Dans une usine de Demgy Group, l’un des spécialistes de référence de la substitution du métal par du plastique, en particulier dans le contexte d’une problématique d’allégement des pièces et des systèmes pour les domaines de l’aéronautique, la défense, l’automobile, la santé, l’énergie ou encore les sports et loisirs.
Dirigé par Pierre-Jean Leduc, Demgy Group s’associe depuis une vingtaine d’années à des fonds de capital-investissement. D’abord pour une reprise par son management, puis pour sa croissance organique et externe. Aujourd’hui, la société dépasse les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires et s’est largement exposée à l’international.
Il y a vingt ans, Pierre-Jean Leduc décidait de reprendre la société qui l’employait, Dedienne Plasturgie, créée en 1947 par Roland Dedienne. Quelques années plus tard, en 2021, la société devenait Demgy Group. « Lorsque je l’ai reprise, la société réalisait une vingtaine de millions d’euros de chiffre d’affaires, se souvient-il. Via un MBO (Management Buy Out), je me suis associé à un fonds de Private Equity pour réaliser ce rachat et disposer des fonds nécessaires pour accélérer le développement de l’entreprise. »
De l’aéronautique aux chaussures
Demgy Group est une société industrielle spécialisée dans la plasturgie et les matériaux composites et bio-composites de haute performance. Son activité principale : substituer le métal (mais aussi le verre) en vue d’alléger les pièces et les systèmes, tout en apportant une résistance équivalente. « De plus en plus, nos matériaux sont conçus à base de matière recyclée ou de bioplastiques. La tendance est forte », précise le dirigeant.
Dès lors, l’entreprise opère dans les domaines de l’automobile et de l’aéronautique, principalement pour réduire la consommation énergétique, mais également dans les secteurs de la santé, des équipements sportifs (chaussures de foot avec Decathlon notamment), le déminage ou encore la bagagerie de luxe (armature en composite).
Parmi ses récentes innovations, le lancement en avril dernier de Press&Make, une technologie de thermocompression pour fabriquer des chaussures en une seule étape, sans déchet et adaptable à toutes les formes et les textures. Chaque année, la société dépense 7 % de son chiffre d’affaires dans la R&D.
« Comme les sociétés du Mittelstand en Allemagne, nous développons une stratégie tournée vers l’international, tout en ayant une base forte en France où se trouvent nos bureaux d’études, souligne Pierre-Jean Leduc. Nous étudions des dossiers en Europe et aux Etats-Unis. Il s’agit pour nous d’acquérir une technologie que nous ne possédons ou des parts de marché sur un secteur que nous abordons déjà. »
Présence à l’international
Si le développement organique a été fort durant les vingt dernières années, il a également été porté par sept opérations de croissance externe. La dernière a permis la reprise d’une société allemande (EIS Aircraft) réalisant 25 millions d’euros de chiffre d’affaires afin de renforcer la position de Demgy dans le secteur de l’aéronautique. Aujourd’hui, la société compte neuf sites de production au plus près de ses clients : quatre en France (Demgy Atlantique, Demgy Normandie, Demgy Paris et Demgy Frasne en Bourgogne-Franche-Comté), deux en Allemagne, deux en Roumanie et un aux Etats-Unis.
Son chiffre d’affaires a atteint les 100 millions d’euros (un tiers réalisé en France et le reste en Europe et aux Etats-Unis) et elle emploie huit cents personnes, dont quatre cent dans l’Hexagone.
Quatre fonds au capital
Cette croissance n’aurait pas été possible sans le soutien de différents fonds de capital-investissement. Vingt années après la reprise de la société, Pierre-Jean Leduc compte quatre opérations capitalistiques à son actif et bénéficie aujourd’hui du soutien de quatre investisseurs : SG Capital Partner, Ouest Croissance (Banque populaire), Bpifrance et Turenne Groupe. Si ces quatre investisseurs représentent la majorité du capital (63 %), leur participation au sein de la société est à parité.
