Il y deux ans, Apax Partners (5 milliards d’euros sous gestion) lançait le FCPR APEO qui depuis a collecté plus de 300 millions d’euros via l’assurance-vie. Retour sur ce lancement réussi en compagnie de son président, Eddie Misrahi.
Profession CGP : Pour quelles raisons aviez-vous décidé de lancer le fonds Apax Private Equity Opportunities (APEO) en novembre 2020 ?
Eddie Misrahi : La loi Pacte nous a offert l’opportunité de pouvoir lancer un produit accessible au grand public via les UC des assurances-vie françaises ou le PER individuel. Avec une première exclusivité avec BNP Paribas Cardif, nous avons défini les contours du produit Apax Private Equity Opportunities désormais accessible chez six autres assureurs (Spirica, AXA, AG2R La Mondiale, Swiss Life, Sogecap et Vie Plus) et diverses plates-formes de distribution. Le succès a vite été au rendez-vous puisque nous avons collecté 150 millions d’euros dès la première année puis 150 millions d’euros sur les neuf premiers mois de l’année 2022.
Notre arrivée sur le marché s’est également accompagnée de beaucoup de pédagogie et de communication auprès de nos distributeurs. Les CGP ont été enthousiastes dans leur ensemble. C’est d’ailleurs grâce à leurs interventions que nous avons élargi nos référencements chez divers assureurs.
Comment expliquez-vous ce succès ?
Depuis longtemps, la demande de la clientèle privée est forte sur le private equity et cette ouverture à l’assurance-vie a permis d’élargir le cercle de clients éligibles en abaissant fortement le seuil d’accès, parfois à partir de 5 000 euros sur certains contrats, et en apportant de la liquidité. En effet, jusqu’ici nous ne pouvions nous intéresser qu’à une clientèle en capacité de mobiliser au minimum 100 000 euros, bloqués sur plusieurs années dans nos fonds fermés.
Par ailleurs, l’environnement macroéconomique est favorable à la classe d’actifs à la fois résiliente et performante. Les taux se relèvent, les marchés sont incertains… cela vient renforcer la volonté des épargnants d’investir dans l’économie réelle.
Enfin, notre marque joue un rôle important : les assureurs nous connaissent bien puisqu’ils sont pour certains investisseurs dans nos fonds fermés et reconnaissent notre professionnalisme et nos performances.
Côté firme, nous sommes nous aussi en forte expansion puisque notre équipe se compose désormais de 70 collaborateurs, dont une quarantaine dédiés à l’investissement, et nous prévoyons une douzaine de recrutements en 2023.
De quelle façon est investi APEO ?
Il s’agit d’un fonds evergreen, c’est-à-dire d’une durée de vie de 99 ans. Ce fonds se positionne en co-investissement avec nos autres stratégies, Apax Development et MidMarket. Il est donc investi sur des opérations de LBO sur des PME françaises (Apax Development) et des ETI européennes, en particulier en France, au Benelux et en Italie (Apax MidMarket), qui opèrent sur quatre secteurs d’activités : tech & telecoms, biens de consommation, santé et services financiers.
Nous ne visons que des entreprises rentables, en croissance forte et qui opèrent sur des segments de l’économie eux aussi en forte expansion : en bref, nous investissons dans des champions locaux pour en faire des leaders internationaux. Nous nous appuyons sur des équipes dirigeantes visionnaires et expérimentées auxquelles nous pouvons avoir un apport financier et extra-financier pour accélérer leur croissance. Cet apport peut aussi bien porter sur leur transformation digitale, leur développement durable ou leur capacité à accélérer leur croissance via des opérations de croissance externe ou d’extension géographique.
Un mot sur la liquidité du fonds ?
Pendant les cinq premières années de la vie du fonds, il n’y a pas de liquidité offerte par Apax : c’est donc à nos partenaires assureurs de garantir la liquidité selon les conditions prévues par l’assurance-vie. Passées ce délai de cinq ans, les sorties sont possibles chaque trimestre à hauteur de 5 % de la NAV (valeur nette des actifs), avec un maximum de 10 % par an.
Notons par ailleurs que l’AMF impose que le fonds maintienne 10 % de la NAV en permanence en cash.
Quel est l’impact de la hausse des taux et de l’inflation pour votre activité ?
Les entreprises que nous détenons souffrent peu car elles disposent d’un fort pricing power et leurs managements ont su s’adapter. Pour notre marché, on observe un ralentissement des transactions et une hausse du coût de la dette. Dans certains secteurs, les valorisations se sont contractées, mais au 30 juin dernier, la valeur de notre portefeuille était en hausse de + 1 %.
Pourriez-vous lancer de nouveaux produits dédiés à l’assurance-vie ?
Ce n’est pas notre volonté aujourd’hui en France, mais nous pourrions élargir la collecte d’APEO à d’autres pays européens.