Jean-Charles Bertrand, directeur des investissements en gestion diversifiée chez HSBC Global AM, nous a accordé un entretien exclusif en cette fin d’année hors normes, faisant part de ses vues de marché pour 2021.
Le directeur des investissements en gestion diversifiée (110 Md€ d’encours, avec des équipes à Paris, Londres, Hong-Kong et Düsseldorf, notamment) chez HSBC Global Asset Management, Jean-Charles Bertrand, nous a accordé un entretien exclusif en cette fin d’année hors normes, faisant part de ses vues de marché pour 2021 et des allocations d’actifs qui en découlent.
Comment votre stratégie de gestion a-t-elle évolué cette année ?
Si nous n’avons pas prévu la pandémie, nous avons diminué nos pondérations en actifs les plus risqués à partir de fin février-début mars, dans un contexte de forte incertitude. Fin avril, nous avons commencé à remonter notre exposition aux actions. Fin octobre, celles-ci étaient surpondérées de 4 ou 5 points par rapport à un indice composite 50 % actions-50 % obligations. Il y a eu une cohérence entre la baisse des marchés et l’intensité de la crise de la Covid-19.
Mais, contrairement à 2008, où le problème était lié à des déséquilibres financiers, le rebond observé en 2020 a été très rapide, comme après le krach de 1987, ce qui s’explique par le fait que ces baisses de marchés sont liées à des évènements spécifiques. A mi-décembre, les actions américaines gagnaient plus de 15 %. Sur l’exercice, en dépit de la volatilité des marchés, les performances relatives de nos fonds ont été plutôt bonnes.
La situation actuelle vous préoccupe-t-elle ?
Nous estimons qu’il n’y a pas de profonde remise en cause des perspectives économiques et que les dommages liés à la Covid-19 se corrigeront dans les prochains mois avec les campagnes de vaccination. D’une ampleur inédite et décidés à une vitesse incomparable, les soutiens des banques centrales, prêtes à se montrer toujours plus accommodantes, et des gouvernements, disposés à actionner tous les leviers à leur disposition (budget européen, plan de relance américain…), offrent de surcroît une protection à la baisse des marchés.
Nous tablons sur un retour progressif à la normale, qui devrait pleinement se vérifier au second semestre 2021.
Dans quels fonds votre stratégie multi-actifs s’illustre-t-elle ?
Nous proposons trois grandes gammes de fonds diversifiés : HSBC Mix, HSBC Select et HSBC World Selection. Nous panachons classes d’actifs, titres en direct, parts de fonds, ETF et instruments de diversification (matières premières et or, yen, franc suisse…). Dans les fonds grand public, nous n’avons pas de non-coté ni de gestion alternative, car nous devons assurer une liquidité quotidienne à nos clients.
Nous préférons nettement les actions européennes aux actions américaines et avons aussi une prédilection pour les marchés émergents (Asie et Amérique latine). Nous sous-pondérons les valeurs technologie américaines mais, pour nous, il n’y a pas de bulle techno outre-Atlantique, la croissance annuelle des bénéfices du secteur étant supérieure à 15 %. En ce qui concerne les thèmes liés aux « mégatendances, nous avons, par exemple, choisi l’automatisation et la santé. A ce propos, précisons que HSBC Global AM prépare le lancement de fonds thématiques.
Nous apprécions également les petites et moyennes valeurs ainsi que le style « value » (dans les secteurs cycliques de la banque, de l’énergie ou de la construction…), très en retard par rapport aux grandes valeurs et au style « growth ». Du côté des obligations, les taux étant au plancher, les emprunts d’Etat sont réduits à la portion congrue : leurs rendements ne compenseraient pas un recul des actions. Les obligations d’entreprises sont plus attrayantes.
Nos portefeuilles sont extrêmement bien diversifiés et comportent plusieurs centaines de lignes (en direct ou au travers d’investissements dans d’autres fonds). Et, last but not least, les critères ESG sont intégrés à tous nos processus d’investissement. Nous avons aussi lancé une gamme de fonds spécifiques : HSBC RIF [Responsible Investment Funds] - SRI.
Propos recueillis par Michel Lemosof