Par Emmanuel Auboyneau, gérant associé chez Amplegest
La toile de fond de l’économie des différents blocs est toujours positive. En dépit d’un ralentissement au troisième trimestre dû à une consommation affectée par une offre insuffisante au regard de la demande, la croissance américaine n’est pas menacée et devrait réaccélérer dans les prochains mois. Le pays est aujourd’hui en situation de plein emploi. 4 à 5 millions des salariés sortis des statistiques au plus fort de la crise sanitaire ne sont pas revenus sur le marché du travail. Il s’agit essentiellement de femmes, jeunes, qui ont fait le choix, sans doute provisoire, de ne plus chercher d’emploi. Par ailleurs le taux de démissions est toujours très important, signe de confiance dans la capacité à trouver un nouveau travail. Tout ceci milite pour des hausses de salaires progressives. L’investissement des entreprises devrait également rester robuste alors qu’une reconstitution des stocks, aujourd’hui très bas, est probable.
En Chine la croissance se tasse mais reste néanmoins conséquente. La réouverture progressive des ports profitera à l’activité qui n’est pas menacée à court terme. En revanche, la volonté des autorités politiques de décarboner le pays induit des effets décélérateurs sur la croissance à moyen terme.
En Europe c’est l’Allemagne qui subit le plus la baisse de production industrielle due principalement à la crise automobile. La pénurie de semi-conducteurs pourrait durer encore des mois et pénaliser ce secteur si important pour l’industrie allemande. Toutefois, les retards accumulés se traduiront par un rebond ultérieur, probablement en 2022. Le climat général est malgré tout plutôt bon en Europe avec une consommation forte et un investissement en hausse. La France a ponctuellement pris le rôle de locomotive à l’Allemagne.
Cette toile de fond rassurante est pourtant fragile si l’on regarde du côté des éléments potentiellement perturbateurs. Tout d’abord une reprise générale de la crise sanitaire ne peut être exclue. La vaccination importante dans les pays développés devrait en minimiser la gravité mais les effets sur l’économie, notamment sur les services, peuvent être importants. Nous allons vivre longtemps avec cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. D’autre part, le dérèglement de l’offre mondiale est un vrai sujet de préoccupation. On l’a vu pour l’automobile avec les composants électroniques, mais beaucoup d’autres secteurs subissent des retards, parfois importants, et des désorganisations néfastes. Il faudra des mois pour revenir à la normale dans ces industries. Cette crise de l’offre se manifeste également sur le marché de l’emploi où certaines entreprises ne parviennent plus à recruter. Hausse des coûts de production plus hausse des coûts salariaux pourraient entretenir une inflation moins provisoire que prévu. C’est tout le dilemme des Banques Centrales qui n’ont pas beaucoup de marges de manœuvre pour intervenir. Elles font preuve de prudence et feront tout pour éviter des chocs de marchés (comme au quatrième trimestre 2018).
Dans cet environnement les entreprises dotées d’un réel pricing power seront celles qui seront le moins affectées à court terme. Leurs marges ne seront pas érodées par les hausses de coûts qu’elles subissent. A ce jour, le taux de bonnes surprises dans les publications des résultats du troisième trimestre est très rassurant.
Après un mois de septembre délicat les marchés se sont repris en octobre, aidés par la modération des taux d’intérêt et par les perspectives favorables des entreprises. Nous gardons nos allocations, en privilégiant les sociétés bénéficiant d’un pricing power.