Edmond de Rothschild AM - Phase de transition

19/03/2024 - source : Patrimoine 24

Nous pensons toujours que la désinflation va se poursuivre du fait du ralentissement économique, d’une normalisation du marché immobilier, d’une détente du marché de l’emploi et d’un moindre soutien budgétaire.

En pratique, la BCE veut poursuivre la réduction de son bilan et mieux maitriser la circulation des liquidités.

Dans ce contexte, nous restons investis sur les actifs risqués, notamment les actions US et européennes, sous exposés au dollar, et conservons notre préférence pour le rendement offert sur les marchés de taux.

On note davantage de signaux de ralentissement économique outre-Atlantique, avec des ventes au détail qui surprennent à la baisse, notamment la composante « control group » et la dégradation de l’indice de confiance NFIB des petites entreprises. Le consommateur américain montre des signes d’essoufflement, même si le marché de l’emploi résiste bien pour le moment. En revanche, les derniers chiffres d’inflation sont moins convaincants, avec une inflation noyau dur en hausse de 0,4% en février, toujours tirée par les services, ainsi qu’une petite remontée des prix à la production. 

Cela ne remet pas en cause le mouvement tendanciel de désinflation, mais ralentit la cadence potentielle de baisse des taux directeurs. Ainsi, les taux à 10 ans américains progressent de 15 bps sur la semaine, tandis que les marchés actions se stabilisent sur leurs points hauts. Nous pensons toujours que la désinflation va se poursuivre, du fait du ralentissement économique, d’une normalisation du marché immobilier, d’une détente du marché de l’emploi et d’un moindre soutien budgétaire.

De son côté, la BCE a communiqué sur le long processus de revue de sa politique monétaire. De ces mesures très techniques, on retiendra surtout la réduction de l’écart de rémunération entre ses taux directeurs dès le 18 septembre, et un pilotage en douceur des réserves des banques commerciales. En pratique, la BCE veut poursuivre la réduction de son bilan, et mieux maitriser la circulation des liquidités.

Au Japon, les premiers résultats sur les négociations salariales affichent des progressions de plus de 5% sur un an, soit plus du double du niveau moyen de ces trente dernières années. Cela devrait conforter la Banque du Japon de mettre enfin un terme à sa politique de taux négatifs, à contre-courant des autres banques centrales. Ces perspectives alimentent la hausse du Yen et créent de la volatilité sur la bourse nippone.

En Chine, la récente hausse du CPI à 0,7% suscite l’espoir d’une fin de la déflation, même si elle provient en partie du rebond de la consommation pendant les vacances du nouvel an lunaire.

Dans ce contexte, nous restons investis sur les actifs risqués, notamment les actions US et européennes, sous exposés au dollar, et conservons notre préférence pour le rendement offert sur les marchés de taux. Cette surexposition sur la duration, principalement européenne, nous paraît attractive suite à l’ajustement à la baisse du scénario de croissance/inflation de la BCE.

ACTIONS EUROPÉENNES

Dans la continuité de la semaine précédente, les marchés ressortent une nouvelle fois en hausse sur la semaine. Le mouvement haussier sur les taux ainsi que l’incertitude liée aux débats entre les membres dovish et hawkish de la BCE ne semble ne pas avoir influencé outre mesure les marchés actions dont le catalyseur principal reste la saison de résultats toujours en cours avec plus de 70% des entreprises ayant publié dorénavant. Il est intéressant de noter que si en absolu les résultats s’avèrent relativement décevants (44% des entreprises ont dépassé les attentes sur les BPA, vs 53% en moyenne sur ces dernières années), entrainant par ailleurs des révisions baissières des consensus, les réactions boursières s’avèrent positives avec une surperformance importante constatée au lendemain de leur publication. 

