Vontobel - L’économie circulaire fait tourner le monde

25/08/2022 - source : Patrimoine 24

En bref

L’économie circulaire, rendue populaire par des expressions telles que «zéro déchet», «droit à la réparation», «de la ferme à la fourchette» ou «du berceau au berceau», repose sur la constatation que les ressources sont limitées. En réduisant leur consommation de matières premières, les entreprises peuvent parvenir à une augmentation de leurs profits et parts de marché, ce qui finalement pourrait bénéficier aux investisseurs. Le scooter italien Vespa est un exemple de réussite commerciale reposant sur l’économie circulaire. Nous pensons que, dans ce domaine, l’identification des gagnants potentiels nécessite une recherche approfondie et une sélection méticuleuse, c’est-à-dire une gestion active.

Assemblée dans l’Italie de l’après-Seconde Guerre mondiale à partir de pièces initialement destinées à l’aéronautique, la Vespa, l’icône des scooters, est un exemple s’il en est du succès de l’économie circulaire.

La nécessité était à l’origine de cette transformation. La guerre a été suivie de décennies d’abondance, caractérisée par le bon fonctionnement des chaînes d’approvisionnement et l’entassement des déchets électroniques1 dans les décharges, qui nous ont fait oublier que les ressources sont limitées. Mais les mentalités commencent à évoluer. Nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation similaire à celle à laquelle le créateur de la Vespa, Enrico Piaggio, était confronté, à savoir trouver le moyen d’exploiter au mieux les matériaux limités disponibles et de réutiliser des produits qui finiraient autrement à la casse. Le tout, sur fond de voracité croissante de l’humanité pour les matières premières (voir le graphique 1).

Graphique 1: Les matières premières font l’objet d’une voracité croissante qui est incompatible avec une économie durable

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Bienvenue dans le monde de l’économie circulaire du XXIe siècle, qui n’en est encore qu’à ses tout débuts. D’après une étude effectuée par la société Accenture, spécialisée dans la fourniture de services professionnels, nous nous trouvons actuellement à un stade de «faible circularité», moins de 10% de l’économie mondiale appliquant les principes de l’économie circulaire. Cette évolution représente toutefois un progrès par rapport à l’approche précédente, qui consistait à produire, utiliser et jeter.2 Certains signes laissent présager une évolution des mentalités des consommateurs. Cette évolution se manifeste, de manière anecdotique, par des expressions telles que «zéro déchet», «droit à la réparation», «de la ferme à la fourchette» ou «du berceau au berceau»3, qui commencent à influer sur notre manière de penser. Elle se reflète par exemple également dans le monde de l’entreprise par l’essor de l’impression en 3D, qui permet de réduire au minimum les matériaux utilisés.4 D’après Goldman Sachs, une économie circulaire pourrait accroître la production économique de 4,5 billions de dollars US d’ici 2030, et de 25 billions de dollars US d’ici 2050.5

Des vieilles boîtes en carton aux pièces d’occasion pour voiture

Pour profiter de cette tendance, les gestionnaires d’actifs et les investisseurs doivent évoluer et remettre en question régulièrement leurs points de vue ou processus en matière d’investissement. En ce qui nous concerne, nous nous sommes intéressés à la meilleure manière d’aborder la gestion du cycle de vie en affinant notre filtrage. Afin d’accroître la granularité, nous avons défini deux nouvelles mesures, baptisées «économie circulaire» et «matériaux fonctionnels», dans l’espoir d’identifier des opportunités d’investissement associées à des sociétés de premier plan.

Certaines d’entre elles ont intégré l’économie circulaire dans leur modèle commercial. Implantée en Irlande, la société Smurfit Kappa en est un exemple. Elle produit des emballages à partir de fibres recyclées et de fibres brutes primaires. La tendance à remplacer le plastique par des solutions à base de papier est également porteuse. Matière première clé du modèle d’économie circulaire de la société, les boîtes recyclées voient leur prix augmenter, ce qui inquiète. Le modèle d’entreprise adopté par la société assure sa conformité à l’objectif de développement durable n° 12 de l’ONU, « consommation et production durables ».

