L’invasion de l’Ukraine par la Russie, première guerre d’agression transfrontalière en Europe depuis 1945, exacerbe les risques extrêmes sur les marchés, anticipe l’Institut de l’épargne immobilière et foncière (Ieif), dans sa dernière note de conjoncture.
L’incertitude actuelle risque de provoquer un désir d’accumulation d’épargne de précaution de la part des ménages et un attentisme sur les investissements de la part des entreprises, ralentissant la vitesse de circulation de la monnaie. «Entre goulot d’étranglement sur l’offre en biens manufacturiers, baisse du pouvoir d’achat et comportement de précaution, les revenus des ménages et les profits des entreprises pourraient être amputés, ce qui pèserait sur les emplois de bureaux, la demande placée et la solvabilité immobilière des agents privés», expliquent Béatrice Guedj et Pierre Schoeffler, Seniors Advisors de l’Ieif.
Avant l’invasion de l’Ukraine, la hausse des prix en Europe était essentiellement liée à la hausse du prix de l’énergie et aux tensions post-Covid sur les chaînes d’approvisionne-ment. La hausse du prix de l’énergie va s’intensifier et l’inflation pourrait connaître une nouvelle dynamique qui, si les pressions perdurent, pourrait véritablement déclencher des demandes de compensation salariale.
Potentiel ralentissement économiqueLa nouvelle fragmentation du commerce mondial avec l’isolement économique de la Russie ne peut déboucher que sur un régime d’inflation plus intense.
Les taux d’intérêt réels devraient rester en territoire négatifs, voire baisser, ce qui est une configuration favorable à l’immobilier. «A moyen terme, tout dépendra de l’ancrage de l’inflation dans les circuits économiques. Si cet ancrage est fort, la réponse de la Banque centrale européenne (BCE) sera plus appuyée et la normalisation plus rapide qu’escomptée jusqu’ici», préviennent les analystes. Le scénario d’un ralentissement économique en Europe couplé à une forte inflation, soit un épisode de stagflation, voit donc sa probabilité augmenter si une issue diplomatique n’est pas rapidement trouvée. «Durant ces périodes de stagflation, les loyers sont tirés à la hausse par le mécanisme d’indexation, mais face à des revenus amoindris, il est difficile de faire passer ces hausses aux locataires, sauf aux entreprises qui sont capables de répercuter la pression de leurs coûts de revient sur leurs prix de vente», rappellent Béatrice Guedj et Pierre Schoeffler.