De nombreux investisseurs à impact s’efforcent d’investir de manière à avoir un impact positif aussi bien sur les défis environnementaux que sociétaux, tout en engrangeant des rendements financiers importants. Comme tous les investisseurs, ils ne peuvent se permettre aucun faux pas, à quelque niveau que ce soit, en matière de réglementation. Comment gérer au mieux la kyrielle de modifications apportées actuellement dans le domaine ESG et comment faire face à l’augmentation incessante du nombre et du champ d’application des réglementation ?
Matthias Fawer, PhD, Senior Analyst ESG & Impact Assessment
L’augmentation de la réglementation ne freinera pas l’essor de l’investissement à impactL’investissement à impact est une stratégie de plus en plus importante et préconisée pour nos investisseurs. Il est clair que l’économie mondiale sous sa forme actuelle n’est pas durable. Les investisseurs commencent à découvrir le rôle important qu’ils peuvent jouer pour parvenir à un changement de paradigme. Il ne s’agit cependant pas de sacrifier les rendements au profit de l’impact. Nous pensons en effet qu’il existe une opportunité d’investissement considérable pour les domaines à impact. Prenons l’exemple des opportunités qu’offrent les énergies renouvelables. Ce marché ne peut que s’accroître, étant donné l’obligation dans laquelle se trouvent les pays et les entreprises d’atteindre différents objectifs internationaux, tels que celui de zéro émission nette, et de se conformer à la réglementation.
L’augmentation simultanée de la réglementation dans différents pays est un défi complexe que les investisseurs à impact doivent relever, dont nous sommes convaincus qu’il ne balaiera pas les convictions. Vontobel opère dans l’univers des investissements à impact depuis 2016 et les résultats d’une étude d’envergure que nous avons menée l’année dernière étayent notre avis. Elle révèle que dans le monde entier, les investisseurs à impact professionnels et institutionnels:
considèrent que le moment est propice aux investissements à impact;
recherchent des investissements à impact avec de solides antécédents;
s’engagent fortement en faveur de l’investissement à impact, même en période difficile;
sont de l’avis qu’une gestion active et à forte conviction est requise.
Tsunami réglementaire à venir: trois évolutions à surveiller en 2024Bien qu’ancrés dans l’Union européenne, les efforts visant à aligner durabilité et pratiques financières par le biais de la réglementation ont des répercussions à l’échelle mondiale. Le nombre important de réglementations adoptées l’année dernière fera de 2024 une année de transition décisive.
Parmi les avantages, citons la comparabilité et l’harmonisation à l’échelle mondiale des produits financiers durables. L’essor réglementaire mondial n’est cependant pas comparé sans raison à un tsunami. Ce domaine est vaste et de plus en plus complexe, l’adoption de réglementations individuelles s’accélérant et générant un effet de cumul qui semble difficile à maîtriser.
Dans un tel contexte, les trois éléments suivants, qui sont à l’ordre du jour en matière de réglementation, mériteront toute l’attention des investisseurs à impact en 2024 :
1. Application du nouveau régime de l’UE en matière d’établissement de rapport: entrée en vigueur de l’harmonisation de la double matérialité dans les rapports de durabilitéLa directive européenne concernant la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (CSRD) est entrée en vigueur en janvier 2023. Elle exige que les entreprises rendent compte de leurs pratiques en matière de durabilité et constitue un élément clé du nouveau cadre réglementaire de l’UE en faveur de finances durables. L’ensemble précis de normes qui doivent être respectées pour l’établissement de ces rapports sont définies dans les normes européennes d’information en matière de durabilité (ESRS), qui ont été adoptées en octobre 2023 et qui accompagnent la directive. Il en résulte une transition conceptuelle vers une approche de «double matérialité» pour l’établissement des rapports d’entreprise sur la durabilité. Ce nouveau régime d’établissement de rapport prévoit que les entreprises publient des informations sur la manière dont les facteurs de durabilité peuvent avoir un impact financier sur leurs activités économiques, tout en précisant également l’impact des entreprises sur l’environnement et la société. Il s’agit là précisément des données et informations dont ont besoin les investisseurs, qui recherchent des entreprises fournissant des solutions aux défis environnementaux et/ou sociaux.
Quelles entreprises seront concernées en 2024 et au-delà? La CSRD s’appliquera aux entreprises domiciliées au sein de l’UE (sous réserve de certains critères de taille), mais aussi aux entreprises domiciliées hors UE exerçant d’importantes activités dans l’UE. Ainsi, ce nouveau régime pour l’établissement de rapports d’entreprise sur la durabilité sera déployé progressivement aux quelque 50 000 entreprises actives sur le marché européen d’ici 2028, les premières entreprises concernées devant publier leurs premiers rapports dès 2025. Les investisseurs doivent garder à l’esprit que pour ces entreprises, 2024 est la première année d’application de ce nouveau régime d’établissement de rapports.
Pour consulter l'article dans son intégralité, cliquez ICI.
Pour accéder au site, cliquez ICI.