Désormais dirigée par Sisouphan Tran, la plate-forme Alpheys a fait de ses services de gestion des souscriptions, de la réglementation et des rétrocessions sa force principale. Son développement actuel repose sur les enveloppes bancaires, ainsi que la souscription de produits non cotés. Alors que la société vient d’acquérir FundShop, de nouveaux produits devraient être lancés prochainement en assurance-vie et épargne-retraite.
Créée en septembre 2019, Alpheys est le fruit de la fusion de Finaveo & Associés et CD Partenaires, sous l’égide du groupe Crystal. Depuis avril 2021, la structure s’est détachée du groupe de gestion de patrimoine, tout en conservant Ofi Advisers et Apicil Prévoyance comme actionnaires qui détiennent chacun 40 % du capital, le solde étant entre les mains du management. Suite au départ de Philippe-Michel Labrosse chez Abeille, la direction de la société est revenue à Sisouphan Tran. « Après le départ de Philippe-Michel, nous avons renforcé notre comité exécutif avec l’arrivée de Iohann Crespin, en tant que directeur général délégué. Son arrivée en provenance de Mfex nous permet d’accélérer le développement de nous outils de gestion des rétrocessions sur OPCVM envers les institutionnels. »
Un développement vers les institutionnels
En effet, si Alpheys continue d’investir sur le marché des conseils en gestion de patrimoine, elle ambitionne de servir les institutionnels dans le cadre de la gestion de leurs flux financiers avec des solutions en marque blanche. « Nous sommes résolument devenus une société de prestation de services d’IT, qui met à disposition de ses clients des outils fiables et puissants répondant aux différents cadres réglementaires d’investissement. Avoir des investisseurs institutionnels à notre capital nous permet de disposer de moyens colossaux pour développer nos outils et recruter des talents, le tout dans une vision de long terme que n’ont pas les fonds de Private Equity. Ainsi, nous répondons à l’ensemble des contraintes réglementaires avec la capacité de gérer de gros volumes. »
Une offre de services renforcée
Cette dimension technologique vient d’ailleurs d’être renforcée avec l’acquisition de la FinTech FundShop, en février dernier, dont les outils vont servir à la fois ces clients institutionnels et les cabinets et groupements de conseils en gestion de patrimoine.
Au total, ce sont une dizaine de développeurs et d’ingénieurs qui sont venus renforcer l’équipe (soit une quinzaine au total sur un effectif global de quatre-vingt-quinze personnes). « Fundshop – qui continuera de servir ses clients en direct (Afi-Esca, L&A Finance et autres distributeurs) – va nous permettre de continuer à moderniser notre chaîne transactionnelle, notamment en assurance-vie et sur les SCPI. De plus, le robo-advisor développé par les équipes de Léonard de Tilly va être intégré dans notre chaîne de production, ce qui permettra de faciliter le travail d’allocation d’actifs et d’arbitrage de nos partenaires. Cet outil va leur permettre d’animer et de dynamiser les portefeuilles de façon automatisée dans le respect du cadre réglementaire. Cela vient compléter nos solutions autour de la souscription, de la conformité réglementaire et de la gestion des rétrocessions, ce en provenance de multiples fournisseurs et dans un environnement intégré. Avec nous, le CGP ne démultiplie pas ses connexions aux extranets de différents partenaires : un confort pour lui, notamment lorsqu’il doit éditer ses rapports réglementaires en fin d’année. »
Une forte activité en compte-titres
S’agissant des solutions distribuées, Alpheys concentre ses efforts sur deux axes majeurs : les enveloppes bancaires (PEA et compte-titres) et les produits au nominatif (SCPI et Private Equity). Cette stratégie correspond aux positionnements historiques de Finaveo & Associés sur les enveloppes bancaires, qui s’est révélé payant avec l’émergence de l’activité de gestion de la trésorerie longue des personnes morales et l’avènement de la Flat Tax, et de CD Partenaires qui avait créé SoSCPI, un outil de souscription de SCPI en architecture ouverte. « Nous avons beaucoup de demandes sur les enveloppes bancaires depuis deux ans, notamment le compte-titres pour la partie longue de la trésorerie d’entreprises, associations, fondations, holding patrimoniale… L’environnement de rendement faible a conduit les CGP à se spécialiser. Le compte-titres a pour avantage d’être moins chargé en frais que le contrat de capitalisation, ce qui évite de détruire de la valeur dans le contexte de taux bas. Surtout, c’est sa facilité d’utilisation qui est appréciée avec des référencements rapides, en moins d’une journée, ce qui permet de saisir des opportunités d’investissement, notamment sur les produits structurés qui représente, chez nous, plus de 50 % des volumes sur les comptes-titres (à 90 % des produits dédiés). Le client peut ainsi bénéficier de pics de volatilité pour capter un rendement attractif et augmenter le niveau de protection de son investissement. »
Outre ces produits structurés, la plate-forme offre également accès à des fonds prudents, notamment des fonds obligataires, des fonds obligataires datés, des OPCI… S’agissant de la clientèle de particuliers, Sisouphan Tran note le recours à des fonds prudents gérés par des grands asset managers, tels que Natixis IM, DNCA ou encore Carmignac Gestion.
