Pictet Asset Management - Il suffira d’un cygne. Nos convictions pour les trois prochains mois

15/02/2023 - source : Patrimoine 24

Boucle d’or* est revenue. La croissance n’est ni trop molle ni trop élevée et les liquidités ni trop rares ni trop abondantes. Les marchés apprécient et grimpent tranquillement. Mais les pessimistes rappellent que les « ours » reviennent toujours. Les bénéfices risquent de chuter et l’inflation n’est pas encore vaincue en Europe. Et, rassénérés par les souvenirs de 2020 et de 2022, ils nous rappellent qu’il suffira d’un cygne (noir) pour qu’ils aient raison.

Les banques centrales feintent les investisseursDepuis plus d’un an, les banques centrales ne parlent que de resserrement. Pourtant, le devinerez-vous ? Elles ont massivement injecté des liquidités au cours des dernières semaines. Pourquoi ? Pour des raisons purement techniques. Explications. En réponse à la hausse de l’inflation, la Banque du Japon a remonté le plafond de ses taux dix ans à 0,50%. Les investisseurs domestiques ne sont pas dupes, ce plafond va encore monter et celui qui gardera des obligations en portefeuille devra faire face à des moins-values. Pour s’en protéger, ils vendent leurs obligations à la banque centrale, qui doit les acheter à 0,50% de taux si elle veut que son nouveau plafond tienne. Beaucoup d’achats obligataires, c’est un assouplissement monétaire massif que fabrique l’autorité monétaire japonaise. Du côté des Etats-Unis, le plafond de la dette empêche le Trésor d’emprunter. Donc, moins d’obligations sont disponibles sur le marché, ce qui stérilise en grande partie la réduction du bilan de la Fed.Ces deux facteurs, techniques et temporaires, ont probablement participé au rally des marchés actions. Méfiance, donc. 

Les profits des entreprises sont touchés

La saison des profits est très médiocre. En octobre, les profits du quatrième trimestre étaient attendus en hausse solide, de l’ordre de 5% pour les actions américaines. Les analystes ont depuis largement baissé leurs prétentions et, en début de saison de publication, ils s’attendaient à une légère baisse. Des attentes plutôt modestes donc. Pourtant, aux deux tiers des annonces, nos calculs montrent qu’il aurait fallu viser encore plus bas. On n’avait pas vu une telle déconvenue depuis 2008. L’économie ralentit et les ventes s’essoufflent. Pire, les entreprises n’arrivent pas à imposer leurs prix et les marges sont à la peine. Beaucoup d’analystes ont pensé, « cette fois-ci, c’est différent ». Eh non, le ralentissement économique impacte durement les marges bénéficiaires. Nous nous attendons à une baisse des profits de plus de 5% en Eurozone pour 2023, ce qui justifie notre vision prudente des marchés actions. 

La Chine en mode turbo

L’économie chinoise réouvre avec succès. La remontée de l’épidémie a été de courte durée et n’a pas empêché les ménages chinois de sortir de chez eux. Nous devrions désormais assister à une hausse magistrale de la consommation. Les ménages ont effectivement très peu consommé pendant les confinements et, même si nous n’avons pas vu de subventions massives dans ce pays, l’épargne récente est pléthorique. La sortie de confinement devrait donc voir la consommation décoller, par le défoulement de la frustration accumulée et aussi par rattrapage. Les actions chinoises et les valeurs des marques de prestige, très exposées au consommateur chinois, devraient en bénéficier. Nous surpondérons. 

Valeurs de croissance et valeurs défensives

L’année 2023 est une année de fort ralentissement pour l’économie mondiale. Les valeurs cycliques devraient donc avoir de la peine à produire des bénéfices. C’est d’ailleurs ce que nous observons dans les résultats des entreprises américaines. Ce sont principalement les valeurs cycliques qui ont déçu lors de la saison bénéficiaire. Nous surpondérons donc les valeurs défensives, comme la santé.Moins de croissance et moins d’inflation bénéficieront aux marchés obligataires. Si nous ne nous attendons pas à une baisse significative des taux longs, ils devraient au pire être stables. La porte est donc ouverte pour les valeurs de croissance. Nous conservons donc notre surpondération, d’autant que la croissance sera rare en 2023, et que les investisseurs pourront la trouver dans ces valeurs. La robotique et les énergies propres ont notre préférence. 

De belles perspectives pour les obligations émergentes

La résurgence de l’inflation a affaibli les devises émergentes. Effectivement, les investisseurs savent d’expérience que l’Amérique latine peine à maitriser l’inflation. L’histoire l’a montré à plusieurs reprises. Mais cette fois-ci les banques centrales ont été très actives et ont resserré énergiquement leur politique monétaire, quitte à faire souffrir l’économie. Et aujourd’hui, l’inflation commence à baisse, en témoigne le Brésil. Donc, des rendements élevés alors que l’inflation semble maitrisée, des devises sous-évaluées, la Fed bientôt en mode pause, nous surpondérons les obligations émergentes en monnaie locale. 

L'essentiel à retenir

Préférence pour les actions chinoises et les valeurs liées à la consommation du pays

Préférence pour les secteurs défensifs et les thèmes de croissance

La dette des pays émergents en monnaies locales devrait surperformer

 

* L’expression « Boucle d’or » ou « Goldilocks » en anglais fait référence au conte Boucle d’or et les trois ours, qui raconte comment la petite fille se régale de la soupe de l'ourson, ni trop chaude, ni trop froide... La suite, vous la connaissez!

dnca sommes nous a la veille d'un changement de cycle ?

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