Cette interview s’inscrit dans le cadre du dialogue avec les entreprises, un des axes majeurs de l’engagement ISR de DNCA Finance. Plus d’informations disponibles dans la politique d’engagement actionnarial et politique de vote disponible sur www.dnca-investments.com/expertises/isr. Ce document ne constitue pas une recommandation d’investissement.
Pierre-Yves Burlot, directeur développement durable chez Séché Environnement
POUR COMMENCER, POUVEZ-VOUS RAPPELER BRIEVEMENT QUAND ET COMMENT L’ENGAGEMENT DE SECHE AUTOUR DES ENJEUX DU DEVELOPPEMENT DURABLE S’EST CONSTITUE ?
L’approche environnementale et de protection de la biodiversité du groupe est venue de manière empirique à l’initiative de Joël Séché, président fondateur de Séché Environnement, dès l’origine du groupe en 1984, tout d’abord dans l’optique de pérenniser le groupe qui était à l’origine un site unique à Changé (Mayenne). Fort de l’observation des sites en délégation de service public, à l’époque souvent soumis à des contraintes foncières incontournables, Joël Séché a commencé à acquérir des réserves foncières autour du site, d’abord dans une logique de renouvellement pour continuer de croître et poursuivre l’exploitation du site dans la durée ,mais aussi dans une logique d’acceptation sociale et pour favoriser une réhabilitation environnementale de qualité, l’implantation des sites sur l’activité déchets étant parfois difficilement acceptée par les riverains.
Puis, en 1995, avec la volonté du groupe d’ouvrir un site de gestion des déchets ultimes dangereux, nous avons fait appel à un écologue[1] pour nous accompagner. Et suite à cela, le groupe a décidé de professionnaliser cette approche avec des équipes internalisées qui ont mis en place des procédures scientifiques sur le suivi des eaux, des nappes phréatiques, et la participation à tous les programmes comme le comptage faune/flore, notamment en partenariat avec le muséum d’histoire naturelle, les bio-indicateurs comme le nombre et la diversité des amphibiens et une politique d’entretien de la biodiversité qui est allée relativement loin sur la gestion des espaces, l’éco-pâturage, les tontes tardives ou sélectives adaptées aux différentes saisons, etc. Travail qui a ensuite été dupliqué aussi bien sur les autres métiers du groupe en France que sur nos implantations à l’international.
A l’époque, on ne parlait pas autant de biodiversité mais d’environnement, de nature, de paysage… La volonté de Joël Séché d’internaliser les compétences de manière à anticiper la réglementation est intervenue au cours des années 2000, et est venue reprendre finalement un certain nombre d’actions volontaires innovantes que le groupe avait commencé à mettre en place, comme les phases d’aménagement ou l’intégration paysagère autant d’éléments qui par la suite, depuis une dizaine d’années, ont été intégrés dans la réglementation.
[1] Spécialiste de l'écologie et des écosystèmes
PAR RAPPORT A UNE REGLEMENTATION QUI NE CESSE D’EVOLUER JUSTEMENT, COMMENT LE GROUPE SE POSITIONNE-T-IL ?
Le travail d’anticipation de la réglementation sur les questions de biodiversité, c’est ce qui fait la marque du groupe. Nos engagements, tous les efforts que le groupe fait que ce soit en termes de moyens humains, de moyens financiers, viennent en plus de la réglementation. C’est-à-dire que Séché ne se prévaudra jamais uniquement de respecter la réglementation sur la biodiversité. La réglementation, c’est le point zéro, c’est indiscutable. En revanche, les initiatives que nous allons mettre en place illustrent la recherche du groupe pour l’excellence en matière d’intégration.
Le sujet biodiversité peut être vu comme une contrainte, avec pour objectif de simplement respecter la réglementation. Et quand il y a une réglementation à respecter, on fait appel à un bureau d’études qui va prendre la main. Mais pour nous, l’approche est d’anticiper au maximum le sujet afin d’en faire un atout.
