L'industrie manufacturière allemande est dans un état catastrophique. C'est du moins l'opinion largement répandue si l'on jette un coup d'œil plutôt superficiel sur les données disponibles. Des annonces alarmantes de licenciements massifs et de fermetures d'usines circulent et donnent l'impression que la désindustrialisation est en quelque sorte déjà en cours dans le pays, et ce dans tous les secteurs.
Martin Moryson, Chef Economiste Europe chez DWS
Pour étayer ce tableau pessimiste, on cite de préférence la production industrielle. Cet indicateur décrit la valeur totale de tous les biens produits dans le secteur de l'industrie - le secteur de la construction n'est toutefois pas pris en compte ici. Depuis son pic de début 2018, cet indicateur semble n'avoir qu'une seule direction : la baisse, d'environ 13 % jusqu'à fin 2023. Même le chiffre de février publié récemment, qui était supérieur aux attentes du consensus, ne change pas grand-chose à cette image.1)
La production industrielle allemande dresse un tableau trop négatif
Mais il y a aussi un chiffre clé qui permet de voir la situation de l'industrie manufacturière allemande sous un jour moins négatif, à savoir la valeur ajoutée brute. Celle-ci est calculée en déduisant les consommations intermédiaires, de sorte que seule la valeur ajoutée réellement créée dans le processus de production est déterminée. La valeur ajoutée a certes également baissé depuis le pic de 2018, mais seulement d'environ cinq pour cent jusqu'à la fin du quatrième trimestre 2023.
De manière générale, Martin Moryson, économiste en chef pour l'Europe chez DWS, estime que la valeur ajoutée est un indicateur plus approprié pour évaluer le statu quo de l'industrie manufacturière. "C'est la valeur ajoutée brute et non la production qui détermine la valeur ajoutée de l'activité économique des différentes entreprises et donc de la conjoncture allemande dans son ensemble".
Nous ne voyons en aucun cas dans la situation industrielle de l'Allemagne des paysages florissants ou le potentiel d'une croissance massive dans les trimestres à venir. En fin de compte, il s'agit pour nous d'attirer l'attention sur le fait que la situation est loin d'être aussi désespérée qu'il n'y paraît dans la perception générale. Si nous prenons la valeur ajoutée brute comme critère, nous sommes notamment encore loin d'une désindustrialisation.
1) Toutes les données - sauf indication contraire - proviennent de Bloomberg Finance L.P. ; état : 09.04.2024
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