ETHENEA - Opinion macroéconomique – août 2023

12/09/2023 - source : Patrimoine 24

L’ESSENTIEL EN BREF

Scénario de base : une croissance économique mondiale de 3 % – pas de récession dans un futur proche

Les banques centrales évoquent la fin du cycle de resserrement monétaire – mais pas d’assouplissement en vue pour le moment

Les effets des mesures de relance annoncées par la Chine se font attendre

bluemke michael ethenea text 1Michael Blümke, CFA, CAIA, Senior Portfolio Manager 

Perspectives mondiales

L’expansion économique de fin de cycle se poursuit malgré le ralentissement de la croissance et une politique monétaire considérée comme restrictive. L’activité économique mondiale résiste mieux que ce qui était prévu il y a quelques mois. Aucun signe ou presque ne laisse augurer une récession imminente. Le fléchissement de la reprise et les tensions croissantes dans les secteurs de l’immobilier et de la finance en Chine sont préoccupants.

Même si les taux de chômage s’éloignent progressivement de leurs points bas historiques, les marchés de l’emploi restent tendus. La confiance des consommateurs, qui était au plus bas, continue de s’améliorer. Les indicateurs avancés, notamment les indices des directeurs d’achat, confirment le scénario de ralentissement économique. Alors que le secteur des services décélère rapidement, la tendance baissière dans l’industrie manufacturière semble s’être provisoirement mise sur pause, même si les chiffres indiquent toujours une contraction.

« La fin du resserrement monétairese dessine de plus en plus nettement. »

Michael Blümke

La fin du resserrement monétaire se dessine de plus en plus nettement. Bien que le recul de l’inflation globale tende à confirmer cette hypothèse, l’inflation sous-jacente persiste, notamment dans le secteur des services. Il ne faudrait donc pas sous-estimer la détermination des banques centrales à faire redescendre l’inflation vers l’objectif de 2 %. Si l’inflation devait tarder à refluer, voire s’accélérait, les banques centrales seraient une nouvelle fois contraintes d’actionner le frein monétaire et de courir le risque d’une récession. Mais pour le moment, nous estimons que les deux principales banques centrales devraient relever leurs taux directeurs tout au plus une fois, voire pas du tout.

États-Unis

Face à la bonne tenue de la consommation, au recul de l’inflation et à la reprise des investissements dans le secteur privé, l’espoir d’un atterrissage en douceur reste intact. La croissance de l’économie américaine s’est accélérée au deuxième trimestre, faisant mieux que celle des autres économies avancées. Même si l’effet différé de la politique monétaire et le durcissement des conditions de prêt continueront de freiner la croissance ces prochains mois, le modèle de prévisions GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta anticipe par exemple une croissance réelle de 5,6 % en rythme annuel au troisième trimestre. Même si cette estimation est sans doute trop élevée, la tendance n’indique pas de fléchissement significatif. La reprise de la construction de logements, jusqu’ici à la peine, et du secteur manufacturier soutient cette thèse. Tant la baisse modérée de la demande de main-d’œuvre que le ralentissement de la croissance de l’emploi annoncent une détente progressive du marché du travail. La Réserve fédérale américaine a manifestement réussi jusqu’à présent à faire baisser la demande globale et à freiner l’inflation à 3,2 % sans déclencher de hausse du chômage. Toutefois, son président Jerome Powell a une nouvelle fois fait savoir au sommet annuel de Jackson Hole que la banque centrale n’avait pas encore achevé sa mission et qu’une réaccélération de l’activité économique pourrait contraindre la Fed à procéder à de nouvelles hausses de taux.

Zone euro

Les chiffres du PIB pour le deuxième trimestre indiquent que l’économie de la zone euro a surmonté la récession technique dans laquelle elle était entrée au quatrième trimestre 2022. Toutefois, la croissance continue de stagner dans la zone euro, avec une faiblesse particulièrement marquée en Allemagne et en Italie. Point particulièrement préoccupant, le secteur des services, qui avait emmené la reprise au premier semestre, est entré en zone de contraction. Les indices des directeurs d’achat se sont profondément enfoncés en territoire négatif en août. Alors que la confiance des consommateurs a quitté ses points bas, reboostée par un marché de l’emploi solide, les statistiques ont été globalement décevantes : la faible demande extérieure a pesé sur l’industrie manufacturière, le secteur immobilier reste sous tension, tandis que l’inflation sous-jacente se maintient à 5,5 % en dépit du recul de l’inflation globale. Compte tenu du taux réel négatif qui en résulte, la BCE reste confrontée au dilemme de devoir augmenter les taux d’intérêt malgré le ralentissement conjoncturel. Toutefois, nous estimons que la BCE fera une pause après une hausse de taux au maximum afin d’observer l’évolution des données macroéconomiques.

Chine

L’économie chinoise devait stimuler la croissance économique mondiale cette année. Mais malgré la détermination des autorités à soutenir la croissance, la reprise a continué de s’essouffler au mois d’août. Les difficultés du marché immobilier ont une nouvelle fois eu des effets indésirables, sous la forme d’une crise de liquidité dans le système bancaire parallèle et de défauts de paiement au niveau des sociétés immobilières. Pour limiter le risque de propagation de la crise, le bureau politique chinois a souligné à plusieurs reprises la nécessité de mesures ciblées pour restaurer la confiance du secteur privé, stimuler les investissements et la consommation, et soutenir le marché immobilier. Toutefois, mis à part les taux d’intérêt abaissés à deux reprises par la Banque populaire de Chine, aucune mesure de soutien budgétaire d’ampleur ne s’est concrétisée. L’objectif d’une croissance du PIB d’« environ 5 % » en 2023 semble de plus en plus illusoire. Ce tableau mitigé est complété par le fait que la déflation règne dans l’empire du Milieu alors que la plupart des économies avancées restent en proie à une inflation trop élevée.

Auteur : Michael Blümke, CFA, CAIA, Senior Portfolio Manager 

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