Phil Macartney, spécialiste des actions européennes chez Jupiter AM, estime que les valeurs bancaires présentent plus de risques que de perspectives de plus-values.
Même lorsque la conjoncture est favorable, Phil Macartney, gérant de portefeuille d’actions européennes chez Jupiter Asset Management, affirme que l’acquisition d’actions du secteur bancaire comporte plus de risques que d’avantages. « Je me souviens très bien, fait-il remarquer, que, lors de mon premier emploi en 2007, un collègue s’est précipité à l’agence Northern Rock la plus proche et rejoint les rangs de ce qui ressemblait littéralement à une ruée vers les banques. » Aujourd’hui, à l’ère du numérique, personne ne s’est rué à la Silicon Valley Bank, à la Signature Bank ou au Crédit Suisse. Mais… le résultat a été le même !
La complexité du système financier fait qu’il est souvent très difficile de repérer les failles avant qu’il ne soit trop tard. Comme dans d’autres secteurs, les investisseurs peuvent gagner de l’argent en investissant dans les banques, mais Phil Macartney pense que les risques l’emportent sur les rendements potentiels. Les banques sont de « vastes structures » où des instruments financiers sont créés et échangés chaque jour. « La gestion des risques, commente-t-il, est extrêmement importante. Il est essentiel pour une direction générale d’être efficace et de savoir clairement où se situent les dangers. C’est là que réside le problème, car les investisseurs ne comprennent pas forcément où se cachent les risques. »
Attention particulière et dose de chance
Un système bancaire qui fonctionne nécessite de la confiance. Si le marché a le sentiment que les fondations se fissurent, tous les investisseurs et tous les épargnants ne pourront pas bénéficier d’une porte de sortie. « A notre avis, insiste le spécialiste de Jupiter AM, l’investissement dans les banques requiert une attention particulière, un pari sur des inconnues méconnues et une bonne dose de chance. » Cela dit, la principale raison pour laquelle le stratégiste évite le secteur tient au fait que l’industrie s’est banalisée et qu’elle est à long terme dans l’incapacité de fixer ses prix. Au RoyaumeUni, la concurrence est telle que les agences bancaires se transforment en salons de toilettage ou en cafés ! Dans le même temps, les banques exclusivement numériques prennent des parts de marché, au détriment des infrastructures traditionnelles.
« Au cours des décennies précédentes, continue Phil Macartney, la transparence des prix était relativement faible et la fidélité des clients était relativement élevée. L’ère numérique a considérablement renforcé la transparence des prix et réduit la solidité des relations avec les clients, ce qui pèse sur les marges. » Pour compenser, certaines banques choisissent de créer des produits plus complexes, d’offrir des prêts plus agressifs ou d’abaisser les seuils de risque, ce qui augmente la « probabilité d’un naufrage ». Sans compter que la réglementation est de plus en plus stricte…
Au sein du secteur financier, il existe néanmoins des opportunités, à l’instar de Nexi, fournisseur italien de services de paiement numérique. Si l’objectif du professionnel est de trouver des rendements attrayants qui soient supérieurs au coût du capital, les pressions concurrentielles, le renforcement de la réglementation et la transparence des prix font que les rendements des banques suivent une tendance globalement baissière. A noter, par ailleurs, que l’une des principales caractéristiques de l’approche d’investissement de Jupiter AM est d’éviter l’adoption d’un point de vue maison. Les gérants formulent librement leurs propres opinions, lesquelles peuvent différer de celles de leurs collègues.
ML