Comme d’autres groupes financiers, Mirabaud tend à proposer son offre de fonds de capital-investissement aussi bien à ses clients privés qu’à ceux de ses partenaires.Le point sur les solutions du groupe suisse accessibles à la clientèle très haut de gamme en compagnie de Stéphane Jaouen, directeur général de Mirabaud France.
Investissement Conseils : Pourriez-vous nous présenter en quelques mots Mirabaud ?Stéphane Jaouen : Mirabaud est un groupe bancaire familial fondé en 1819 qui est dirigé par un collège d’associés constitué de quatre personnes, dont trois sont des descendants de la famille créatrice. Le groupe compte environ sept cents collaborateurs, une taille raisonnable qui nous permet d’assurer une proximité avec nos clients et de prendre des décisions rapides.Notre offre repose sur le conseil et la gestion pour compte de tiers, principalement du Wealth Management avec 36 milliards d’euros d’encours, aux trois quarts en provenance de clients privés, principalement des entrepreneurs, mais aussi de l’Asset Management d’actifs cotés et non cotés et du conseil en fusion-acquisition dans certains pays, essentiellement auprès des entreprises familiales de taille intermédiaire.Notre activité se veut très orientée à l’international avec douze implantations à travers le monde, en Europe (Suisse, France, Espagne, Italie, etc.), mais aussi en Amérique latine (Uruguay et Brésil), en Amérique du Nord et plus récemment au Moyen-Orient (Dubaï et Abu Dhabi).
Pourriez-vous nous en dire plus sur votre activité dédiée aux actifs non cotés ?Naturellement, le groupe a élargi ses activités sur le capital-investissement, il y a une dizaine d’années, et propose cette offre aussi bien à ses clients privés qu’à ceux de ses partenaires, essentiellement des cabinets de conseil en gestion de patrimoine et des family offices. En effet, le capital-investissement offre de la décorrélation et de la diversification aux patrimoines des clients privés. Ces derniers perçoivent le non coté comme un investissement plus concret et davantage connecté à l’économie réelle : l’impact de leurs investissements est plus perceptible pour eux et leur offre une dimension différente qui repose sur un thème ou des projets d’entreprises. Notre clientèle constituée d’entrepreneurs est aussi plus familière avec cet univers d’investissement.Cette activité comprend trois strates. Il s’agit tout d’abord d’apporter à nos clients une solution à la dramatique corrélation des actifs cotés lors des différentes crises financières qui se sont succédé ces quinze dernières années. Nous avons ainsi décidé d’intégrer du non-coté dans nos offres de mandats de gestion afin de mieux piloter la volatilité des portefeuilles de nos clients. Désormais, nous proposons deux gammes de mandats : la gamme Tradition, qui continue de reposer uniquement sur des actifs cotés (accessible à partir d’un million d’euros), et la gamme Signature (accessible à partir de 2 millions d’euros) qui intègre une dose d’actifs privés allant de 5 à 15 % selon le profil de risque du client via un fonds de fonds cogéré avec BlueSquare. Celui-ci se veut à la fois international et très diversifié, avec une vingtaine de véhicules sélectionnés parmi les plus grands gestionnaires internationaux.Par ailleurs, nous avons créé nos propres fonds : trois gérés à Paris (Mirabaud Grand Paris, Mirabaud Patrimoine Vivant et Mirabaud Lifestyle Impact and Innovation) et un à Genève (Regenerative Growth I).Enfin, nous proposons également un service de sélection de fonds externes via des mandats de conseil. A ce titre, nous ne sommes rémunérés que par honoraires. L’objectif est de sélectionner des fonds éligibles au dispositif de l’apport-cession ou de diversifier la poche d’actifs non cotés de nos clients au-delà des fonds que nous gérons.Notons également que pour certaines familles à la surface financière très élevée, nous sommes en capacité de créer des clubs deals immobiliers, comme il y a peu sur les murs d’un hôpital basé aux Etats-Unis, ou sur des infrastructures – sur une unité de production d’électricité verte par exemple – ou encore des opérations de co-investissement – par exemple dans le groupe Alain Ducasse, il y a deux ans.
Pourriez-vous nous présenter votre gamme de fonds « maison » ?Mirabaud Grand Paris est un fonds dédié à la promotion immobilière pour financer la construction de logements à la périphérie de Paris, principalement via la transformation de bureaux en logements. Nous intervenons ici en complément de fonds propres auprès des promoteurs immobiliers. Nous sommes en cours de levée sur le deuxième millésime, Mirabaud Sustainable Cities.Mirabaud Patrimoine Vivant investit, quant à lui, dans des sociétés européennes, principalement françaises, qui sont le plus souvent anciennes, et reposant sur une marque forte ou un savoir-faire unique. Nous les accompagnons en particulier dans leur volonté de passer un cap dans leur développement. Par exemple, nous sommes actionnaires de sociétés, telles que Alain Ducasse, Le Coq Sportif ou Mauboussin.Mirabaud Lifestyle Impact and Innovation finance des sociétés internationales, plutôt récentes, qui répondent aux nouvelles tendances de consommation. Il peut s’agir de mode, de Tech ou de mobilité urbaine, par exemple.Le fonds Regenerative Growth I, en cours de levée, opère dans le domaine de l’AgriTech, c’est-à-dire dans les entreprises qui apportent de l’innovation dans les systèmes de production agricole : systèmes alimentaires plus respectueux de l’environnement, préservation des ressources, etc. Pour cette stratégie, nous nous sommes associés avec la société de capital-risque suisse, Zebra Impact Ventures.Enfin, Mirabaud s’apprête à lancer un nouveau service qui investira dans l’écosystème de start-up suisses, aux côtés de certains fonds de venture-capital suisses.Ces fonds ont chacun levé autour de 150 millions d’euros. Ils sont construits autour d’une vingtaine d’opérations et ont une durée de vie pouvant aller jusqu’à dix ans. En revanche, nos fonds immobiliers ont une durée de vie plus courte, même si ce sera moins le cas pour notre fonds lancé avant la hausse des taux car nous nous sommes abstenus d’investir durant cette période. Néanmoins, les besoins restent aujourd’hui importants pour soutenir la relance du marché immobilier, et les opportunités d’achat, notamment d’actifs à revaloriser, sont nombreuses.
Pour quelles raisons privilégiez-vous les solutions d’investissement thématiques et sectorielles ?Notre volonté n’est pas d’être un acteur global, mais de répondre à des enjeux de société ou économiques de manière ciblée. Ces stratégies de niche répondent bien aux attentes de nos clients et sont aussi peu couvertes par les autres fonds du marché. Cette dimension thématique est le fruit de nos rencontres. Par exemple, Mirabaud Patrimoine Vivant a été créé suite à l’arrivée de Renaud Dutreil ; Regenerative Growth I a été lancé suite à nos échanges avec deux spécialistes du secteur, Lionel Artusio et Fabio Sofia, les cofondateurs de Zebra Impact Ventures.
Envisagez-vous élargir votre activité à la dette privée ?Nous y réfléchissons, et un véhicule pourrait en effet être prochainement lancé.