En dépit d’une année marquée par un nombre record d’élections et de profondes incertitudes géopolitiques, l’enquête Global Investor Insights Survey de Schroders montre cette année que les investisseurs mondiaux sont restés concentrés sur les grandes tendances de fond : la démondialisation, la disruption et la décarbonation. Cela s’est traduit par une forte augmentation de leur exposition aux actions mondiales et au capital-investissement.
Pour les investisseurs, la politique compte plus que les politiques
L’édition 2024 de cette enquête - qui a sondé près de 3 000 investisseurs pour 74,5 milliards de dollars d'actifs à travers le monde(1) - a également révélé que la politique des banques centrales (70 %), les taux d'intérêt élevés (68 %) et le potentiel ralentissement économique (62 %) étaient autant de sujets qui avaient pris le pas sur les inquiétudes concernant les élections.
Au niveau national, les investisseurs ont déclaré que les accords commerciaux (44 %) et les niveaux élevés d'emprunts d'État (35 %) étaient désormais les plus susceptibles d'influer sur leur décision d’investissement.
« En tant que gérants actifs, nos décisions doivent se baser sur les tendances fondamentales plutôt que sur les gros titres », souligne Johanna Kyrklund, Chief Investment Officer chez Schroders. « L'activité économique reste globalement positive et l'inflation évolue dans la bonne direction, les principales banques centrales réduisant désormais leurs taux d'intérêt, ce qui explique le regain d’intérêt pour les actions ».
Elle ajoute : « Les résultats de cette enquête soulignent également la tension à laquelle sont confrontés les banques centrales et les décideurs politiques, dans la mesure où presque autant de personnes interrogées sont préoccupées par le risque d'inflation que par les taux d'intérêt élevés. En outre, les niveaux élevés de la dette publique constituent une préoccupation majeure dans de nombreux pays développés. Bien que les bilans du secteur privé aient généralement émergé de l'ère Covid en bonne santé, les bilans du secteur public restent précaires. L'un des principaux risques à prendre en compte est de savoir si l'augmentation des niveaux d'endettement pourrait finir par déstabiliser de manière significative les marchés obligataires ».
Un appétit retrouvé pour les actions
En effet, l'étude montre que pour les investisseurs, les risques macroéconomiques tels qu'une inflation plus élevée que prévu ou un ralentissement de la croissance (62 %), les politiques des banques centrales (60 %) et les risques politiques (57 %) restent les principales menaces qui pèsent sur les investissements obligataires.
D'autre part, plus de la moitié (51 %) des investisseurs prévoient d'augmenter leur allocation en faveur des actions mondiales au cours des deux prochaines années. À l’heure où la gestion passive fait beaucoup parler d’elle, l’étude montre que 44% des investisseurs institutionnels cherchent à augmenter la place de la gestion active dans leur portefeuille. Il est également intéressant de noter que 39% des investisseurs cherchent à augmenter leur allocation en actions thématiques. Quelque 30 % des investisseurs institutionnels et des distributeurs ont également déclaré qu'ils souhaitaient augmenter leur exposition à la transition énergétique en tant que thème d'investissement.
Pour les investisseurs, l’intérêt de la transition énergétique est qu’elle permet une décarbonisation des portefeuilles, et constitue une source efficace de diversification (41 % chacun). Ils apprécient également le fait que cette thématique soit capable de générer des rendements (38 %).
Alex Tedder, co-responsable des actions chez Schroders, a déclaré : « Il est intéressant de noter que, dans l'ensemble, les investisseurs interrogées sont plutôt positifs quant aux perspectives pour les gérants actifs. Les marchés actions ont été dominés par un petit nombre d'entreprises cette année. Il s'agit d'une tendance mondiale, mais elle a été particulièrement prononcée aux États-Unis, où le phénomène de la technologie et de l'IA a été très fort. Depuis juillet, nous avons assisté à une réévaluation dans un contexte d'évolution des attentes en matière de taux d'intérêt. »
Cette nouvelle donne est l’occasion, selon Alex Tedder, de revoir son allocation : « Il est peut-être temps de s'intéresser à des secteurs qui n'avaient plus la cote et qui sont devenus attractifs du point de vue de la valorisation. Certains secteurs tels que les services publics, les fonds immobiliers, la biotechnologie et les énergies alternatives sont potentiellement plus intéressants dans ce contexte de baisse de l'inflation et des taux d'intérêt ».
Le non-coté a la côte
L'investissement dans les marchés privés continue de croître, plus de 80 % des investisseurs ayant déjà investi dans les marchés privés ou prévoyant de le faire dans un avenir proche. L’allocation en non coté est désormais considérée comme une composante essentielle de la construction d'un portefeuille, tant par les investisseurs institutionnels que par les particuliers fortunés. Les principales raisons d'investir sur les marchés privés sont à la fois des rendements plus élevés et une plus grande diversification du portefeuille. Plus de la moitié (53 %) des personnes interrogées ont l'intention d'augmenter leur allocation au capital-investissement au cours des 12 prochains mois, suivies par 42 % pour la dette privée et 45 % pour le capital-investissement dans les infrastructures renouvelables.
Ces investissements sont également considérés comme un moyen essentiel pour les investisseurs de tirer parti de la transition énergétique, de la décarbonation et de la révolution technologique en cours.
Selon Georg Wunderlin, responsable mondial des actifs privés chez Schroders Capital, ces résultats ne sont pas surprenants : « Les marchés privés sont une source essentielle de capital pour financer les changements structurels fondamentaux de nos sociétés - induits par la décarbonisation, la démondialisation, la démographie et la révolution de l'IA. Les investisseurs reconnaissent le potentiel des actifs privés pour susciter des changements positifs, et donc des rendements plus élevés. »
Il ajoute : « En outre, les actifs privés sont appréciés en tant que source de diversification. À la suite des changements intervenus dans l'environnement des taux d'intérêt, les investissements sur les marchés privés se trouvent à un moment charnière. À l'avenir, les gestionnaires devront posséder des compétences encore plus approfondies en matière de recherche, d'exécution et de gestion d'actifs privés. Par conséquent, les investisseurs devront être de plus en plus sélectifs et s'associer/collaborer avec des gestionnaires qui ont la capacité de contrôler la création de valeur. »
Avec la démocratisation des actifs privés, cette tendance devrait se maintenir : « Il est essentiel que non seulement les investisseurs institutionnels, mais aussi les investisseurs individuels, puissent bénéficier des avantages de l'investissement sur les marchés privés, explique Georg Wunderlin. L'accessibilité aux classes d'actifs privés s'est considérablement améliorée ces dernières années, avec un éventail beaucoup plus large de structures de fonds ciblant les investisseurs individuels. Nous considérons qu'il est essentiel pour nous de continuer à stimuler cette tendance. »
Pour consulter l'étude complète, cliquez ici (en anglais).
1. Tous (2 830) : Institutionnels (815), les professionnels de la finance qui ont un rôle d’intermédiaires ou de conseillers comme les distributeurs (260), Conseillers financiers (1 755)
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