Les pays nordiques et la Suisse restent en tête en matière d’ES
Les risques physiques liés au réchauffement climatique s’intensifient
Les scores ESG et la croissance économique de la Grèce se relèvent des ruines
Dans le dernier classement de la durabilité des pays (CSR) de Robeco, la Finlande a légèrement reculé et se retrouve à égalité avec la Suède en tant que pays affichant les meilleurs scores en matière d'ESG. En même temps, la hausse des émissions et l'intensification des phénomènes météorologiques réduisent la résilience et augmentent les risques environnementaux pour les pays développés comme pour les pays en développement.
Ce classement, publié au printemps et à l'automne de chaque année, évalue les risques et les performances de durabilité de 150 pays sur la base de plus de 50 indicateurs couvrant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Les résultats permettent – en particulier pour les obligations souveraines – aux investisseurs et aux parties prenantes d'avoir une vue d'ensemble des risques et des opportunités émergents qui sont souvent négligés ou sous-estimés par les marchés.
Dans cette édition, la Scandinavie se distingue une fois de plus. La Suède se partage la première place avec la Finlande (chacune affichant un score de 9,07), suivies de la Norvège et du Danemark. La Suisse devance l'Islande et arrive en cinquième position. L'égalité en tête de classement s'explique par un léger retard finlandais sur les critères relatifs au climat et à l'énergie, ainsi qu'à la gestion de l'eau et des déchets, qui sont des éléments essentiels du score environnemental. L'amélioration des performances environnementales a également joué un rôle crucial dans l'entrée de l'Estonie et de l'Irlande aux rangs des dix premiers pays, évinçant ainsi l'Autriche et la Nouvelle-Zélande. Ces deux pays ont en effet subi des déclassements sur des variables socio-économiques, notamment le vieillissement pour l'Autriche et l'inégalité des revenus pour la Nouvelle-Zélande.
Graphique 1 | Top 20 du classement de la durabilité des pays
Source : Robeco, octobre 2023
Entre-temps, la guerre a continué de peser sur les scores ESG non seulement de la Russie, mais aussi de l'Ukraine. La Russie a chuté de 18 places pour se classer en 123ème position et l'Ukraine a reculé de 24 places pour arriver au 87ème rang. En outre dans ce classement, Djibouti, le Nicaragua et le Kazakhstan ont eux aussi connu des baisses significatives à deux chiffres.
Les progressions et reculs les plus importants
Au cours des six derniers mois, les plus grands mouvements ont été enregistrés dans la partie inférieure du classement, dont beaucoup en provenance d'Afrique. La Mongolie, le Niger, le Laos, l'Ouganda et l'Angola (dont les places varient de 86 à 117) ont tous enregistré des progrès significatifs au classement général, en grande partie grâce à une amélioration de leurs scores environnementaux. La partie intermédiaire du classement a également connu quelques mouvements importants, notamment Taïwan, les Émirats arabes unis (EAU), le Botswana et la Jordanie, qui occupent désormais de nouvelles positions allant de 37 à 58, respectivement.
Les reculs les plus importants des six derniers mois ont été enregistrés à Malte, au Koweït et en Libye (le pays le moins performant en matière d'ESG), qui souffrent tous d'une détérioration chronique de leurs performances environnementales.
Les risques liés au climat s'intensifient
Le fait d'être un poids lourd sur le plan économique ne protège pas contre de mauvaises performances environnementales. Les scores ESG du Japon et des États-Unis ont chuté en raison de la faiblesse des politiques réglementaires et de la hausse des émissions industrielles. Les scores environnementaux plus faibles reflètent également une plus grande exposition aux catastrophes naturelles qui coûtent des vies, tout en réduisant la productivité et en perturbant la production économique.
Le réchauffement climatique lié aux émissions continuera à perturber les régimes climatiques, augmentant la fréquence et l'ampleur des catastrophes naturelles à l'échelle mondiale. Les États-Unis ont dû lutter contre des feux de forêt sur leur côte ouest et à des ouragans dans l'est du pays. En tant que nation insulaire, le Japon et ses villes densément peuplées sont particulièrement exposés aux tsunamis et aux dangereuses vagues côtières provoquées par les tempêtes océaniques. En 2022, les dommages économiques mondiaux causés par les catastrophes naturelles ont été estimés à 220 milliards de dollars, et les conditions météorologiques extrêmes étaient responsables d'environ la moitié.
