Edmond de Rothschild AM - L'inflation américaine suscite l'inquiétude

20/02/2023 - source : Patrimoine 24

La semaine a été marquée par des statistiques économiques notamment américaines, supérieures aux attentes, qui remettent en question les attentes de hausse de taux des banques centrales. En effet, si la désinflation se prolonge aux Etats-Unis, l’inflation sur un an au mois de janvier était de 6.4%, contre 6.2% attendu et 6.5% en décembre.

L’inflation « cœur » (hors alimentation et énergie) baisse également passant de 5.7% en décembre sur un an à 5.6% en janvier mais reste supérieure aux 5.5% attendus. Si les investisseurs ont tout d’abord voulu voir des signes positifs avec une inflation des services hors logement en léger ralentissement annuel, plusieurs banquiers centraux sont venus rappeler que la Fed devra continuer de monter ses taux. Cela a été renforcé par les données des prix à la production largement supérieures aux attentes. Les ventes au détail ont aussi surpris à la hausse en progressant de 3% au mois de janvier après un recul de 1.1% en décembre et l’indicateur de confiance des constructeurs immobiliers (NAHB) a rebondi plus qu’attendu en février. Dans ce contexte, les interventions des banquiers centraux se sont multipliées la semaine passée, certains évoquant même une hausse de 50 points de base des taux américains au mois de mars. Les taux souverains ont ainsi progressé tant aux Etats-Unis qu’en Europe d’environ 20 points de base sur toute la courbe. Le taux à 10 ans américain est retourné sur 3.9% et le 10 ans allemand revoit ses plus hauts niveaux à 2.5%. Les investisseurs ont aussi ajusté les anticipations de hausses de taux de la Fed, s’attendant maintenant à une hausse de 25 points de base lors des trois prochaines réunions. Du côté des actions, les marchés ont d’abord réagi positivement mais se sont retournés plus tard dans la semaine, prenant acte des taux plus élevés. Les actions européennes s’en sortent mieux, soutenues par les publications des résultats. En effet, les entreprises ont été plutôt rassurantes sur leur activité et font preuve de résilience. De plus, les annonces de retour à l’actionnaire par les dividendes ou les rachats d’actions se multiplient. Après la forte hausse de ce début d’année, nous restons vigilants sur les marchés actions, qui ne prennent pas encore en compte le mouvement de hausse des taux. Nous conservons une vue plus positive sur les obligations d’entreprises et neutre sur la duration.ACTIONS EUROPÉENNES

Les marchés des actions européennes clôturent la semaine dans le vert. Alors que la moitié du Stoxx Europe 600 a publié ses résultats, les sociétés ne finissent pas de surprendre et font preuve de résilience. En effet, 60% des sociétés du Stoxx Europe 600 ont publié un BPA au-dessus des attentes avec une moyenne de 8.4%. Ces résultats viennent contraster les statistiques macroéconomiques : la production industrielle de la zone euro a davantage reculé que prévu en décembre (-1.1% sur un an contre -0.8% attendu). Cela n’a pas empêché les indices d’atteindre des records historiques durant la semaine (l’indice parisien a temporairement dépassé les 7380 points et l’indice britannique franchit le seuil symbolique des 8000 points).En tête des meilleurs contributeurs à la performance de l’indice européen durant la semaine, figure le secteur du tourisme (+4%) qui profite de perspectives prometteuses dont fait état, notamment, la compagnie aérienne TUI indiquant une bonne dynamique des réservations pour les mois à venir et l’été prochain, tendance confirmée par son homologue américain Marriott. Concernant le secteur du luxe, Kering, Hermès et LVMH se montrent tous les trois optimistes quant à la reprise de la consommation chinoise. Une augmentation des prix chez Louis Vuitton jusqu’à 20% dans les magasins chinois est d’ailleurs envisagée par le groupe français LVMH. Si Hermès a de nouveau publié des résultats exceptionnels pour 2022, Kering a néanmoins été impactée par la baisse des ventes de Gucci. Dans le secteur des télécoms, Orange publie de très bons résultats au-dessus des attentes, à l’instar de Renault dans l’automobile qui dévoile un objectif de marge pour 2023 également au-dessus des attentes. Bonne nouvelle du côté de la consommation alimentaire avec Carrefour et Ahold Delhaize qui ont tous deux prouvé leur résilience face à la hausse des coûts. Ils se montrent confiants dans leur capacité à protéger leurs marges. Son de cloche différent pour le groupe agroalimentaire Nestlé qui n’a pas été en capacité de répercuter en intégralité la hausse des coûts de production de 2022 et n’aura d’autres choix que d’augmenter les prix en 2023. Le groupe Pernod Ricard prévoit lui aussi de rehausser ses prix en Chine et aux Etats-Unis, ce qui, selon lui, ne devrait pas entamer la demande sur le segment des vins et spiritueux. Enfin, Barclays vient contraster la bonne dynamique de résultats du secteur bancaire et déçoit pour son dernier trimestre, pénalisé par l’envolée des coûts salariaux conjuguée à la performance mitigée de sa division de banque d’investissement.

