Selon Robeco, la fin de la politique de taux zéro est positive pour la finance

26/12/2022 - source : Gestion de Fortune

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Après plus de 10 ans de taux d’intérêt nuls et d’étroite surveillance réglementaire, le secteur de la finance, longtemps mal aimé, est bien placé pour surperformer. C’est l’avis, expliqué dans un récent Point de vue, des experts de Robeco.

D’après les spécialistes de Robeco (178 Md€ sous gestion à fin juin 2022), la fin de la politique de taux zéro constitue un facteur structurel positif pour la finance. Les sociétés financières bien gérées devraient surperformer en 2023. L’augmentation des marges d’intérêt nettes devraient se traduire par une hausse des bénéfices des banques. Le secteur de l’assurance-vie devrait profiter du niveau des taux longs.

De solides dividendes à venir

« L’ère de la politique de taux d’intérêt zéro étant révolue et les tendances séculaires à long terme ayant été accélérées par la pandémie de Covid-10, nous pensons, font observer des responsables de Robeco, qu’une stratégie d’investissement active axée sur les banques et les compagnies d’assurance les mieux gérées sera un moyen de tirer parti de la situation. »

Les grands groupes bancaires bénéficient déjà de l’augmentation des marges d’intérêt nettes grâce à la hausse des taux directeurs, ce qui alimentera la croissance des bénéfices jusqu’en 2023, voire au-delà si les taux directeurs restent élevés plus longtemps. Maintenant qu’elles ont renforcé leur structure de capital et subi une transformation numérique plus rapide au cours des années 2020 et 2021, en raison de la crise sanitaire, les « meilleures » banques sont, en outre, très bien préparées à ce qui semble être un ralentissement économique « inévitable ».

La hausse des taux entraînera également une augmentation des revenus d’investissement pour les compagnies d’assurance-vie, ce qui leur permettra de couvrir plus efficacement leur passif avec leur actif, améliorant ainsi leurs ratios de solvabilité. « Avec des taux plus élevés à l’avenir, commentent les experts du gestionnaire d’origine néerlandaise, il est possible d’améliorer à la fois les prix et la rentabilité des produits. Les dividendes redevenant attractifs |autour de 5 %], il est parfaitement logique de surpondérer les compagnies d’assurance-vie à ce stade du cycle économique. »

Cela dit, la finance n’en est pas moins confrontée à des risques « majeurs ». L’éventualité d’une récession mondiale plus sévère que prévu pénaliserait les revenus tirés des commissions, augmenterait la part des prêts non performants et réduirait les revenus tirés des primes d’assurance. Celle d’un nouveau choc lié au resserrement des conditions monétaires finirait par affecter l’ensemble du secteur. Il ne faut pas non plus exclure que des mesures réglementaires viennent restreindre la capacité des établissements financiers à « restituer du capital » aux actionnaires.

Des niveaux de valorisation réalistes

« En termes de valorisation, font remarquer les spécialistes de Robeco, l’ère des taux d’intérêt nuls, qui a commencé en 2009, n’a pas été favorable aux valeurs financières et il est indéniable que le secteur n’a jamais retrouvé la confiance des investisseurs. Les valorisations sont à des niveaux beaucoup plus réalistes après la forte baisse subie tout au long de 2022. Alors que nous sortons de l’ère de la politique des taux d’intérêt zéro et que nous allons probablement connaître un ralentissement mondial en 2023, faut-il encore faire preuve de prudence à l’égard du secteur financier ? Nous ne le pensons pas. »

Avec un endettement excessif et des réserves de liquidités insuffisantes, les banques « ont plongé » dans la crise financière. Depuis, grâce à une approche plus prudente de la gestion des risques, elles n’ont pas cessé d’améliorer la qualité de leurs bilans. Grâce aux provisions qu’elles ont constituées, elles se retrouvent en bonne position pour affronter la récession qui s’annonce, une grande partie de la dette liée à la pandémie étant supportée par les gouvernements. Le secteur de l’assurance-vie est lui aussi bien préparé pour affronter un ralentissement économique en 2023.

« Des taux plus élevés à l’extrémité longue de la courbe de taux, précisent les stratégistes de la filiale d’Orix Corporation Europe, entraînent une amélioration des ratios de solvabilité, car la duration des actifs des compagnies d’assurance est généralement plus courte que celle de leurs passifs. » L’impact positif de la hausse des taux d’intérêt n’a pas encore été totalement pris en compte par la plupart des investisseurs.

Selon Robeco, une porte « est ouverte » pour s’exposer à des flux de bénéfices à long terme, orientés à la hausse et de qualité supérieure. Pour eux, le seul risque serait… de devoir faire preuve de patience avant que les valorisations ne se redressent !

ML