Robeco - "Nous sommes devenus plus optimistes à l'égard des marchés émergents et sommes passés à une surpondération dans nos portefeuilles"

17/02/2023 - source : Patrimoine 24

Alors que les marchés développés restent enlisés dans leurs problèmes économiques, les marchés émergents offrent un potentiel haussier plus important, affirme l’investisseur Arnout van Rijn.

Points clés :

Actions émergentes : des performances supérieures à celles des marchés développés  Découplage probable d'avec les Etats-Unis  Moindres pressions inflationnistes dues à moins de création monétaire pendant le Covid-19

Arnout van Rijn RobecoLes actions des marchés émergents s’étant redressées, elles sont actuellement surpondérées dans nos portefeuilles multi-actifs, indique Arnout van Rijn, gérant de portefeuille au sein de l’équipe Solutions multi-actifs durables de Robeco. Cela s’explique notamment par le fait que, contrairement aux pays occidentaux, les banques centrales de ces pays ne se sont pas engagées dans des politiques d’assouplissement quantitatif créatrices de monnaie et, donc, d’inflation.

Dans les marchés développés, les banques centrales s’efforcent de maîtriser l’inflation galopante en utilisant les taux d’intérêt comme arme principale, ce qui expose ces pays à un risque de récession, poursuit Arnout van Rijn. Cela se traduit par un écart de rendement significatif déjà évoqué dans les Expected Returns 2023-2027 de l’équipe.

« Les marchés émergents ont toujours été vendus avec la promesse de risque accru et de rendements supérieurs permis par une croissance économique plus importante », commente Arnout van Rijn. « Mais l’évolution des rendements depuis 1992, année d’apparition de cette classe d’actifs, montre que cette promesse n’a pas été tenue. À la place, nous avons connu deux grandes et longues vagues de hausse et deux périodes décevantes de sous-performance, en particulier au cours des dix dernières années. »

« Récemment, nous sommes devenus plus optimistes à l’égard des marchés émergents et sommes passés à une surpondération dans nos portefeuilles, en retirant des capitaux des marchés développés tout en restant neutres sur les actions mondiales en général. Nous pensons que nous sommes au début d’une nouvelle vague de hausse relative qui pourrait durer des années. »

« Dans nos Expected Returns à cinq ans publiées en septembre dernier, nous prévoyons des rendements annualisés de 4,0 % pour les marchés développés et de 5,25 % pour les marchés émergents. Nous pensons que ce call à long terme arrive à point nommé sur le plan tactique. Achetons maintenant ! »

Découplage d’avec les États-Unis

Une question qu’il vaudra la peine d’examiner sera de savoir si les marchés émergents peuvent se libérer de la domination américaine, avance Arnout van Rijn. Si oui, ils commenceraient à suivre davantage l’exemple de la Chine que des États-Unis, bien que la portée et le pouvoir grandissant de Pékin signifient que les avantages du pays en matière de diversification sont limités.

« Le monde développé est dominé par les États-Unis, tandis que dans les marchés émergents, la Chine est de loin la plus grosse pondération de l’indice », analyse Arnout van Rijn. « Mais dans les deux cas, les rendements sont dominés par ce qui se produit aux États-Unis. Ils évoluent à la hausse et la baisse ensemble, mais in fine, ce sont les États-Unis qui ont offert les meilleurs rendements ces dix dernières années.

Nous sommes convaincus qu’il existe une possibilité non négligeable de découplage entre les marchés émergents et les États-Unis, favorisé par la reprise asymétrique en Chine et les répercussions positives qu’elle aura sur le reste de l’Asie. Les marchés émergents ont également changé sur le plan sectoriel, les valeurs financières et les semi-conducteurs y jouant un rôle plus important. Pour ces derniers, nous avons déjà formulé des perspectives haussières par le passé. »

Orthodoxie monétaire

Les différentes approches des banques centrales en matière d’assouplissement quantitatif constituent un autre avantage pour les marchés émergents, affirme Arnout Van Rijn. « Dans un monde où les politiques monétaires non conventionnelles sont devenues la norme, les banques centrales des marchés émergents se distinguent par leur orthodoxie.

Même durant la période difficile du Covid-19 en 2020, peu d’économies émergentes ont enregistré une croissance de leur offre de monnaie M2 supérieure à 10 %, ce qui est très modeste par rapport aux États-Unis (plus de 25 % de croissance), à l’UE (plus de 12 %) et au Japon (10 %).

Cela signifie que la cause de l’inflation dans les marchés développés (c’est-à-dire la création monétaire) n’existe pas dans les marchés émergents. »

 Effet du dollar fort

« Compte tenu de la vigueur du dollar ces dernières années, la politique monétaire est relativement stricte dans de nombreux pays émergents. En 2023, il est probable que la Réserve fédérale américaine abaisse ses taux, mais nous ne croyons pas beaucoup au "pivot" tant attendu qui a déclenché le récent rally outre-Atlantique.

Dans les principaux marchés émergents, les chiffres de l’inflation sont beaucoup plus faibles et les taux d’intérêt plus élevés. Il est certain que les taux réels accrus et la perspective d’un pic de l’inflation augmentent la probabilité d’un d’assouplissement par rapport à ce que nous prévoyons pour les États-Unis et l’UE, où les marchés espèrent juste que la Fed change de cap, contre son gré ».

Les obligations des marchés émergents sont également relativement attractives, assure Arnout Van Rijn, tout en mettant en garde contre le risque supplémentaire présenté par certains titres. « Les spreads restent importants dans le crédit asiatique, mais ne nous laissons pas duper par les obligations immobilières chinoises risquées. Dans l’ensemble, nous recherchons des spreads de 200-250 points de base, ce qui pourrait sembler faible, mais nous ne décelons pas de risque de récession ici – contrairement aux États-Unis ou en Europe. »

Problèmes de gouvernance et de devises

Il reste toutefois des domaines à surveiller. Dans de nombreux pays d’Asie, la gouvernance d’entreprise laisse à désirer, en particulier en matière de traitement des investisseurs externes et des allocations de capitaux. « Nous pensons que la gouvernance et les devises se portent bien à présent », indique Arnout Van Rijn.

« La Corée du Sud fait vraiment des efforts pour se concentrer davantage sur la valeur actionnariale, tandis qu’en Chine, le sentiment anti-business ("prospérité commune") qui a dominé est désormais derrière nous. Les efforts d’engagement que nous menons dans de nombreux marchés émergents portent leurs fruits, et beaucoup d’entreprises veulent qu’on leur transmette des bonnes pratiques. En outre, de nombreuses sociétés font des progrès considérables en matière d’investissement dans la transition énergétique.

L’argument de la valorisation des actions reste un aspect essentiel : non seulement elles se négocient à des multiples qui sont proches de leurs plus bas niveaux en termes relatifs, mais l’opportunité "Value" reste aussi plus importante que dans les marchés développés. Les raisons d’être plus optimistes à l’égard des actions émergentes ne manquent donc pas. »

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