Compétences

Climat, enfance, inclusion sociale : les CGP s’engagent aussi !

01/07/2022 - source : Investissement Conseils

Soutien à des associations reconnues d’utilité publique, promotion de fonds vertueux d’un point de vue environnemental ou solidaire, livres blancs, compensation carbone des émissions… Voici quelques-unes des actions de cabinets qui ont fait le choix d’avoir un impact sur les grands défis du monde actuel.

Si les initiatives menées par les sociétés de gestion de porte-feuilles, assureurs et autres acteurs de l’immobilier sont nombreuses, certains conseils en gestion de patrimoine ont fait le choix d’être engagés dans des causes qui leur sont chères. Environnement, inclusion sociale, soutien à des associations… Voici quelques exemples d’ambitions philanthropiques de cinq cabinets.

L’ambassadrice de l’ISR chez les CGPDepuis huit ans, Pascale Baussant a engagé son cabinet dans une démarche plus responsable qui en a fait l’ambassadrice de ce sujet sur le marché des CGP. « Alors que je venais de réaliser une opération de croissance externe, j’ai souhaité donner plus de sens à mon quotidien, confie la dirigeante du cabinet. En effet, je me suis alors interrogée sur le chemin à prendre et j’ai réuni mes collaborateurs. Nous avons décidé d’initier une démarche collective de progrès continu pour devenir une entreprise socialement responsable et y consacrer de notre temps et de l’argent. »Un premier livre blancCette initiative se retrouve dans la sélection de fonds, alors que l’offre était peu répandue, notamment sur le marché retail. « Nous nous sommes posé des questions qui aujourd’hui n’ont plus lieu d’être, notamment sur la performance. » De ce travail, Pascale Baussant sort son premier livre blanc qui lui apportera immédiatement une forte notoriété. Parallèlement, le cabinet met en place progressivement en interne une politique RSE. « Nous avons beaucoup tâtonné et mis en place des choses simples, comme des filtres à eau, l’utilisation de gourdes, le recours à du Made in France, l’utilisation d’une police de caractères économe en encre et de fournitures rechargeables, l’achat de matériel informatique reconditionné, le recours à du gaz issu de la méthanisation pour notre chauffage… » De ces actions mises en place, elle décide d’écrire le « Petit manuel pour l’entreprise:comment agir pour le climat ? », paru en 2020 aux éditions EMS et préfacé par Yann Arthus-Bertrand.Pascale Baussant continue de communiquer sur ces sujets pour inspirer des initiatives, aussi bien chez ses clients que chez ses confrères. Le 15 septembre, elle publiera son troisième livre « Agir pour le climat avec son épargne », encore aux éditions EMS, avec pour objectif « d’aborder l’investissement à impact, toujours de façon pédagogique ».

Climat 011 % pour la planèteEn 2018, le cabinet franchit un cap en adhérant au 1 % for the Planet, mouvement mondial créé en 2002 et porté par des entreprises qui ont décidé de donner 1 % de leur chiffre d’affaires à des associations de préservation de l’environnement. Un engagement couronné de succès puisque Pascale Baussant vient d’être élue présidente du 1 % for the Planet France pour un mandat de trois ans : « A l’époque, cent-soixante-dix entreprises y adhéraient. Aujourd’hui, nous sommes mille deux cents, dont quelques CGP et OPCVM. Mon objectif durant mon mandat sera de promouvoir le mécénat environnemental qui ne représente que 7 % en France, alors que la lutte contre le réchauffement climatique doit être le défi numéro un.»Huit ans après sa prise d’initiative, Pascale Baussant se félicite du développement de l’offre financière. « C’est enthousiasmant ! Il existe une belle innovation financière dans le domaine, avec la création récente de fonds sur l’hydrogène ou en faveur des océans. Ils sont désormais bien référencés, alors qu’ils étaient auparavant réservés aux institutionnels. Les sociétés de gestion françaises ont pris la mesure du sujet avec un engagement significatif, comme celles labellisées B Corp ou devenues entreprises à mission. On peut citer Ecofi, Meeschaert, Sycomore, Mirova, LFDE, ou encore DNCA et Mandarine qui ont réalisé de beaux recrutements. Dans l’immobilier, des initiatives sont également à saluer, notamment chez Perial ou Novaxia, sans oublier France Valley. La réglementation joue également son rôle : avec MIF II, les CIF vont être obligés de tendre une perche à leurs clients pour exprimer leurs préférences en matière d’investissement durable, alors que ce n’était pas forcément naturel à l’origine. »FidélisationDe cet engagement désormais bien ancré, Pascale Baussant en tire les bénéfices au niveau de son cabinet. « J’ai le sentiment que nos collaborateurs sont fiers de défendre ces valeurs et d’exercer dans une entreprise qui prend ses responsabilités; cela joue peut-être aussi sur la stabilité des équipes. Cela me conforte dans mes choix. Côté clients, nous affichons clairement notre engagement. Certains y sont plus ou moins sensibles, mais en tout cas, cela ne fait pas fuir ! Cela ne laisse pas indifférent et rassure parfois, puisque cela véhicule le message que nous ne sommes pas là que pour l’argent et que nous sommes engagés dans la durée. »De la promotion de l’ISR au soutien d’associationsChez Patrimoine Consultant Colmar, Emmanuel Bitschene a décidé d’engager le cabinet qu’il a cofondé dans des mesures concrètes.

