Après le succès de la SCPI Pierval Santé, Euryale AM élargit sa gamme avec Trajectoire Santé, première société civile 100 % santé à fonds de partage. La société de gestion en profite pour renouveler son positionnement de marque. Rencontre avec Jean-Jacques Olivié, président fondateur d'Euryale AM, et Thierry Scheur, directeur général opérationnel d'Euryale Services.
Investissement Conseils : Pourquoi un nouveau fonds axé sur l’économie de santé ?
La profondeur de marché est-elle suffisante ? Jean-Jacques Olivié : Notre SCPI Pierval Santé rencontre un joli succès. Elle a terminé l’année 2021 avec 750 M€ de collecte et 900 M€ d’investissements prévus. Les deux SCPI qui ont le plus collecté l’an dernier sont d’ailleurs orientées sur le secteur de la santé. Alors que les SCPI santé étaient auparavant considérées comme des produits de diversification, elles deviennent, à la faveur de la crise sanitaire, des solutions d’investissement à part entière. A tel point qu’une récente modification de la classification des SCPI a vu la création d’une catégorie immobilier de santé.
La pandémie de Covid-19 a permis une forte prise de conscience des populations et des politiques concernant les enjeux du secteur de la santé. Cette nécessaire «transition sanitaire»entraînera assurément des besoins en infrastructures, imposera d’investir dans des centres de soins, des usines de production du secteur de la santé, etc. Avec la difficulté sous-jacente de bien mesurer les besoins du marché de demain. Le modèle de l’hôtellerie, qui s’est concentrée sur l’exploitation et a externalisé le portage immobilier, est à cet égard très intéressant et nous inspire. La profondeur de marché est donc réelle, en particulier si l’on raisonne à l’échelle européenne, les pays présentant des degrés variables d’équipement. Le marché a également fait preuve de sa résilience pendant la crise, avec un taux de recouvrement des loyers de 98 %. Et notre nouvelle solution contribue à faire évoluer le système de santé; elle apporte une réponse complémentaire à des enjeux à la fois sociétaux, économiques et patrimoniaux.
Pourquoi le choix d’une SC plutôt qu’une SCPI ?
J.-J. O. : Contrairement aux actifs de bureaux ou de commerces, les actifs de santé ne comptent souvent qu’un seul locataire. Le rapport à cet exploitant ressemble davantage à un partenariat, inscrit dans le temps. Nous nous sommes aperçus que les besoins de nos locataires dépassaient le cadre immobilier, qu’ils cherchaient aussi un accompagnement en termes d’exploitation. Or les SCPI ne sont juridiquement pas en mesure de répondre à cette demande. D’où le choix de la société civile (SC) qui autorise jusqu’à 30 % d’investissement sous forme de parts d’OPCVM, de liquidités et d’actions non cotées, ce qui nous permet d’aider capitalistiquement nos exploitants et de renforcer nos liens. Il n’existait jusqu’à présent que des SC de bureaux et de commerce; nous voulions être les premiers à proposer une SC 100 % santé ! Les sociétés civiles sont aussi plus souples, et offrent davantage de diversité et de dispersion des risques. Et la valeur liquidative, fournie de façon hebdomadaire, apporte une meilleure visibilité. Autre argument en faveur de la SC:après la chrysalide à l’oeuvre dans le monde des SCPI viendra celle des sociétés civiles qui ont nettement le vent en poupe. Elles captent d’ailleurs déjà 25 à 30 % de la collecte immobilière en unité de compte (UC).
Vous avez donc opté pour un véhicule éligible aux unités de compte…
Thierry Scheur : Pour nous, faire de l’immobilier au sein de l’enveloppe assurance-vie était une évidence. L’assu-rance-vie représente une épargne de plus de 1 860 milliards d’euros, stock qui peut être arbitré vers les fonds immobiliers pour répondre aux problématiques de rentabilité des fonds euros. L’immobilier apporte une sécurité assez similaire à celle des obligations, tout en offrant une meilleure rentabilité. Et c’est encore plus vrai pour l’immobilier de santé, particulièrement résilient. La SC est donc au coeur d’un alignement d’intérêts entre toutes les parties prenantes:les exploitants qui veulent financer leur développement, les assureurs qui cherchent des alternatives au fonds euros, les épargnants qui souhaitent des UC rentables sans trop de risque, et les distributeurs, principalement les CGP indépendants. La SC Trajectoire Santé est donc référencée en assurance-vie et en PER, en premier lieu chez Spirica. Quatre autres assureurs devraient suivre au premier trimestre 2022, et nous devrions être présents chez une dizaine de partenaires en vitesse de croisière.