Développer le Private Equity, puis l’assurance-vie
Côté SCPI, Alpheys enregistre toujours une collecte importante, avec notamment une demande importante en démembrement de propriété. Sur le non-coté, la société met à disposition des CGP sa plate-forme de traitement d’investissement au nominatif pour les investissements en Private Equity, que ce soit en solution de défiscalisation ou traditionnel. « Actuellement, l’offre est forte sur cette classe d’actifs, notamment car nos partenaires ont un profil plus financier. Notre actionnariat va nous permettre de proposer de nouvelles offres, habituellement réservées aux investisseurs institutionnels avec la gestion des appels de fonds successifs. »
En matière d’assurance-vie, Alpheys assure la gestion des contrats hérités des différentes plates-formes dont elle est issue, comme Asteria, Diade Evolution, Finaveo, ainsi que de nombreux contrats luxembourgeois (Wealins Life France, Generali Espace Lux Vie ou encore Life Mobiliy Evolution). Toutefois, la société ambitionne de lancer de nouveaux contrats d’assurance-vie et de capitalisation, ainsi qu’un PER dès septembre prochain. « Naturellement, ces offres seront totalement digitalisées. Mais nous comptons aussi numériser partiellement l’ensemble de notre stock historique ; continuer à faire vivre d’anciens contrats fait partie de notre mission. C’est une mission qui est parfois ingrate, mais cela va dans l’intérêt du client final et des CGP qui valorisent ces contrats historiques dans leurs encours au moment de vendre leurs cabinets. »
5 milliards d’euros d’encours
Pour accompagner ses partenaires, Alpheys s’appuie sur une équipe de huit commerciaux, dont certains en région, notamment dans le Sud-Est et le Sud-Ouest, placés sous la direction d’Olivier Dacquin. Polyvalents, ils sont formés à l’ensemble des classes d’actifs et épaulent les CGP dans la prise en main des outils de la plate-forme. L’animation commerciale repose sur de nombreux rendez-vous de formation chez les CGP, la présence salon et un road-show. Cette année, la plate-forme a notamment sillonné la France, avec cinquante dates, et la mise en place de formations validantes avec Fidroit.
Côté activité, Alpheys représente aujourd’hui 5 milliards d’euros d’encours sur le marché des CGP, 2 milliards sur les enveloppes bancaires et 3 milliards en assurance-vie. L’an passé, sa collecte a atteint 1,1 milliard d’euros, dont plus de la moitié via le compte-titres. « Cette année, l’activité est toujours aussi forte sur les produits structurés et les SCPI. En revanche, elle est en retrait sur le PEA. Notre objectif en 2022 est de collecter 1,3 milliard d’euros et, à plus long terme, d’approcher les 10 milliards d’euros d’encours sur le marché des CGP, tout en devenant un acteur majeur des services industriels et informatiques pour les acteurs institutionnels. »