D’autres exemples sont les deux sociétés américaines Clean Harbors et LKQ Corporation. La première recueille les huiles moteurs usées qu’elle utilise pour produire des lubrifiants. La deuxième recycle les pièces de véhicules de récupération, qui sont ensuite réutilisées pour les réparations. La société a créé un vaste marché d’occasion, doté de contrôles de qualité appropriés. Notons que l’achat de pièces automobiles usagées, voire même de véhicules complets, a pris de l’ampleur dans le sillage de la pandémie, période frappée par des fluctuations à l’échelle mondiale dans les chaînes d’approvisionnement.6 

La notion d’économie circulaire a donné naissance à un nouveau secteur de start-ups axées sur les technologies alimentaires. Sise en Californie, Apeel Sciences par exemple a développé un enrobage comestible à base de plantes permettant d’éviter que les fruits et légumes ne pourrissent dans un environnement non réfrigéré.

Exploiter l’économie circulaire pour parvenir à zéro déchet

En tant que consommateurs, nous nous sommes habitués au supplément appliqué à nos appareils électroniques et bouteilles en plastique pour assurer leur recyclage. Les groupes de défense des droits des consommateurs et les organismes de réglementation ont souvent joué un rôle décisif dans ces changements, auxquels les entreprises ont dû s’adapter. Aujourd’hui, l’Union européenne par exemple incite les entreprises à adopter une mentalité «verte» par le biais de son plan, qui se chiffre en milliards d’euros, visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Baptisé «pacte vert pour l’Europe», ce plan comporte une taxinomie de la durabilité, à savoir un système de classification destiné à distinguer les activités «durables» des activités «non durables».

Une autre initiative est la législation relative au «droit à la réparation» au sein de l’Union européenne pour les appareils électroniques. Le prochain objectif consistera-t-il à éviter tout simplement la génération de déchets? Goldman Sachs Research a souligné que bien que les engagements envers une empreinte carbone nette nulle soient désormais courants, les engagements envers le principe du «zéro déchet» le sont beaucoup moins. Cette constatation laisse songeur, étant donné que 70% des émissions de gaz à effet de serre sont directement liés au traitement et à l’utilisation des matériaux,7 indique la banque.

Conception, processus... et un peu de chance

Les flux d’investissement considérables qui accompagneront cette évolution sont de bon augure pour les sociétés qui se conforment aux objectifs environnementaux, aussi ambitieux ceux-ci puissent-ils paraître. Cette évolution devrait bénéficier notamment aux sociétés dont les produits et les chaînes d’approvisionnement reflèteront les principes de l’économie circulaire, qu’il s’agisse d’une planification rigoureuse ou du coup de maître qui a donné naissance à l’icône italienne qu’est le scooter Vespa. Le jour pourrait venir où des sociétés pérennes et triées sur le volet pourraient doper les portefeuilles des investisseurs (dans le respect de l’environnement).

 

1. BofA Global Research a déterminé que la quantité de déchets électroniques jetés chaque jour aux États-Unis correspondait à 1000 ordinateurs portables. Les décharges américaines devraient par ailleurs atteindre leur capacité maximale dans 18 ans. Scarcity Primer, 23 février 2022.2. Étude d’Accenture citée dans la publication du Forum économique mondial (FEM) intitulée Circular Economy and Material Value Chains; A circular car industry could slash carbon emissions – here’s how https://www.weforum.org/agenda/2021/01/circular-car-industry-could-slash-carbon-emissions-accenture/3. Expression introduite en 2010 par William McDonough et Michael Baumgart dans Cradle to cradle: Remaking the way we make things. D’après ce concept, les processus de fabrication devraient être conçus de manière à tenir compte des aspects environnementaux et sanitaires.4. Waste to wealth: The circular economy advantage, Peter Lacy et Jakob Rutqvist, 2016, cité dans la publication de Goldman Sachs Research intitulée The evolution towards a circular economy, 3 mai 20225. Publication de Goldman Sachs Research du 3 mai 2022, citant Waste to wealth: The circular economy advantage, Peter Lacy et Jakob Rutqvist, 20166. How Surging Used-Car Prices Are Turning Vehicles Into a Profitable Investment, Bloomberg, 16 mars 2022 https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-03-16/used-car-prices-are-surging-here-s-how-people-are-making-a-profit7. Goldman Sachs Research cite The Circularity Gap Report 2022 publié par Circle Economy, une coopérative sise à Amsterdam et dont les activités sont axées sur l’économie circulaire. https://www.circularity-gap.world/2022

 

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