Les grands changements se produisent hors du domaine politique. Les coûts de l'énergie propre et du transport électrique se sont effondrés. Cet article est initialement paru dans l'Agefi quotidien du 8 janvier 2019.
En ce début d’année, il est bon de réfléchir aux progrès réalisés pour relever les défis en matière de développement durable qui remodèleront les marchés financiers dans les années à venir.
En octobre, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a averti que la réalisation des objectifs climatiques nécessiterait un effort "d’une ampleur sans précédent". Cette organisation - qui synthétise les travaux des climatologues du monde - a conclu que pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5° par rapport aux niveaux préindustriels, il faudra réduire de moitié les émissions d'ici 2030 et les éliminer d'ici 2050. Soulignant l'ampleur du défi, les émissions mondiales ont continué à augmenter, de 2,7 % en 2018 selon les études préliminaires du CDP.
Si ces faits soulignent l'ampleur et le rythme des changements à venir, la politique mondiale continue d'être insuffisante. La COP qui s'est tenue à Katowice a vu bizarrement une célébration du charbon et s'est terminée par un accord sans lendemain qui repousse toute possibilité d'action plus drastique jusqu'en 2020.
Si l'attention se concentre sur un accord mondial, la plupart des actions sont unilatérales. Au niveau national, il y a davantage de raisons d'être optimiste. Les pays représentant plus de la moitié des ventes mondiales de voitures se sont engagés à interdire les moteurs à combustion. En novembre, le Climate Group, le CDP et PwC ont rapporté que 120 États et villes représentant plus d'un cinquième de l'économie mondiale s'étaient engagés à décarboner deux fois plus vite que les pays leaders du G20.
Cependant, les grands changements se produisent hors du domaine politique. Les coûts de l'énergie propre et du transport électrique se sont effondrés. Les coûts de production d'énergie éolienne et solaire sont désormais proches des centrales à combustibles fossiles les moins chères. De même, le coût des véhicules électriques s'est rapproché de celui des moteurs à essence ou diesel, la Chine ajoutant désormais 4 000 autobus électriques à ses routes toutes les 2 semaines, soit l'équivalent du nombre total d'autobus desservant la région parisienne.
Ainsi, bien que l'histoire du climat soit, au mieux, mitigée, une voie s'ouvre pour les investisseurs. Nous nous concentrons sur les changements qui reposent sur des impératifs économiques plutôt que sur des desiderata politiques. En examinant l'ensemble des évolutions et des thèmes liés au climat, nous sommes convaincus qu'il est possible pour les investisseurs d’allier leurs convictions et leurs placements.
Sources : graphique de gauche : IRENA, Schroders. Graphique de droite : Bloomberg NEF, Schroders.