Ce n’était pas un duel mais un massacre ! Si cela avait été une rencontre sportive, les spectateurs auraient quitté le stade avant la fin de la rencontre, tant le match était déséquilibré. Donald Trump a ainsi écrasé Nikki Haley lors du Super Tuesday avec 855 délégués attribués contre 19 pour l’ambassadrice.
Arnaud Benoist-Vidal, gérant d’actifs.
Son avance cumulée était tellement importante (1061 contre 91) et à un niveau si proche des 1215 délégués nécessaires pour briguer l’investiture républicaine, que sa rivale a préféré jeter l’éponge. Fort de ce succès et avec le soutien de la Cour suprême qui le qualifie d’éligible, le milliardaire américain, seul en lice, est quasiment assuré d’être officiellement nommé candidat, par son parti, le 18 juillet, pour le scrutin présidentiel du 5 novembre face à Joe Biden. Le président sortant est lui aussi engagé dans une course sans surprise, puisque son avance dans les primaires démocrates est également sans appel (1596 contre 3 pour Jason Palmer, inconnu victorieux dans les Samoa). Sauf rebondissement imprévu pour des raisons juridiques ou de santé, les électeurs américains devront choisir une seconde fois entre Joe Biden et Donald Trump pour leur prochain président.Quelles sont les conséquences pour les marchés en cas de victoire de l’un ou de l’autre ?
Historiquement, les marchés préfèrent la continuité et détestent l’incertitude, réagissant positivement quand le président sortant est réélu. Fait exceptionnel cette fois- ci, le choix se portera sur deux anciens présidents - le 45ème et le 46ème de l’histoire du pays - dont on peut mesurer factuellement les conséquences de leur politique passée sur l’activité économique et sur les actifs financiers. Joe Biden, avec un taux de chômage qui est tombé à 3,5% en mars 2023, au plus bas depuis 1969, avant de remonter légèrement à 3,7%, a un bilan très positif. Donald Trump a fait réduire cet indicateur de plus de 1% (de 4,7% à 3,60%) avant la pandémie, qui a fait exploser ce chiffre à 13%, soit la donnée la plus élevée depuis la seconde guerre mondiale. La bourse américaine a fortement progressé au cours des deux présidences. Ainsi, L’indice S&P500 a bondi de 59% avec les dividendes au 20 février 2024 sous Joe Biden, contre 68% au 20 février 2020 sous Donald Trump, avant la panique liée à la pandémie.
Au-delà de l’aspect pécunier, le retour de Donald Trump est avant tout une mauvaise nouvelle pour notre planète, puisqu’il a annoncé vouloir se retirer une seconde fois de l’accord de Paris, mettre fin au socialisme vert et couper les subventions pour la transition énergétique. Selon le site d’information britannique Climate Brief, les États-Unis émettraient 4 milliards de tonnes supplémentaires de gaz à effet de serre d’ici 2030 en cas de réélection de Donald Trump ! Selon l’organisme EPFR, les Fonds actions ESG cette année ont décollecté plus de 14 milliards de dollars toute zone géographique confondue, dont 7,5 milliards de dollars rien qu’aux États-Unis. Cette tendance contraste drastiquement avec les 13 milliards de dollars de collecte sur les actions américaines depuis le début d’année. La seule consolation repose sur les flux positifs de plus de 10 milliards de dollars au niveau mondial dans les Fonds obligataires ESG, comprenant également les Fonds américains. La désaffection est forte sur le secteur de l’énergie solaire, dont l’indice MAC Global Solar Energy est en baisse de quasiment 15% cette année. Un rejet de la loi I.R.A (Inflation Reduction Act), mettrait en péril le plan de 400 milliards de dollars de subventions dans la transition énergétique, soit 1 000 milliards de dollars d’investissements. Cependant rejeter une loi nécessite une forte majorité dans les deux chambres. Même en cas de victoire totale le 5 novembre 2024, le scénario de lois de finances rectificatives pour modifier la loi I.R.A. plutôt que de la rejeter est la stratégie la plus probable en cas de victoire Républicaine. Dans tous les cas, l’automobile et toutes les sociétés non américaines exportatrices vers les États- Unis sont susceptibles de souffrir de probables taxes à l’importation.
Saluons le nouveau record de l’indice CAC40 qui a franchi le seuil des 8 000 points, sous l’impulsion de valeurs sensibles à l’activité économique. La probable baisse des taux de la BCE d’ici juin, comme sous entendue par Christine Lagarde ce 7 mars, prolonge le rallye boursier, avant l’incertitude liée aux élections de novembre prochain outre-Atlantique
Par Arnaud Benoist-Vidal, gérant d’actifsPour consulter la lettre hebdomadaire dans son intégralité, cliquez ICI.
Pour accéder au site, cliquez ICI.