Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier, l’écart de rendement entre la dette française et allemande a sensiblement augmenté et les actions françaises ont été pénalisées en bourse. A quelques jours du premier tour des élections législatives, l’incertitude demeure élevée. Florent Wabont analyse cette semaine les événements sous un angle apolitique et tente de dresser de possibles scénarios.
Florent Wabont, EconomisteLe temps 1, correspondant à la mise en place d’une offre politique, est désormais terminé. Trois blocs majeurs ont ainsi été formés : le Rassemblement National, le Nouveau Front Populaire et Ensemble, le parti de la majorité présidentielle.
Le temps 2, consistant à dévoiler dans le détail les programmes économiques de chacun, semble encore relativement flou.
Le temps 3, relatif à la mise en place des mesures souhaitées, en fonction des résultats, n’est quant à lui pas encore d’actualité.
Au regard de l’épais voile d’incertitude qui s'est installé, la réaction des marchés financiers fut épidermique. La perspective d’un gouvernement divisé sans majorité absolue, comme semble l’indiquer les derniers sondages, a le potentiel de remettre en cause la trajectoire du déficit, et par extension le coût de financement accordé à l’Etat français. Cette prime de risque supplémentaire exigée par les marchés financiers s’est ainsi exprimée au travers de l’augmentation de l’écart de rendement entre le taux à 10 ans français et le taux à 10 ans allemand. A ~0,80% (au 21/06), il est ainsi équivalent à l’incertitude politique engendrée par les élections présidentielles de 2017. Il reste toutefois bien inférieur aux niveaux connus lors de la crise de la dette en zone Euro. Cet écart de rendement gravitait déjà autour de 0,50% avant l’annonce de la dissolution, soit un niveau supérieur à la moyenne habituelle, en raison de craintes concernant la soutenabilité des finances publiques françaises. Sur la période récente, il est toutefois à noter que l’accroissement de cet écart provient davantage d’une baisse du taux allemand, que d’une augmentation du taux français.
A-t-on connu ces dernières années des situations plus ou moins similaires ?
Deux parallèles récents semblent ressortir : l’élection de Giorgia Meloni en Italie et le stress financier induit par les annonces du gouvernement de Liz Truss en Angleterre. Il est toutefois important de ne pas avoir le parallèle historique facile. D’autre part, il est tout aussi important d’inscrire cet événement dans un contexte économique et monétaire plus global.
Un scénario à l’Italienne ?
La perspective de l’élection de Giorgia Meloni, candidate issue d’un parti d’extrême droite, avait eu pour conséquence d’accroître l’écart de rendement entre l’Italie et l’Allemagne. Force est de constater que son arrivée au pouvoir n’a finalement pas été synonyme de remise en cause de l’appartenance de l’Italie à l’Union européenne. Son programme n’a pas non plus été mis en œuvre dans son intégralité. S’agissant de la situation française, c’est sur une forme de scénario à l’italienne que semblent actuellement tabler les marchés.
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Par Florent Wabont, Economiste chez Ecofi
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