Harvest, leader des logiciels patrimoniaux en France, et Fidroit, l’expert en ingénierie patrimoniale, se rapprochent. La holding Winnipeg Participations (contrôlée par Five Arrows, fonds de Rothschild & Co) va détenir les deux entreprises désormais sœurs. Extraits de notre rencontre (en visio) avec Virginie Fauvel, PDG d’Harvest, et Olivier Rozenfeld, PDG de Fidroit.
Propos recueillis par Jean-Denis Errard
C’est une révolution cette alliance !
Virginie Fauvel : oui c’est le mot juste et nous avons beaucoup de retours très positifs tant de nos clients respectifs que de nos collaborateurs.
Olivier Rozenfeld : En interne, cette annonce a suscité une standing ovation. A l’idée de collaborer avec les équipes d’Harvest l’emballement a été total tant les complémentarités sont évidentes. L’adhésion a été sans réserve. Donc nous allons pouvoir maintenant rendre effective cette alliance. Comme l’a énoncé le philosophe américain Emerson, « les affinités s'affirment avec une réciprocité », les conditions sont réunies pour que ce soit le cas.
Mais vous avez dépassé les étapes de due diligence ?
VF : Oui. Nous sommes tombés d’accord sur tout, notamment sur la gouvernance. Les deux marques demeurent, avec un holding de tête Winnipeg Participations.
Comment vous est venue cette idée de vous rapprocher ?
VF : J’ai rejoint Harvest le 8 septembre dernier et le premier dossier que j’ai trouvé sur mon bureau c’était « Fidroit ». Une semaine après j’ai appelé Olivier. Nos échanges ont été très simples et très directs. L’apport de Fidroit dans la corbeille de mariage en termes de contenus, de formation, d’annuaire digital des CGP a pesé lourd pour nous. Et inversement je pense que notre expertise en matière de logiciels patrimoniaux permet de construire avec Fidroit une offre patrimoniale à 360°.
OR : Les discussions ont commencé il y a deux mois. En dix semaines nous sommes passés d’une idée à une réalité. Avant cela beaucoup de professionnels nous avaient fait part de leur souhait qu’il y ait une plus grande collaboration entre les deux maisons. Utilisant les outils de Fidroit comme ceux d’Harvest ils attendaient une meilleure communication entre nos univers respectifs. En discutant avec Virginie nous nous sommes dit « pourquoi ne pas aller plus loin qu’en établissant des passerelles entre nous ? » Nous avons eu l’envie de passer d’un positionnement de prestataires à une stature de partenaire de référence pour permettre aux professionnels de gagner en performance auprès de leurs clients. Le prérequis pour y arriver c’était de mettre en œuvre notre alliance. La confiance des professionnels n’en sera que plus forte.
Comment va se dérouler concrètement ce rapprochement ?
VF : J’insiste, nos marques vont coexister. La holding Winnipeg Participations n’est qu’une structure capitalistique. Notre feuille de route maintenant c’est justement de mettre en place la collaboration entre les équipes. Ce n’est pas l’un qui avale l’autre, j’y tiens beaucoup. Le but n’est pas non plus de construire une entreprise monolithique. L’objectif c’est de de générer plus de valeur pour nos clients qu’ils soient indépendants, banquiers privés ou autres, et encore plus pour nos collaborateurs. C’est essentiel que ces deux sociétés sœurs puissent se développer sur la base d’un ADN commun pour dégager des synergies.
Oui, mais Harvest pèse plus de 30 M€ de chiffre d’affaires et Fidroit environ 6 M€. Donc peut-on parler d’un rapprochement entre égaux ?
VF : J’occuperai la fonction de directrice générale de l’ensemble et Olivier celle de directeur général délégué. Ceci dit je ne pense pas cette alliance en termes de « petit » et « gros », je la pense en termes d’entreprises qui demain devront être des acteurs encore plus majeurs et plus ouverts à l’international. La vie ne se résume pas à des millions d’euros.OR : Cette alliance c’est une alliance entre un univers « très mathématique, très déductif » et notre univers qui a une part « émotionnelle », « irrationnelle », qui est aussi la marque du conseil en gestion de patrimoine. Au-delà du poids de nos deux entreprises en termes de chiffres d’affaires, Fidroit et Harvest ont besoin l’un de l’autre. Ce qui compte c’est de pouvoir ensemble rendre nos clients plus performants.
Brice Pineau et Jean-Michel Dupiot, les fondateurs d’Harvest, ont cédé leurs parts au groupe de gestion privé Rothschild & Co. Dès lors est-ce cet établissement financier qui sera à la manœuvre dans votre alliance ?
VF : Oui. Rothschild & Co est l’actionnaire majoritaire, avec Olivier, moi-même et quelques autres minoritaires.
Quand on voit le champion de l’informatique patrimoniale se marier avec le champion de la science patrimoniale, on se demande dans quel but. Avec cette force de frappe, vous voulez aller où ?
VF : Je suis en train d’écrire la stratégie des prochaines années, donc je vous en dirai plus au début de l’année prochaine. Ma feuille de route c’est de nous développer par croissance organique et par acquisitions en France et à l’étranger. Nous sommes au début de notre histoire. J’ai plusieurs sociétés cibles en vue.OR : Enormément de choses restent à faire, notamment conquérir de nouveaux espaces stratégiques pour que nos clients deviennent des acteurs incontournables. Nous allons donc proposer ensemble des schémas structurants. Les idées fourmillent déjà.(…)
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Virginie Fauvel est l'Invité du mois du numéro de décembre 2020 de Gestion de Fortune en kiosque ou en achat au n° sur notre site dès le 1er décembre.