Digitaliser la prise de rendez-vous des instituts de beauté, des coiffeurs et des barbiers, voici la mission que s’est donnée Antoine Puymirat lorsqu’il fonde Planity en 2016. Accompagnée par différents investisseurs, la société enregistre un fort de taux de croissance et entend imposer son service dans toute l’Europe.
Devenir le Doctolib du soin et du bien-être ou le Booking de la beauté, telle est l’ambition d’Antoine Puymirat lorsqu’il fonde Planity en 2016. Le concept ? Planity est une marketplace dédiée aux coiffeurs, barbiers et institut de beauté, et qui permet à leurs gérants de prendre les rendez-vous et autres services associés.
Un entrepreneur à succès
Avant de lancer Planity, Antoine Puymirat avait déjà opéré dans le domaine de la réservation de services. En effet, en fin d’études, en 2004, il avait réalisé un stage dans une start-up, aujourd’hui devenue Booking. « Nous étions aux débuts d’Internet et j’ai été fasciné par ce métier d’intermédiation entre le consommateur et le producteur, par la magie de la croissance des sociétés digitales. »
Diplôme en poche, il se lance dans l’entrepreneuriat et crée sa société de réservation de services, ClicRDV, en 2007, qui développe un outil de réservation en marque blanche à destination de tous les secteurs d’activité (médecin, coiffeurs, assureurs, cuisiniste…).
Quatre années plus tard, il cède la société à Pages Jaunes et continuera de la diriger jusqu’en 2015. « Parallèlement à mon activité, je vois la forte croissance de Doctolib et je décide alors de lancer Planity, la porte d’entrée digitale des acteurs du soin et du bien-être, car j’observe que c’est le secteur qui fonctionne le mieux chez ClicRDV, notamment via des acteurs tels que Nocibé et Yves Rocher. Techniquement, il s’agit du marché le plus compliqué avec différentes typologies de prestation et de compétence, le recours à des machines et des cabines, des forfaits… »
Outre la gestion des rendez-vous, Planity propose d’autres prestations avec un logiciel de caisse qui permet de gérer les paiements et les moyens de paiement, la gestion de cartes cadeaux et des stocks de produits. « Notre solution va donc du rendez-vous jusqu’au ticket de caisse. »
Des liens sont également mis en place avec les logiciels de comptabilité des experts-comptables auxquels sont envoyés les rapports comptables.
Un modèle économique simple
Sur ce marché, il se distingue par son modèle économique : une tarification unique, quel que soit le nombre de rendez-vous pris, et non pas un système de prise de commission sur les rendez-vous et de promotions. « Les gérants de centres de soin ne sont pas prêts à payer 30 % de commission car ils s’adressent à une clientèle régulière, avec des rendez-vous tous les trente-six jours en moyenne, et fidèle. Ce business model explique notre réussite. Selon la formule choisie, l’accès aux services varie de 60 euros HT par mois pour le service de réservation à 90 euros HT par mois pour l’ensemble des services. »
Outre ce modèle économique, Antoine Puymirat choisit de constituer rapidement une large force de vente. Aujourd’hui, cent-cinquante personnes sillonnent la France sur les trois cents salariés que compte la société en recrutement permanent. « Adopter Planity est pour nos clients une vraie révolution. En effet, notre principal concurrent est toujours l’agenda papier ! C’est pourquoi il fallait aller à leur rencontre pour présenter notre solution et les former. »
Aujourd’hui, Planity équipe vingt mille établissements en France, mais aussi en Belgique et en Allemagne, deux pays où la société vient de faire son entrée. « Notre objectif est de développer une belle marque européenne qui rend service à la fois au consommateur et aux professionnels. Notre potentiel est énorme avec plus d’un million d’établissements de beauté en Europe ! Tout reste à faire. »
Il n’en restera qu’un !
Pour ce développement, Antoine Puymirat a rapidement eu recours à plusieurs levées de fonds, auprès de cinq sociétés de Private Equity aux profils différents, Eiffel Investment Group, Alven, Crédit mutuel Innovation, la BPI et Gaia Capital Partners. « Il est assez rare que nous investissions dans des start-up technologiques peu établies, mais nous avons été séduits par le parcours réussi d’Antoine et de son équipe, expose Franck Halley, gérant chez Eiffel Investment Group. Il s’agit d’une thématique assez sécurisante pour une société comme la nôtre, avec un marché peu équipé et en pleine digitalisation. Aujourd’hui, on n’imaginerait plus un médecin qui ne soit pas inscrit sur Doctolib ! Planity a un boulevard devant elle en termes de développement, en France, mais aussi en Europe, le tout avec un modèle économique visible grâce à la récurrence des revenus. »
« Dans ce type d’activité, ajoute Antoine Puymirat, il est indispensable de lever des fonds pour croître rapidement. Il existe une sorte de prime à celui qui lève le plus d’argent le plus rapidement possible. Sur ce type de marché, il faut aller très vite pour ne pas se faire doubler car, à l’image de Doctolib, La Fourchette ou Booking, il ne subsistera qu’un seul acteur. Doctolib a réussi aussi parce que son dirigeant savait lever des fonds. Sans cet apport de cash, notre croissance aurait été limitée à 20 ou 30 % par an, alors que nous enregistrons un taux de 150 à 200 % depuis notre création ! Cela nous permet de recruter, d’investir dans le développement de nos produits et de faire connaître notre marque auprès du grand public. »
Outre cet apport de cash, Antoine Puymirat souligne les autres atouts d’une levée de fonds : l’accompagnement dans les levées de fonds successives, notamment le timing, l’ouverture vers de nouveaux partenariats financiers, l’aide dans la prise de décision… Mais aussi leur soutien dans les mauvais moments. « Nos partenaires, notamment Eiffel Investment Group, nous ont épaulés durant le confinement. Une levée de fonds est alors tombée à l’eau, alors que 100 % de nos clients étaient fermés et que tous nos salariés étaient au chômage partiel… Nous n’avions plus que quelques semaines d’argent dans nos caisses et nos partenaires financiers nous ont apporté le cash nécessaire pour pouvoir attendre de réaliser notre levée de fonds dans de bonnes conditions. »
Franck Halley explique : « nous avons simplement joué notre rôle d’investisseur dans l’intérêt de Planity, mais aussi dans l’intérêt de nos porteurs de part. A terme, nous adhérons à la thèse qu’il n’y aura qu’un seul acteur sur ce marché. Planity sera le consolidateur ou pas, peu importe, le marché se concentrera et ce sera un succès pour nous dans les deux cas. L’hypothèse d’une introduction en Bourse n’est pas à écarter car ce type de société plaît bien aux marchés financiers. »
Rendez-vous est donc pris dans quelques années pour voir si Planity a su garder sa longueur d’avance sur ses concurrents.