« Le travail d’anticipation de la réglementation sur les questions de biodiversité, c’est ce qui fait la marque du groupe »
En interne, depuis plus de 20 ans, cette expertise biodiversité a grandi. Nous sommes passés d’un écologue à un service biodiversité à part entière, composé de 5 écologues, chacun avec sa spécialité. On a ainsi un expert sur les trames noires, ça c’est pour les pollutions lumineuses, ou encore un expert qui est en charge des trames bleues c’est-à-dire la continuité hydrologique sur nos sites, un autre sur les chiroptères. Ils sont chargés, sur chacun de nos projets, sur tous les développements du groupe, d’avoir un regard sur la façon dont nos installations vont évoluer dans le temps. Il s’agit donc d’un pôle d’experts, assez unique dans le monde industriel où le sujet biodiversité est souvent sous-traité, car peu considéré comme une opportunité.
JUSTEMENT, EN PARLANT D’OPPORTUNITE, QUELLES SONT LES OPPORTUNITES BUSINESS QUE VOUS IDENTIFIEZ EN LIEN AVEC LA BIODIVERSITE ?
Ce qui est intéressant, c'est que le sujet a évolué récemment. Ces questions autour de la biodiversité étaient peu prises au sérieux, il y a 20 ans, 15 ans, 10 ans. Et, au fur et à mesure que le temps passe, le sujet murit rapidement, un peu comme ce que nous avons vécu avec le climat il y a une petite dizaine d'années. L’accélération dans le déploiement des réglementations accompagnant les prises de conscience finalement.
Aujourd'hui une des principales causes d'érosion de la biodiversité en France est l'accaparement des sols agricoles, des terres naturelles, pour urbaniser, pour créer des zones commerciales, des zones pavillonnaires. Et donc la consommation de foncier, notamment en zone périurbaine, est aujourd'hui une vraie problématique pour la préservation de la nature.
Le législateur s’est saisi de ces sujets, et c’est ainsi que dans le cadre de la loi climat-résilience est apparu un principe qui s'appelle le « zéro artificialisation nette ». Un principe où un territoire, dans son schéma d’aménagement, ne pourra pas consommer comme il le fait aujourd'hui autant de foncier qu'il le souhaite. Pour tendre vers un modèle où le total du foncier qu'on aura consommé sera compensé par ailleurs par du foncier qui aura été rendu à la nature pour permettre ce mécanisme d'artificialisation nette égal au total à zéro.
J’effleure très rapidement le sujet, mais cette réglementation relativement nouvelle va être amenée à se développer en France bien sûr, en Europe mais aussi à l’international à moyen terme.
Historiquement, le groupe exerce les métiers de la déconstruction et de la dépollution, au travers de sa filiale SES (Séché Eco Services).
Par l’évolution de la réglementation et l’attention portée à la biodiversité, cette activité a été mise en lumière, progressivement, et maintenant nous nous retrouvons face à un marché relativement conséquent, et qui s'est élargi par cette réglementation. Et nous observons aujourd'hui le nombre de dépollutions, de démantèlements d'anciennes friches, s’accroître chaque année, justement parce que les aménageurs, les collectivités locales, les entreprises, cherchent des terres pour se développer et vont chercher à densifier, à retravailler sur ces fonciers qui étaient jusqu’ici délaissés et sur lesquels le groupe Séché a une vraie expertise. Ces métiers de la dépollution, sont donc mis en lumière et gagnent en importance stratégique aujourd'hui grâce à ce principe de zéro artificialisation nette. Pour conclure sur le sujet, c'est la biodiversité qui dynamise ces activités et la manière dont ce marché va se structurer.
Séché Environnement est une valeur présente dans le portefeuille de DNCA Invest Beyond Semperosa au 28/04/2023. Donnée susceptible d’évoluer dans le temps.
A propos de Séché Environnement : Séché Environnement est un acteur de référence de la gestion des déchets, y compris les plus complexes et dangereux, et des services à l’environnement, notamment en cas d’urgence environnementale. Grâce à son expertise en matière de création de boucles d’économie circulaire, de décarbonation et de maîtrise de la dangerosité, le groupe contribue depuis près de 40 ans à la transition écologique des industries et des territoires ainsi qu’à la protection du vivant. Groupe industriel familial français, Séché Environnement déploie les technologies de pointe développées par sa R&D au cœur des territoires, dans plus de 120 implantations dans 15 pays, dont une cinquantaine de sites industriels en France. Fort de plus de 5700 salariés dont plus de 2500 en France, Séché Environnement a réalisé en 2022 près de 900 M€ de chiffre d’affaires, dont 30% à l’international.
Cet entretien a été effectué le 24/04/2023.
Les propos transcris dans cette interview sont ceux de Séché Environnement et n’engagent qu’elle.
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