© Karos
Karos propose aux collectivités et entreprises de proposer à leurs administrés et salariés un service de covoiturage quotidien et périurbain. Créée il y a dix ans, elle s’est déjà fortement développée en France et à l’international, en ayant recours à des fonds de Private Equity, notamment via Eiffel IG. Présentation de cette solution dans l’air du temps.
Après plusieurs années passées dans le financement et le développement de PME innovantes et auprès de leurs dirigeants, Olivier Binet décide de se lancer à son tour dans l’aventure entrepreneuriale. En effet, il a travaillé durant plus de dix années chez des sociétés de Private Equity, notamment Bridgepoint et Astorg. Il se lance avec l’idée de développer un service de covoiturage de courte distance selon l’idée que les transports publics s’avèrent peu efficaces dans les zones urbaines étendues. « L’offre n’était alors réservée qu’aux parcours de longue distance. Or les impacts environnementaux des transports sont colossaux, notamment pour les trajets périurbains quotidiens qui ne sont pas couverts par les transports en commun, et cela s’intègre parfaitement dans la politique RSE d’une entreprise. Le potentiel était donc réel », explique Olivier Binet.
Rapidement, il se rend compte qu’il doit développer une technique nouvelle pour pouvoir apprivoiser les habitudes quotidiennes de mobilité des utilisateurs, qu’ils soient passagers et conducteurs, de son application. Il démarche alors des ingénieurs informaticiens sur LinkedIn, échange avec une trentaine d’entre eux, avant de rencontrer Tristan Croiset, alors chez Criteo, avec qui il s’associe pour fonder Karos en 2014.
Uniquement orienté vers le BtoB
Si les deux premières années sont dédiées au développement de la technologie, les premiers clients sont signés en 2017. Contrairement aux solutions de covoiturage classiques, l’offre sur abonnement est alors orientée uniquement en BtoB : collectivités locales et entreprises. Elle se veut résolument dans l’ère du temps : baisse des coûts de transport (carburant, amortissement du véhicule), économie en termes d’infrastructures pour les collectivités locales (pas de prolongement des lignes), réduction des émissions de gaz à effet de serre… « Pour nos clients entreprises, Karos apporte de la valeur, renforce l’engagement des collaborateurs et améliore l’accessibilité au site. Pour les collectivités, Karos leur évite d’étendre leurs réseaux d’infrastructures », note le CEO de Karos.
Par exemple, à Lyon, l’offre Karos est intégrée dans le forfait TCL des usagers des transports en commun, la même solution étant adoptée en Ile-de-France avec Ile-de-France Mobilité (deux covoiturages par jour sont intégrés au forfait). La société collabore également avec les Pays de la Loire, Aix-Marseille, Toulouse…
Du côté des entreprises par exemple, un contrat a été signé avec Michelin : les salariés ne paient pas leur covoiturage, lequel est intégré dans leur forfait mobilité durable.
Du côté des conducteurs, ceux-ci sont, en moyenne rémunérés, 2 euros pour vingt kilomètres, et la société peut leur délivrer des certificats d’économie d’énergie (100 euros versés au dixième covoiturage réalisé).
Des investisseurs de renom
En 2018, Eiffel Investment Group s’est positionné par l’intermédiaire d’un des FCPI de la gamme Alto Innovation. « Les actionnaires de Karos s’étaient déjà appuyés sur quelques business angels et étaient proches pour financer leurs premiers exercices (Xavier Niel, Franck Le Ouay, Michael Benabou ou encore Charles Egly, ndlr), note Franck Halley, gérant chez Eiffel Investment Group. Nous avons investi au sein de Karos à un stade de développement relativement tôt par rapport à nos habitudes. En effet, nous visons davantage les sociétés déjà rentables. Si Karos commençait à peine à générer du chiffre d’affaires, sa technologie était mature, son modèle économique abouti, et nous avons été séduits par le duo de dirigeants, très complémentaire, l’un très technique, l’autre plus financier et de conviction. Chez Eiffel Investment Group, nous recherchons des équipes qui savent mener une stratégie de développement. Nous pouvons toutefois les accompagner pour structurer leur financement, discuter avec de nouveaux investisseurs et réaliser des opérations de croissance externe. Nous apportons également notre savoir-faire sur le plan extra-financier. Avec Karos, il existe encore beaucoup de développement à venir, aussi bien en France qu’en Europe, avec une concurrence réelle, mais pas encore féroce. L’équipe en place nous sécurise. »
Une stratégie de croissance raisonnée
Fort de ce nouveau partenaire financier, Karos se développe donc en France, auprès des collectivités et des entreprises. L’année 2019 est celle d’un développement rapide. Dès l’année suivante, la société exporte son modèle en dehors de nos frontières. En effet, Karos est aujourd’hui implanté désormais dans trois pays et de trois façons différentes. Olivier Binet explique : « Nous avons tout d’abord conclu un accord de licence de marque avec une société d’assistance automobile danoise qui souhaitait diversifier son offre. Notre système est donc proposé en marque blanche. Cela nous permet d’être immédiatement rentables et apporte du cash à l’entreprise. En Allemagne, nous avons réalisé une acquisition. Ce type d’opération permet de gagner du temps, en touchant tout de suite une large clientèle, mais se pose aussi le problème de la bonne intégration des équipes. Enfin, en Espagne, nous partons de zéro, suite à la sollicitation d’une collectivité locale, avec comme avantage de bien maîtriser notre modèle et comme inconvénient la lenteur du démarrage de l’activité ».
Eiffel IG a ensuite réinvesti deux fois, lors de levées de fonds plus importantes, aux côtés d’acteurs institutionnels, comme Macif (via Macif Innovation) et la Commission européenne (via l’EIC Fund) en 2020, et, en fin d’année dernière, en compagnie des fonds à impact Citizen Capital et Ring Capital (17 millions d’euros levés).
Aujourd’hui, Karos a noué des contrats avec soixante-dix collectivités locales dans quatre pays et cinq cents entreprises, telles que EDF, Saint-Gobain, La Poste, Airbus ou encore Safran. Elle collabore également avec les gouvernements français et à l’étranger pour apporter les solutions permettant aux populations de franchir le pas de la sobriété énergétique.
La société consolide actuellement ses positions dans les différents pays où elle officie et pourrait, d’ici la fin de l’année, s’installer dans un cinquième pays européen. En revanche, si elle a été sollicitée pour d’autres activités (transport de colis ou livraison de courses), cette diversification n’est, pour l’heure, pas à l’ordre du jour.