Quelle stratégie d’investissement pour la SC Trajectoire Santé ?
T. S. : Trajectoire Santé s’appuiera dans un premier temps sur la SCPI Pierval Santé pour rassurer les investisseurs et garantir une rentabilité immédiate. Multi-classes d’actifs, elle s’ouvrira peu à peu à d’autres actifs immobiliers et possiblement d’autres SCPI. A horizon cinq ans, l’allocation vise 75 % d’immobilier, 15 % de parts d’OPCVM (notamment des foncières), 5 % de liquidités et 5 % de non coté, toujours en lien avec la santé (Ehpad, cabinets médicaux, laboratoires, bureaux d’établissements médicaux, etc.). Géographiquement, Trajectoire Santé pourra investir dans toute l’OCDE, en particulier sur des marchés où les besoins s’avèrent très importants en termes de vieillissement de la population et de concentration de marché, comme le Canada par exemple… La politique d’investissement et de gestion s’inscrira dans le cadre d’une démarche ESG, avec une attention particulière portée aux critères sociétaux, compte tenu du choix de la thématique santé. Trajectoire Santé cible une performance de 4 % la première année.
Vous souhaitiez aller plus loin dans la dimension «fonds de partage» ?
T. S. : La notion de fonds de partage est très ancrée dans l’ADN de la maison. Le partage de valeur(s), avec un grand V, sera donc l’un des moteurs de performance pour Trajectoire Santé. Au-delà de notre participation au financement sectoriel de la santé et de notre dimension ESG, nous avons souhaité nous associer à l’Institut du cerveau (ICM), institut de recherche mondialement reconnu pour ses travaux sur les maladies neurodégénératives. Nous participerons à son financement au travers de dons, à hauteur de 1 % des frais. Il s’agit ici d’une contribution systématique, ce qui n’était pas le cas pour Pierval Santé. Depuis 2014, nous avons pu diriger plus d’un million d’euros de dons vers l’ICM, principalement au cours des trois dernières années. Nous cofinançons également une thèse à Montpellier, et participons à diverses actions impliquantes. Cette dimension philanthropique est un élément clé dans le développement d’Euryale AM, en adéquation avec notre nouvelle baseline:«le profit seul n’est rien».
Afin de faire face à vos objectifs, quelles évolutions internes envisagez-vous ? J.-J. O.:Notre offre est désormais bien reconnue et fortement implantée dans le paysage; illustration de notre arrivée à maturité. Mais notre niveau de collecte, nos investissements, notre rayonnement géographique en Europe, notre démarche ESG et le lancement de Trajectoire Santé entraînent en toute logique de nouvelles attentes tant auprès des distributeurs que des porteurs de parts et de fait de nouveaux engagements de notre part. Il est donc nécessaire de s’adapter à ces évolutions par le renforcement des équipes et la consolidation de nos processus. Par ailleurs la mise en place d’une proximité commerciale confortée par la montée en puissance de notre force de vente en hommes et en outils sera accompagnée très prochainement pour la gestion et le suivi des affaires par le déploiement d’un «service qualité»… Autant d’éléments qui nous permettent d’être sereins quant à la gestion de notre croissance et au pilotage de notre dynamique de développement, qui restent parfaitement sous contrôle.
Pourquoi une nouvelle identité de marque ?
J.-J. O. : Chez Euryale, nous croyons qu’il est possible de concilier investissement immobilier financier et construction d’un monde meilleur. Il nous semblait important de le rappeler et d’aligner notre plate-forme de marque et notre identité graphique avec ce que nous sommes et ce qui nous anime au quotidien, d’où notre nouvelle baseline. Nous sommes convaincus que la performance financière n’a de sens que si elle se construit collectivement, au bénéfice de tous. Contribuer, grâce aux solutions que nous développons, aux besoins de santé et de logement de notre société en tenant compte des impératifs environnementaux est un gage d’épargne individuelle utile et pérenne.