Natixis Investment Managers - Jerome Powell à Jackson Hole : vers une inflection de la politique monétaire ?

21/08/2024 - source : Patrimoine 24

Il semblerait que les attentes pour le prochain symposium économique de Jackson Hole soient plus élevées que d'habitude cette année. Bien que l’évènement organisé par la Fed de Kansas City et intitulé « Réévaluation de l'efficacité et de la transmission de la politique monétaire » débute jeudi, tous les regards seront tournés vers le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, qui s'exprimera vendredi à 16h. En effet, tous les investisseurs espèrent obtenir des indications sur la direction future de la politique monétaire. Pour nous, le ton de Powell sera crucial, et nous pensons qu'il sera plutôt accommodant. En clair, l'inflation continue de se rapprocher de l'objectif de 2 %, à un rythme apparemment plus rapide que prévu. Si l'on y ajoute des signes de fléchissement du marché du travail, il semble de moins en moins nécessaire de maintenir une politique monétaire restrictive. 

On peut s'attendre à ce que Jerome Powell réitère ce qu'il a dit lors des conférences de presse précédentes concernant les décisions de politique monétaire, à savoir la « dépendance aux données » et la « confiance accrue ». Alors que beaucoup commencent à penser que la Fed est déjà en terrain restrictif, étant donné la baisse de l'inflation sans baisse des taux, il faut tout de même s'attendre à une approche mesurée pour le cycle de détente. Cela pourrait se traduire par une série de baisses de 25 points de base à chaque réunion, ou peut-être toutes les deux réunions. Cependant, les données économiques détermineront le rythme. Compte tenu de la volatilité observée ces dernières semaines, les appels à une réduction de 50 points de base lors de la réunion de septembre se sont tus avec le retour au calme sur les marchés et l'apaisement des craintes d'un « désastre lié au dénouement de l'opération de portage sur le yen ». Les données économiques à venir seront probablement mitigées, offrant du grain à moudre tant aux optimistes qu'aux pessimistes. La croissance économique ralentit mais reste solide, un coup de mou qu’il ne faut donc pas confondre avec le début d'une récession. Les craintes concernant la croissance font partie du cycle économique, et un ralentissement depuis un niveau élevé de croissance nominale offre un certain coussin de sécurité.

Alors, qu'attendons-nous des propos de Powell ? De la clarté sur les points suivants. L'équilibre des risques est en train de changer, et cela devrait se refléter dans la gestion par la Fed de son double mandat : stabilité des prix et plein emploi. Les chances que l'inflation baisse sont désormais plus élevées que celles d'une réaccélération, et le risque d'une hausse du taux de chômage semble plus grand que celui d'une baisse. C'est ici que la « confiance accrue » prend tout son sens. La Fed est-elle convaincue que le travail nécessaire pour ramener l'inflation à 2 % est accompli, lui donnant ainsi cette confiance que Powell a souvent soulignée ? Et quels sont les compromis à faire entre le maintien d’une politique restrictive et la détérioration du marché du travail ? Le logement reste le seul facteur de rigidité dans les données sur l'inflation, et la Fed a reconnu l'effet retardé de ce poste. Powell a affirmé que le marché du travail est désormais plus équilibré, les pénuries, la recherche d'emploi et les pressions salariales résultant des distorsions dues à la pandémie étant largement derrière nous. Il n'est plus nécessaire de s’appuyer davantage sur le marché du travail pour ramener l'inflation à 2 %. Selon nous, cela donne à la Fed le feu vert pour ajuster sa gestion des risques, passant d’une priorité donnée à l'inflation à celle de l'emploi. « De meilleures données sur l'inflation » sont là. Nous en avons vu suffisamment dans les récentes publications, y compris une déflation sur une base mensuelle, pour justifier une telle décision.

Ne vous attendez pas à ce que Jerome Powell annonce une baisse de 50 points de base pour la réunion de septembre. Attendez-vous plutôt à ce qu'il parle du changement dans l'équilibre des risques, tout en laissant entendre que le cycle de détente commencera en septembre. Il insistera probablement encore sur la dépendance aux données, donnant ainsi à la Fed plus de flexibilité pour agir plus agressivement si les données se détériorent plus rapidement. Oui, le Fed Put sera de retour. Donc, même si nous ne nous attendons pas à un discours restrictif, une lecture attentive devrait confirmer ce que les marchés ont déjà anticipé : le cycle de baisses commencera en septembre. Il semblent avoir raison en prévoyant une baisse de 25 points de base lors de chacune des trois réunions d'ici la fin de l'année. Rien de surprenant ici, simplement la continuité, déjà en grande partie intégrée par les marchés.

Par Jack Janasiewicz, Portfolio Manager and Lead Portfolio Strategist chez Natixis IM

 

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