La future place du PER dans l’épargne des Français

01/12/2021 - source : Investissement Conseils

Christophe fernandes OKFidelity International a mené une étude avec le cabinet Insight AM, dédiée au PER et à sa place demain dans l’épargne des Français. Il s’agit de regards croisés entre les épargnants et leurs conseillers financiers.

Lancé en octobre 2019, dans le cadre de la loi Pacte, le PERin a connu un succès rapide. Au 31 décembre 2020, le ministère de l’Economie et des Finances faisait état de près de huit cent mille ouvertures de contrats auprès de 2,8 millions d’assurés. Parmi les principaux enseignements de l’étude menée avec le cabinet Insight AM, on retrouve les éléments suivants:-pour 33 % des épargnants français, le financement de la retraite est la préoccupation première en matière d’épargne à long terme; -5 % des épargnants français déclarent déjà disposer d’un PER et 30 % ont l’intention d’y souscrire cette année; -75 % des distributeurs recommandent en priorité à leurs clients le PERin pour des problématiques retraite.

LE PER : UN PRODUIT BIEN NÉ ET ACCEPTÉCe véhicule est globalement souscrit par des personnes appartenant à des tranches d’âge où la retraite est la préoccupation première (81 % des 50-64 ans identifient la retraite comme leur sujet d’appréhension majeur) et qui avaient recouru aux véhicules retraite avant la loi Pacte. Néanmoins, la tranche 25-34 ans, peu intéressée par ce type d’enveloppes par le passé, participe aujourd’hui au développement du contrat (2 % de cette tranche d’âge disposait d’anciens contrats collectifs ou individuels pré-Pacte, tandis que 7 % ont souscrit à des PERin).

Les distributeurs se sont approprié le PER76 % des distributeurs proposent le PERin comme solution aux besoins d’épargne-retraite exprimés par leurs clients. C’est d’autant plus vrai pour les courtiers en assurances qui plébiscitent le produit (94 % des courtiers). Cependant, en termes d’encours, le PERin apparaît en bas du classement des solutions retenues comme complément de retraite par les épargnants (loin derrière l’assurance-vie multisupports et monosupport ou l’achat d’un bien à destination locative). Pourtant, les distributeurs considèrent à 70 % que leurs clients souscrivent à cette enveloppe face à la nécessité de se constituer un revenu complémentaire à l’approche de la retraite.

Un marché à potentielLes intentions de souscription s’avèrent néanmoins particulièrement élevées:30 % de notre panel d’épargnants déclarent envisager une ouverture de contrat dans l’année. Cet indicateur se trouve renforcé par le fait que 32 % des épargnants n’ont à ce stade pas encore réalisé leurs opérations de transfert des anciens contrats vers un PER, que 71 % des épargnants déclarent n’avoir jamais encore été sollicités par leur conseiller sur ce sujet et que 45 % des épargnants de 35-49 ans restent sous-informés au regard de leur revenu de remplacement à la retraite.

Un produit avant tout recherché pour ses avantages en matière de fiscalitéToutes les tranches d’âge mettent en avant la fiscalité avantageuse à l’entrée ou à la sortie comme atout à l’acquisition (20 % et 19 % respectivement). Les cas de déblocage anticipé, notamment en cas d’acquisition de la résidence principale constituent aussi un argument prépondérant pour les 25-34 ans (25 %). L’autre élément déterminant repose sur le choix à la sortie entre rente ou capital de façon totale ou partielle (argument avancé pour les 50-64 ans à hauteur de 21 %).

DES ÉVOLUTIONS POUR CONSOLIDER LE SUCCÈS DU PRODUITSi le produit est de création récente, des efforts en matière de communication/pédagogie s’avèrent nécessaires. Les épargnants de 50-64 ans positionnent le manque de connaissance du produit comme le principal frein à l’ouverture d’un contrat. En revanche, les distributeurs estiment, pour leur part, maîtriser l’ensemble des dispositifs du volet épargne de la loi Pacte, à 80 %, grâce notamment à l’accompagnement de leurs partenaires assureurs (72 %).

Des éléments critiquesUne meilleure transparence à ce stade sur les frais ressort explicitement dans les critères à même d’inciter les épargnants à souscrire à un PER (33 % positionnent cet argument comme un frein à la souscription). Ils affichent, en outre, des attentes en matière de compréhension des avantages fiscaux associés au produit, mais aussi sur la vision à échéance du capital obtenu. L’absence de conseil continu (24 % des épargnants ne s’appuient que sur eux-mêmes ou leurs proches en matière d’épargne-retraite), les difficultés de compréhension de la différence entre gestion libre et pilotée (41 % des 50-64 ans), le besoin d’accompagnement des distributeurs (courtiers et conseillers bancaires) quant aux options de sortie du contrat mettent en évidence que l’autonomie recherchée par les épargnants doit être encadrée avec pédagogie. Il ne s’agit pas d’une simple assurance-vie.

Différents publics à conquérirLes produits d’épargne-retraite n’avaient pas su capter l’attention des plus jeunes. Le PER semble aujourd’hui les intéresser, sachant qu’ils peuvent opérer un déblocage anticipé des actifs pour l’acquisition de leur résidence principale (sans toutefois pleinement en maîtriser les conséquences fiscales). Des offres spécifiques à ces populations mériteraient d’être mises sur le marché. Cependant dans les choix de gestion réalisés par les épargnants, nous notons une relative prudence par toutes les tranches d’âge (même si la gestion libre recueille les suffrages majoritaires des moins de 50 ans). La part du fonds en euros (en gestion libre) représente une allocation majoritaire de 30-50 % et les fonds à horizons font partie des choix privilégiés en matière d’UC (deuxième choix après les fonds en actions).

Les enjeux d’un produit fiscalLe PER est un produit hybride car toutes ses caractéristiques ne correspondent pas pleinement à une enveloppe fiscale. La saisonnalité des souscriptions par exemple:bien que des pics soient constatés en fin d’année, l’ouverture et les transferts de contrats sont étalés tout au long de l’exercice, ce qui peut expliquer les reproches avérés des distributeurs sur l’efficacité opérationnelle des back-offices (56 % des distributeurs souhaitent une meilleure fluidité). Toutefois, une partie des ouvertures des contrats est réalisée pour motif fiscal. La crainte des distributeurs sur la pérennité du dispositif tient à l’absence de stabilité dans ce domaine dans notre pays, tout en arguant que la réforme attendue sur le régime de retraite général peut constituer un fort levier de développement (53 % des distributeurs).

SYNTHÈSELa préparation de l’avenir retraite constitue l’une des principales préoccupations des Français, un sujet qui semble avoir été bien appréhendé par les conseillers financiers et les réseaux d’assurance. Au regard des tendances en cours, ce marché devrait continuer à croître dans les prochaines années, à mesure que les simplifications des dispositifs d’épargne retraite, apportées notamment par la loi Pacte, continueront de se faire ressentir. Pour autant, des sujets tels que la fluidité des opérations de transferts de comptes, le besoin de pédagogie ainsi qu’en offres dédiées, pourraient devenir des problématiques structurelles dans cet univers. Dans le même temps, ils représentent également une aubaine pour des acteurs clés comme les sociétés de gestion et leurs partenaires assureurs, visant à développer des produits dédiés à l’avenir financier de leurs clients.

Christophe Fernandes, directeur commercial relations partenaires chez Fidelity InternationalAchevé de rédiger le 15 novembre