Par Nathalie Bardet, responsable accompagnement patrimonial et philanthropique chez Financière Arbevel
Frais réels ou déduction forfaitaire de 10% pour le télétravail, abandon de loyer consentis par les bailleurs commerciaux, dispositif IR-PME, rattachement d’enfants majeurs etc. Quelques rappels pour bien comprendre sa déclaration de revenus et anticiper celle de l’an prochain.
Télétravail : choisir les frais réels ou le forfait de 10% ?En 2020, vous faites peut-être partie des nombreux Français à avoir expérimenté le télétravail pendant une longue période ? Cette situation inédite pour beaucoup a générée des frais professionnels qui ne sont pas forcément pris en charge par votre employeur (bureau, chaise, imprimante, chauffage…). Si la prise en compte de frais ne se traduit pas par un remboursement de frais mais par une allocation forfaitaire versée par votre employeur, celle-ci est exonérée dans la limite annuelle de 550 euros (limite de 2,5 euros par jour de télétravail). Si vous souhaitez déduire les frais engagés pour les besoins spécifiques du télétravail, vous devez renoncer à la déduction forfaitaire de 10% et opter pour le régime des frais réels. Vous devez alors vous assurer que vos dépenses professionnelles et notamment celles liées au télétravail sont bien supérieures à 10% de vos revenus imposables. D’autant que les dépenses déductibles liées au télétravail ne pourront être déductibles de vos revenus imposables qu’au prorata de leur usage professionnel (quote-part de loyer, frais de chauffage correspondant à la pièce du logement servant de bureau). En cas de déduction pour les frais réels, il est indispensable de conserver tous les justificatifs car cette option fait l’objet de contrôle quasi systématique de la part de l’administration fiscale.
Locations immobilières impactées par la pandémie : quelles conséquences fiscales ?Si vous êtes propriétaires d’un bien immobilier commercial qui a fait l’objet d’une interdiction d’accueil du public pendant les périodes de confinement, des mesures exceptionnelles ont été prises. Les abandons de loyer afférents à ces locaux consentis après le 15 avril 2020 ne sont, sous conditions, pas imposables. Pour les loyers de novembre 2020 non réclamés, vous pourrez également bénéficier, d’un crédit d’impôt de 50% appliqué sur le montant du loyer abandonné.
IR-PME : retour de la réduction au taux de 25% pour les versements ultérieurs au 10 août 2020Comme chaque année, vous pouvez également bénéficier d’une réduction d’impôt si vous avez investi dans le capital d’une PME (IR-PME, ex-dispositif Madelin). Cette réduction s’applique à hauteur de 18% des versements réalisés jusqu’au 9 août 2020 et à 25% pour les versements compris entre le 10 août et le 31 décembre. Ce dispositif, prolongé en 2021, bénéficie également aux entreprises répertoriées comme solidaires (cela inclut aussi les foncières solidaires). Attention toutefois, ces avantages fiscaux entrent dans le plafond des niches fiscales de 10.000 euros. A noter, ce plafond sera majoré à compter de la déclaration de revenus 2021 de 3 000 euros si le versement est effectué auprès d’une entreprise solidaire.
Faut-il rattacher ses enfants majeurs ?Enfin, si vous êtes concernés par l’éventuel rattachement au foyer fiscal d’un ou de plusieurs enfants majeurs (si moins de 21 ans ou moins de 25 ans en cas de poursuite des études), sachez que ce rattachement donne droit à une réduction d’impôt plafonnée à 1 570 euros par enfant jusqu’à deux enfants (demi-part supplémentaire par enfant), et 3 140 euros par enfant à partir du troisième enfant (part complète). Si vous détachez vos enfants majeurs de votre foyer fiscal, vous pouvez en revanche leur verser une pension alimentaire déductible, dans la limite de 5 959 euros par an et par enfant. Dans les faits si vous n’avez que deux enfants à charge, il peut être fiscalement plus intéressant de procéder à ce détachement et de verser une pension alimentaire à votre enfant si votre tranche marginale d’imposition est supérieure à 30%. Si vos enfants majeurs ont effectué des stages, les revenus perçus par ces derniers ne sont pas imposables dans la limite de 18 473 euros en 2020. En revanche, le plafond de non-imposition ne ressort qu’à 4 618 euros pour les salaires (jobs d’été par exemple). Au-delà, il peut être intéressant de détacher son enfant majeur.
Anticipez votre déclaration de l’an prochain !Toutes ces règles fiscales nécessitent, par conséquent, de bien anticiper votre déclaration de revenus au regard de votre situation familiale et patrimoniale. S’il est trop tard pour bénéficier des dispositifs de déduction et/ou de réduction d’impôt sur votre déclaration 2021 portant sur les revenus de l’an dernier (seule la facture de l’IFI peut être diminuée par des dons jusqu’à la date limite de dépôt de la déclaration), vous pouvez, en revanche, dès à présent, réfléchir à la déclaration de vos revenus 2021. Sachez que les produits de défiscalisation, alléchants sur le papier, ne sont attractifs qu’à partir d’un certain niveau d’imposition. De même, un avantage fiscal ne doit pas constituer le principal motif de souscription d’un produit financier. N’hésitez pas à faire appel aux conseils d’un professionnel qui vous aidera à trouver les meilleures solutions en fonction de vos objectifs patrimoniaux.