Selon Ariel Bezalel et Harry Richards, Gérants, Fixed Income chez Jupiter, la croissance mondiale continuera de ralentir dans les mois à venir, entraînant une nouvelle baisse de l'inflation, ce qui accroît la probabilité d'une réduction des taux vers la fin de l'année.
Les discours des banques centrales de la semaine dernière ont confirmé notre thèse de longue date, à savoir qu’elles peuvent désormais mettre en exergue le ralentissement de l’inflation et qu’elles sont à la fin ou presque de leur cycle de resserrement monétaire. Dans le même temps, les banques centrales restent convaincues qu’un atterrissage en douceur est possible à l’échelle mondiale.
Selon nous, au fur et à mesure que nous avançons dans l’année, l’impact du resserrement massif des douze derniers mois se fera de plus en plus sentir sur la croissance mondiale, ce qui entraînera une décélération de l’inflation et la probabilité d’une baisse des taux vers la fin de l’année. Les obligations gouvernementales restent donc très attrayantes à ces niveaux, notamment sur les marchés dont les taux sont élevés comme les États-Unis et l’Australie.
Notre préférence va aux obligations d’états pour lesquels nous estimons que la banque centrale arrive à la fin de son cycle de resserrement. Cela inclut les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud. Nous avons vu des pays comme le Canada, le Brésil, le Mexique et le Chili passer en position d’attente. Nous pensons que cette liste est appelée à s’allonger dans les semaines et les mois à venir. Par ailleurs, il convient de mentionner qu’il existe une importante position courte sur les bons du Trésor américain au sein de la communauté spéculative. A notre avis, il s’agit de positions courtes héritées de l’année dernière, mises en œuvre par de grands fonds spéculatifs macro. Si la situation de l’inflation continue de s’améliorer, ces positions courtes sont susceptibles de capituler et de pousser encore plus loin les taux à la baisse.
La décision du Comité Fédéral de l’Open Market (FOMC) est globalement conforme aux attentes des marchés, avec toutefois quelques nuances. La Fed a relevé les taux de 25 points de base supplémentaires pour les porter à 4,50%-4,75%, comme prévu par le marché. La déclaration a continué de souligner la nécessité d’un nouveau resserrement dans les mois à venir, mais le ton de Jerome Powell lors de la conférence de presse était probablement légèrement plus accommodant que ce que le marché attendait.
Powell a souligné à plusieurs reprises comment la Fed reconnaît (et se félicite) que le processus de « désinflation » ait commencé. Cela s’applique particulièrement aux biens et devrait bientôt s’appliquer également au logement. Les services de base hors logement restent la principale préoccupation de la Fed. L’évocation habituelle des décalages des effets de la politique monétaire a été le principal élément pour justifier la nécessité d’examiner les futures publications d’indicateurs pour mieux définir la voie à suivre. Dans l’ensemble, cela correspond à notre vision d’une Fed progressivement moins agressive dans les mois à venir. Les indicateurs avancés (par exemple, le dernier indice ISM des directeurs d’achat de l’industrie manufacturière) continuent de souligner la faiblesse de l’économie, mais le marché de l’emploi, du moins en apparence, reste particulièrement fort, avec des ouvertures de postes qui compensent certaines des pertes observées ces derniers mois. Nous continuons de penser que cette vigueur nous semble exagérée, les réductions d’effectifs devenant une constante dans les prévisions des entreprises américaines. Conséquences en termes d’investissement : nous restons constructifs sur les bons du Trésor américains et trouvons les niveaux actuels de la courbe américaine attractifs.
Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre (BoE) a procédé à la hausse des taux de 50 points de base attendue, mais a souligné que des augmentations pourraient suivre lors des prochaines réunions. Dans le même temps, le comité a révisé ses sombres prévisions économiques précédentes, reconnaissant que les changements récents pourraient rendre la récession au Royaume-Uni moins certaine et, en tout cas, moins forte et moins prolongée. Dans l’ensemble, les marchés perçoivent pour l’instant le message comme légèrement plus accommodant, les gilts ayant enregistré une performance relativement forte après la déclaration. Nous considérons toujours que l’inflation et la croissance au Royaume-Uni sont plus incertaines que dans d’autres régions du monde et, pour le moment, nous préférons exprimer nos opinions sur les taux ailleurs.
Enfin, dans la zone euro, la Banque Centrale Européenne (BCE) a également procédé à la hausse de 50 points de base attendue, portant le taux de dépôt à 2,5%. Dans un message quelque peu ambigu, la présidente Lagarde a exprimé son intention de s’en tenir au rythme de 50 points de base lors de la réunion de mars, mais a continué à décrire une approche « réunion par réunion » en fonction des données à venir. Les risques pour la croissance et l’inflation deviennent plus équilibrés grâce à l’évolution positive des marchés de l’énergie. La réaction globale du marché a été une fois de plus positive, les taux des obligations d’état allemandes se déplaçant largement à la baisse et les spreads périphériques se resserrant. Nous pensons que les perspectives de taux de la zone euro restent incertaines. Dans le même temps, la dynamique de l’offre pour les trimestres à venir semble plutôt défavorable pour les investisseurs, avec beaucoup de nouvelles émissions nettes arrivant sur le marché. Aussi, dans ce cas, nous préférons exprimer notre point de vue macro/taux ailleurs.
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