ACTIONS AMÉRICAINES

Les indices américains clôturent la semaine légèrement dans le vert : +0.22% pour le S&P500 et +0.56% pour le Nasdaq. Le marché s’est notamment retourné suite à un chiffre d’inflation un peu plus élevé que prévu et les déclarations en conséquence des membres de la Fed. Ainsi, l’indice des prix à la consommation est ressorti légèrement supérieur aux attentes à +6.4% sur un an contre +6.2% estimé. Les déclarations de Loretta Mester, Présidente de la Fed de Cleveland, et de James Bullard, Président de la Fed de St Louis, sur une possible remontée des taux de 50 points de base au mois de mars ont en effet fortement pesé sur le sentiment.Dans ce contexte, plusieurs indicateurs économiques sont ressortis favorablement, alimentant l’hypothèse d’un atterrissage en douceur de l’économie. Les ventes au détail de janvier ont affiché leur plus forte progression en près de deux ans à +3% sur un mois contre +2% attendu et une baisse de -1.1% le mois précédent. L’indice d’activité de la Fed de New York s’est également nettement redressé au mois de février à -5.8% contre -18% attendu et -32.9% le mois précédent. Enfin, l’indice de sentiment des promoteurs immobiliers a enregistré sa plus forte amélioration mensuelle depuis la mi-2020 à 42 points contre 35 points le mois précédent.Du côté du secteur énergétique, les Etats-Unis ont annoncé libérer 27 millions de barils de leurs réserves stratégiques après la décision de la Russie de réduire sa production de 5%.Depuis l’adoption de l’Inflation Reduction Act, déjà $90Mds ont été engagés dans de nouveaux projets selon Climate power. De l’Ohio à la Géorgie, les investissements affluent dans le stockage d’énergie. Au total l’IRA offre $369Mds de crédits d’impôts et subventions garantis au-delà de 2030. Cet engouement entraîne une vague d’IPO dans le secteur : déjà 10 inscriptions en 90 jours, un record depuis 2017 (versus seulement 3 des 270 IPO en 2021).Du côté des publications de résultats, Cisco progressait de 10% en après-marché suite à la publication de résultats trimestriels supérieurs aux attentes, de prévisions de chiffre d’affaires révisées à la hausse, et surtout suite aux commentaires de son CEO, Chuck Robbins, qui indique que « 2023 se profile comme une excellente année ».D’autres bonnes publications de résultats à l’instar d’AirBnb (+13.3%), Analog Devices (+7.5%), Roblox (+26%) qui ont également soutenu le sentiment.Tesla reculait de 5.6% suite à l’annonce d’un rappel portant sur plus de 360.000 véhicules en raison d’un dysfonctionnement lié au système de conduite autonome qui peut entraîner des risques de collision, selon l’autorité routière américaine.Selon Bloomberg, après Morgan Stanley, Citi et Goldman Sachs, Bank of America serait sur le point d’annoncer à son tour un plan de réduction d’effectifs dans sa banque d’investissement.

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