Luis Batista, directeur associé, confie : « Si Demgy est une réussite industrielle indéniable, notre investissement repose avant tout sur la qualité du management. Pierre-Jean Leduc et ses équipes ont une belle vision stratégique de leur groupe à très long terme. La société opère sur un secteur haut de gamme et complexe, ce qui lui confère de fortes barrières à l’entrée. Sa rentabilité est bonne avec, sur la partie aéronautique, un sous-jacent porteur qui confère une visibilité à dix ans ».
Pierre-Jean Leduc a mûrement réfléchi le choix de ses partenaires financiers : des acteurs français, régionaux, minoritaires et engagés sur le long terme. « J’ai souhaité m’associer à des fonds d’établissements bancaires locaux et à une société de capital-investissement, Turenne Groupe, qui s’implique dans les territoires. Ils sont tous compatibles, d’autant plus qu’il s’agit de fonds Evergreen qui n’ont pas d’échéance fixe et s’inscrivent dans la durée, contrairement au premier fonds qui nous a accompagnés sur six ans. Par ailleurs, ils restent des actionnaires minoritaires qui ne sont donc pas intrusifs dans la gestion de notre société, mais peuvent venir bousculer nos convictions et apporter des bonnes pratiques issues d’autres secteurs. Ces différentes opérations capitalistiques (en fonds propre et quasi-fonds propres) nous ont permis de financer notre croissance, aux côtés d’emprunts bancaires. Elles ont également été le moyen de nous reluer au capital et d’intégrer d’autres managers. Ainsi, nous avons pu mener notre stratégie sans trop mobiliser notre trésorerie. »
Si, lors de la reprise de la société, six cadres ont également été associés au sein du groupe, ce sont désormais vingt-trois d’entre eux qui détiennent une participation.
Cette ouverture de capital permet également au dirigeant d’être épaulé lors des grandes prises de décision. « Alors que nous n’avons pas mis en place de conseil de surveillance, ces fonds challengent notre stratégie. Nous rencontrons physiquement les directeurs de participation chaque trimestre et faisons un point mensuel sur notre activité : rendre compte permet de se rendre compte. Avec eux, nous partageons nos réflexions stratégiques, notamment sur les opérations de croissance externe. »
Preuve que Demgy Group a franchi une étape dans son développement, la société a mis en place sa politique de RSE avec des managers associés, mais aussi un plan d’épargne-entreprise et un plan de décarbonation de ses activités, à horizon 2030-2050, construit dans le cadre de la démarche ACT de l’Ademe. « Tous les acteurs observent de plus en plus ces aspects, aussi bien nos clients que nos investisseurs et nos banques qui peuvent nous accorder des taux bonifiés », note Pierre-Jean Leduc.
Un marché porteur, une stratégie lisible et de long terme : les investisseurs de Demgy semblent donc voués à accompagner le développement de cette belle ETI française.
Un fonds Evergreen dédié à la clientèle privée
C’est avec ce fonds que Turenne Groupe a pris une participation au sein de Demgy. Luis Batista, directeur associé, nous expose la stratégie de ce véhicule lancé il y a quatre ans : « Il s’agit d’un fonds Evergreen. Il a été créé pour proposer la gestion institutionnelle de Turenne Groupe à la clientèle privée. Il compte aujourd’hui dix-huit à vingt lignes d’investissement en direct et peut se diversifier à hauteur de 20 % à travers des investissements dans d’autres fonds de notre gamme réservés aux investisseurs institutionnels (sans cumul de frais). Notre stratégie est d’investir dans des entreprises françaises, de taille moyenne et intermédiaire, issues de tous les territoires » .
Le fonds se veut diversifié en termes de tailles de société et de secteurs d’activité, il investit en minoritaire, principalement en LBO, sur des entreprises matures et rentables. A date, le portefeuille direct et indirect représente ainsi plus de quarante participations dans une quinzaine de secteurs d’activité. Doté de 100 millions d’euros d’encours, ce fonds Evergreen est accessible à partir de 100 000 euros.