Vontobel - Syndicats 101: analyse des risques syndicaux actuels

17/02/2023 - source : Patrimoine 24

Le monde postpandémique a conduit à une sorte de réveil du mouvement ouvrier. Agités par de vieilles préoccupations sur les salaires et la sécurité, les travailleurs en première ligne du monde entier ont levé le poing pour réclamer de meilleures conditions. Ces dernières années, les sociétés ont subi une hausse des coûts de la main-d’œuvre, tant pour pourvoir les postes vacants que pour calmer la grogne de la main-d’œuvre existante – des camionneurs aux infirmières en passant par les ouvriers et les baristas.

Sudhir Roc SennettSudhir Roc-Sennett, Head of Thought Leadership & ESGBien sûr, une campagne visant à syndiquer des entreprises mondiales comme Starbucks et Apple fait les gros titres. Cette visibilité a dynamisé les efforts de syndicalisation dans le monde entier, mais toutes les régions, tous les secteurs ou toutes les entreprises ne font pas face à la même menace ou à la même crise du coût du travail. Les disparités salariales peuvent mener à une baisse du moral et de la productivité et à une hausse du taux de rotation, finissant par peser sur la valeur d’une franchise. Certaines entreprises, dont les effectifs sont tous syndiqués, peuvent répercuter la hausse des coûts du travail sur les clients finaux. Comment faire la différence? Dans ce blog «back-to-basics» sur l’organisation du travail, j’aborderai les caractéristiques clés des syndicats dans le monde, ce que cachent les revendications syndicales, les cas où la hausse des salaires pourrait menacer les résultats et les entreprises les mieux placées pour gérer le risque.L’âge d’or des syndicats dans la plupart des marchés développés est révolu depuis longtemps. Au cours des 20 dernières années (et depuis un pic d’adhésion dans les années 1950), la part de syndiqués par rapport à l’ensemble des salariés a diminué dans le monde, hormis en Afrique du Nord et en Amérique du Sud. Si le resserrement des marchés, la Covid-19 et l’inflation ont poussé certaines personnes à repenser leur projet (un sondage Gallup de 2022 montre que la cote de popularité des syndicats aux USA n’a jamais été aussi forte depuis 1965), le risque réel de résurgence de la force ouvrière se situe dans les pays en développement, où la négociation collective est très active.En effet, il existe une relation entre la couverture des négociations collectives au sein des entreprises et la rentabilité, comme le montre le graphique 1. Plus la couverture de la négociation collective est élevée, plus les résultats sont faibles. De plus, une hausse surprise des effectifs syndiqués peut être très impactante pour les entreprises qui ne peuvent pas répercuter les nouveaux coûts sur leurs clients. J’entrerai dans les détails plus tard.

 Graphique 1 Rentabilite des capitaux Vontobel Syndicats

Les risques auxquels les entreprises sont exposées sont liés au fonctionnement des négociations collectives dans les différentes économies où elles sont opérationnelles. Leurs composantes essentielles: l’ampleur des mécanismes dits d’extension (avec un effet de levier potentiel sur l’impact d’une négociation dans tout le secteur d’une économie), l’influence des fédérations syndicales internationales, le pouvoir de connexion des réseaux sociaux et le niveau de mécontentement des employés.

Exemple récent illustrant ce qui est en jeu pour les multinationales qui minimisent les risques liés au travail: Teleperformance, le plus grand opérateur de centres d’appels au monde; une entreprise basée à Paris, à la pointe de la technologie, avec 420 000 employés dans le monde, dont 40 % sont syndiqués. Cependant, un scandale très médiatisé lié à une activité assez nouvelle de «modération de contenu» a entraîné une baisse à deux chiffres de la valeur des actions et une atteinte à la réputation. Les reportages sur son service de surveillance externalisé, chargé de supprimer les images macabres pour les clients des réseaux sociaux, ont suscité une réelle inquiétude quant à l’impact psychologique sur les employés et sur les salaires, tant chez les politiciens que chez les investisseurs. L’affaire était liée aux activités en Colombie, mais a ouvert la voie à la fédération syndicale internationale des services aux entreprises (UNI Global) pour obtenir l’assentiment de la direction sur un accord mondial. La façon dont les coûts du travail de l’entreprise seront affectés et la mesure dans laquelle ils pourront être répercutés sur les clients restent à déterminer, mais ce que l’on sait déjà, c’est que les conditions de travail et les salaires équitables sont de nouveau sur la table des négociations.

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Auteur : Sudhir Roc-Sennett, Head of Thought Leadership & ESG Quality Growth Boutique

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