique européenne sans quoi les conséquences sociales pourraient coûter très cher. Le bras de fer entre l’Europe et la Russie se poursuit et cette dernière semble avoir décidé de ne pas poursuivre les livraisons de gaz en Europe via Nordstream. Or le pays n’a pour l’instant pas la capacité à livrer son gaz à d’autres pays par manque d’infrastructures, et doit donc brûler son méthane sur place en pratiquant du torchage, repéré ces derniers jours par des satellites. Les capacités de stockage eu Europe sont pleines à 80 % (94 % en France) et le niveau maximal devrait être atteint dans les prochaines semaines. Le redémarrage des centrales nucléaires françaises dans les prochains mois devrait permettre de passer un hiver serein, mais nos voisins allemands pourraient se retrouver en difficulté si l’hiver venait à être rude.
L’inflation européenne provient essentiellement de cette crise énergétique. La BCE n’y peux malheureusement pas grand-chose. « Je ne peux pas réduire le prix de l’énergie, je ne peux pas convaincre les géants de ce monde de baisser les prix du gaz et je ne peux pas réformer le marché de l’électricité.» C’est ce qu’a rappelé Christine Lagarde jeudi lors de la conférence de presse qui a suivi l’annonce d’une hausse de taux d’intérêt de 75 points de base. Ce resserrement monétaire ne suffira pas à lui seul à faire baisser durablement la hausse des prix, mais la banque centrale n’a pas d’autre choix si elle veut maintenir sa crédibilité. Elle a par ailleurs révisé à la hausse ses prévisions de croissance pour 2022 (+3,1 %) puis à la baisse ensuite (+0,9 % en 2023 et +1,9 % en 2024). Une récession reste envisageable si la crise énergétique perdure.
Par Arnaud BENOIST-VIDAL, gérant d’actifs.
Pour accéder au site, cliquez ICI.