D’un point de vue sectoriel, on notera la surperformance du secteur de la distribution spécialisée portée par quelques acteurs comme Inditex (qui porte plus largement l’IBEX35 à la hausse) et Zalando qui annonce une forte hausse de ses niveaux de marges. Les banques ressortent également en nette augmentation, on peut citer BNP Paribas qui après avoir été plusieurs fois sanctionné en bourse ces derniers mois aura rassuré les investisseurs suite au relèvement de son objectif d’économies et la perspective d’un retour aux actionnaires cumulé de 20 milliards sur les 3 prochaines années. Le secteur de l’énergie ressort également en nette hausse suite à l’augmentation du prix du brent sur fonds de regain de tensions géopolitiques lié au conflit en Ukraine. En bas de peloton on retrouvera naturellement l’immobilier, impacté par le mouvement haussier sur les taux, ainsi que la technologie. 

Plus en détail, Inditex publie un résultat 2023/2024 en ligne avec le consensus à 35,95 milliards (soit +10,4%), l’EBITDA lui ressort à 9,85 milliards (+13,9%) vs 9,83 milliards attendus. Un dividende de 1,54 euro sera proposé au vote des actionnaires, contre 1,57 euro attendu, preuve que de bons résultats, même si parfaitement en ligne avec les attentes sont particulièrement bien accueillis dans le contexte actuel.

Enfin le secteur de l’automobile se montre plus en difficulté, en témoigne le groupe Volkswagen qui se retrouve sanctionné en ayant indiqué que ses bonnes performances de 2023 seront difficilement réplicables en 2024, compte tenu d’une baisse de la demande et d’une concurrence féroce des chinois. BMW fait passer le même message, mettant en avant des coûts de production plus élevés conjugués à des prix de vente sous pression en raison de la concurrence.

ACTIONS AMÉRICAINES

Ce fut une semaine relativement calme sur les marchés américains, malgré la publication de deux données économiques majeures concernant l’inflation : le CPI et le PPI, parus tous les deux au-dessus des attentes, de +10bps et +30bps respectivement (en glissement mensuel). De plus, les ventes de détail ont aussi été décevantes et compliquent le scénario sur l’évolution des taux.

Malgré ces données contrariantes concernant la trajectoire du processus de désinflation, le S&P500 affiche un gain de +0,63%, tiré à la hausse par le secteur de l’énergie notamment. Ce dernier réalise l’une de ses meilleures performances depuis le début de l’année, s’appréciant de +3,54% sur la semaine, globalement en ligne avec la hausse du Brent.

Deux entreprises importantes au sein de la tech ont publié leurs résultats en décalé cette semaine. Le géant Oracle continue dans sa bonne tendance et confirme ses prévisions à horizon 2026, grâce à la forte demande dans sa partie cloud, motivée par les dépenses liées à l’IA. En revanche, Adobe corrige malgré des résultats convenables : les investisseurs s’attendaient à un relèvement des prévisions pour 2024, qui n’a pas eu lieu.Du côté de la consommation, William Sonoma bondit en bourse grâce à un très bon T4, et annonce une hausse du dividende, accompagnée d’un plan de rachat d’actions pour 1 milliard de dollars.  

La crise de Boeing continue, et affecte les résultats des compagnies aériennes américaines : Southwest Airlines abaisse ses prévisions pour la deuxième moitié de l’année, suite aux délais supplémentaires concernant la livraison d’avions. American Airlines abaisse ses prévisions en bénéfices pour le T1, mais maintient son résultat prévu pour l’année complète.

Les réseaux sociaux ont connu une semaine mouvementée sur le plan légal : lundi, Donald Trump laissait entendre qu’il pourrait réguler Meta s’il retournait au pouvoir. Mercredi, la Chambre des représentants a adopté une proposition de loi prévoyant l’interdiction de TikTok si celui-ci ne rompt pas ses relations avec ByteDance, sa société mère chinoise. Sur cette même thématique, nous suivrons avec attention l’IPO du réseau social Reddit, attendue jeudi prochain.

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