Fondé en 2000, Entrepreneur Invest est un acteur historique du marché du capital-investissement à destination de la clientèle des CGP. Toujours concentrée sur la clientèle retail, la société de gestion propose une gamme de fonds diversifiée – de la dette immobilière au Private Equity sur des PME françaises, en passant par la sélection de fonds non cotés internationaux. Rencontre avec Frédéric Zablocki, son président-directeur général.
Investissement Conseils : Que représente aujourd’hui Entrepreneur Invest ?Frédéric Zablocki : Entrepreneur Invest est acteur du marché du non-coté à l’activité très diversifié, qui a collecté l’an passé 160 millions d’euros. Nous gérons actuellement 1 milliard d’euros d’actifs pour 1,7 milliard d’euros collectés depuis notre création. L’an passé, nous avons investi une centaine de millions d’euros.Nos solutions d’investissement sont distribuées auprès de la clientèle de quatre-cent-cinquante partenaires distributeurs : principalement des cabinets de conseil en gestion de patrimoine, ainsi que des banques privées et Family Offices. En effet, nous sommes un acteur qui s’adresse exclusivement à la clientèle privée.Nous sommes très diversifiés car nous proposons des solutions de type fonds de Private Equity, fonds de rendement, fonds immobiliers, fonds de fonds… Notre volonté est de proposer un large panel, alors que la demande ne cesse de progresser sur la clientèle privée mass-affluent.Le développement du non-coté n’en est qu’à ses débuts : après sa possible intégration à l’assurance-vie, la loi Industrie verte va aller plus loin et généraliser son intégration à l’épargne de long-terme, en particulier le PER qui est l’enveloppe qui correspond le mieux à l’horizon d’investissement du Private Equity. Cette loi va permettre de flécher l’épargne vers l’économie plutôt que vers la dette des Etats. Espérons que les décrets et arrêtés d’application seront pragmatiques, tant les besoins sont importants et l’univers d’investissement large, avec plus de deux cent mille entreprises françaises potentiellement éligibles à des fonds de Private Equity, contre sept cents entreprises cotées sur la Place de Paris.
Quelles solutions proposez-vous actuellement ?Jusqu’à la fin du mois de juin, nous distribuons notre FCPR Entrepreneurs Sélection Secondaire, éligible à l’assurance-vie française, via quatre assureurs – Generali, Axa, Spirica et Swiss Life –, et sur lequel nous avons collecté 30 millions d’euros, avec une limite à 70 millions d’euros.Comme son nom l’indique, il s’agit d’un fonds de fonds qui investit dans des solutions déjà investies et dont les souscripteurs initiaux ont souhaité solder leur position, le plus souvent pour rééquilibrer leur portefeuille. Cela permet de profiter de la décote inhérente au marché secondaire, sur des fonds institutionnels de qualité gérés par des acteurs, tels qu’Ardian, Capital Dynamics ou Committed Advisors, qui sont déjà investis et donc de réduire la courbe en J du capital-investissement. Parallèlement, nous proposons la onzième version de notre solution de rendement, Entrepreneurs & Rendement n° 8. Il est investi en obligations convertibles sur des entreprises essentiellement françaises de tous secteurs d’activité, même si nous sommes très présents dans les domaines du SaaS, de la santé, de l’éducation ou encore de l’hôtellerie de plein air, avec des lignes d’environ 5 millions d’euros. Il vise un rendement de 7 à 8 %. Ce FCPR est accessible à partir de 1 000 euros et bénéficie d’une garantie partielle en capital délivrée par Bpifrance et le FEI (fonds européen d’investissement).Troisième solution, notre FCPR Entrepreneurs & Immobilier accessible à partir de 1 000 euros également. Ce fonds Evergreen investit dans l’immobilier, via de la dette. Doté de 120 millions d’euros d’encours, il vise un rendement annualisé autour de 6 % nets, dont 4 % versés chaque année. Ce fonds vient financer des opérations de marchand de biens – depuis 2023, nous nous sommes écartés du marché de la promotion immobilière –, un positionnement actuellement tout à fait pertinent et qui n’est pas à confondre avec l’univers des SCPI qui ont récemment souffert.Le fonds porte des opérations sur des durées courtes, de vingt-quatre à trente-six mois maximum, et se veut très diversifié, avec cinquante-deux lignes (dont deux seulement ont connu une dépréciation) et à 60 % sur des opérations en dehors de nos frontières sur des marchés porteurs, notamment en Suède, au Danemark et au Luxembourg. Ce fonds lancé début 2020 continue de collecter, certes moins l’an passé (13 millions d’euros, contre 35 à 40 millions d’euros les années précédentes), avec peu de sorties, car il délivre un rendement régulier.
Quels sont vos projets ?Nous rouvrons notre activité de feeder afin de répondre à la demande du marché pour ce type de solution, tant du côté des investisseurs privés que des sociétés de gestion qui souhaitent élargir leur distribution sur la clientèle privée.Nous proposerons un FPCI, donc accessible à la clientèle professionnelle et à partir de 100 000 euros, le feeder de Naxicap Investissement Opportunities III qui investit sur des opérations de buy-out de mid-caps (avec des investissements compris entre 50 et 200 millions d’euros) principalement françaises. Ce fonds sera accessible jusqu’en décembre, avec l’objectif de lever une trentaine de millions d’euros sur ce feeder, alors que le Naxicap Investment Opportunities III vise à atteindre 1,2 milliard d’euros. Comme indiqué, nous avions, par le passé, déjà proposé ce type de solution, avec des acteurs tels qu’Ardian ou Capza, et nous comptons en lancer de façon régulière. Nous réfléchissons au lancement d’une solution investie en dette secondaire.
Comment accompagnez-vous vos partenaires CGP ?Nous sommes à leurs côtés depuis de nombreuses années pour que le non-coté émerge dans les patrimoines. L’an passé, nous avons ouvert notre extranet qui offre de nombreuses fonctionnalités en termes d’informations, de reportings et de souscription digitalisée, entre autres, et que nous améliorons encore cette année.Nous avons aussi renforcé nos équipes commerciales, back et middle-office afin d’offrir à nos distributeurs la meilleure qualité de service possible.
Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?Pour cette année, nous comptons dépasser les 200 millions d’euros de collecte et, d’ici quatre à cinq ans, nous voulons atteindre les 2 milliards d’actifs sous gestion, toujours sur les mêmes créneaux – capital-croissance et capital-transmission de PME, fonds de dette immobilière à l’international et sélection de fonds – et auprès de nos partenaires distributeurs.
Vous ne souhaitez pas élargir votre offre à la clientèle institutionnelle ?L’approche est totalement différente, avec des demandes et des besoins spécifiques, comme la gestion des appels de fonds et les retours de cash, plutôt que de se concentrer sur les multiples de plus-values. Nous sommes nés avec la clientèle retail, et nous sommes donc spécialisés sur la conception de produits répondant au mieux à leurs attentes.Par exemple, nous avons mis en place sur certains véhicules d’investissement des appels de fonds programmés qui, contrairement aux appels de fonds successifs, permettent d’établir un timing précis des déblocages de fonds permettant au client, et à son conseiller, de s’organiser.