« La hausse des émissions et l'intensification des phénomènes météorologiques réduisent la résilience et augmentent les risques environnementaux »
Pour les pays en développement dont les économies sont plus petites et moins résistantes, les événements catastrophiques ont un effet dévastateur disproportionné sur le développement économique. Soulignant l'importance de ces événements pour le développement durable, les Nations Unies ont consacré l'indicateur 11.5.2 des ODD à la mesure des pertes économiques liées aux catastrophes naturelles par rapport au PIB.
Bien qu'elles causent de graves dommages, les inondations dues aux tempêtes sont un problème à court terme. La hausse du niveau des mers due à la fonte des calottes polaires présente un risque à plus long terme qui entraînera des coûts beaucoup plus importants pour tous les pays possédant un littoral.
Figure 2 | Pays les plus exposés aux catastrophes naturelles1 = zones présentant des risques plus élevés de dangers naturels et de catastrophes, 10 = zones confrontées à des risques catastrophiques moindres
Le bloc des BRICS s'élargit
Avec l'ajout proposé de l'Argentine, de l'Éthiopie, de l'Égypte, de l'Iran, des Émirats arabes unis et de l'Arabie saoudite, le bloc des BRICS est en passe de s'agrandir considérablement. Si les implications à long terme restent encore floues, l'influence économique et géopolitique mondiale de ce bloc devrait s'étendre. Ses citoyens sont actuellement au nombre de 3,7 milliards, soit près de la moitié de la population mondiale (46 %), et son PIB combiné s'élève à près de 26 000 milliards de dollars, soit plus d'un quart de la production économique mondiale. Tout aussi importante est sa part dans la production mondiale de pétrole, qui passera de 20,4 % à 43,1 %.
À l'exception de l'Éthiopie, qui se remet lentement d'une guerre civile brutale, tous les nouveaux membres proposés ont vu leurs scores ESG augmenter. Le meilleur score de l'Argentine est particulièrement intéressant, compte tenu des troubles sociaux, économiques et politiques auxquels le pays a été confronté ces dernières années. Deuxième pays d'Amérique du Sud par sa superficie et troisième par sa population, l'Argentine est un marché émergent majeur qui présente des risques importants, mais aussi un potentiel considérable.
L'impact de Javier Milei sur le momentum en Argentine
Jouant en sa faveur, l'Argentine dispose d'importants volumes de réserves naturelles de lithium, un élément essentiel qui permettra l'électrification et la transition énergétique de l'économie mondiale. Cela dit, son économie est fortement dépendante de l'agriculture, ce qui l'expose excessivement aux aléas climatiques et aux prix imprévisibles des produits de base. Les récentes sécheresses qui ont réduit les prévisions de récolte soulignent d'autant plus cette menace.
En dépit de ces risques, l'Argentine s'est améliorée sur les trois dimensions ESG et sur son score global, mais la question de savoir si ces progrès se poursuivront est fortement débattue. Fin novembre, le pays a élu Javier Milei, un libertaire de droite, en tant que président, ce qui a fait naître des incertitudes quant à son profil ESG. Les scores sociaux sont particulièrement vulnérables, étant donné que Javier Milei a l'intention de réduire les subventions et les dépenses sociales de manière drastique.
Une ode à un « virage » grec
Quelles que soient les répercussion, l'Argentine peut garder espoir en constatant le rebond héroïque de la Grèce, qui était au bord du défaut de paiement il y a plus de dix ans. La rétrogradation de la notation de ses obligations souveraines au début de l'année 2011 a été précédée par des baisses de ses scores ESG globaux dès 2008. Depuis lors, les scores E, S et G de la Grèce n'ont cessé de s'améliorer après avoir atteint leur point le plus bas en 2014 – des progressions qui ont coïncidé avec les réformes sociales, la prudence budgétaire et la croissance économique. En 2021 et 2022, l'économie grecque a connu une croissance deux fois supérieure à la moyenne de la zone euro et le taux de chômage, bien que toujours élevé (11 %), est actuellement le plus bas depuis plus de dix ans.
Graphique 3 | Sortant des décombres – la croissance annuelle du PIB de la Grèce (%)
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