Des solutions à impact positif« Au-delà des qualités intrinsèques de leurs produits, nous privilégions les fournisseurs qui sont eux-mêmes engagés dans une démarche plus vertueuse. C’est aussi un plus dans les critères de choix de certains de nos clients. » Par exemple, les SCPI luttant ou limitant l’artificialisation des sols, labellisées ISR ou qui mettent à disposition les biens à des associations temporairement, sont notamment mises en avant.Les fonds de partage sont aussi plébiscités. « Nous apprécions notamment la démarche de Novaxia ou encore celle de la Financière de l’échiquier avec sa fondation en faveur des jeunes talents. » Ensuite, dans les allocations d’actifs, seuls les fonds article 8 selon la réglementation SFDR, c’est-à-dire ceux qui promeuvent les caractéristiques environnementales et sociales dans le cadre de leur stratégie générale d’investissement, sont éligibles. Et le cabinet a lancé son propre véhicule d’investissement n’intégrant que ce type de fonds et qui est géré par Rothschild & Co.

Parrainer une association chaque annéeEnfin, Patrimoine Consultant Colmar soutient chaque année une association, mise en avant lors d’une soirée réunissant l’ensemble des clients du cabinet. « Suite à la sollicitation d’un client, nous avons soutenu, par exemple, l’association Salomé et l’Oreille d’un ange qui vise à la reconstruction d’oreilles pour des enfants nés sans. Or ce type d’intervention n’est possible qu’aux Etats-Unis et coûte 200 000 dollars. » Durant ces soirées, pour chaque prospect amené par un client, le cabinet reverse 50 euros à l’association et s’engage à reverser un tiers de ses commissions obtenues via ces mêmes prospects. Deux oreilles ont pu être reconstruites.Pour cette année, l’association n’a pas encore été retenue, mais il s’agira comme toujours d’une démarche de proximité et choisie via un sondage réalisé auprès des clients. Les membres de Patrimoine Consultant Colmar participent chaque année aux Foulées de la ligue, une course organisée par la Ligue contre le cancer, dont les frais d’inscription sont pris en charge par le cabinet. D’autres gestes du quotidien sont mis en place comme le tri sélectif. « Ces démarches plaisent aux clients et ils y attachent de plus en plus d’importance, c’est un petit plus qui permet aussi de fidéliser. Du côté des collaborateurs, les plus jeunes sont plus sensibles et ont même une démarche proactive sur ces sujets. Nous allons accueillir un étudiant en marketing digital qui va nous aider à être plus engagés ».

Promouvoir la finance solidaireMarc-Antoine Noiret a créé Noiret Patrimoine en 2016. Alors conseiller patrimonial dans un cabinet de la métropole Lilloise, il découvre le sujet de la finance solidaire et décide de fonder un cabinet de conseil en gestion de patrimoine spécialisé sur cette thématique. Ce choix est notamment le fruit d’échanges avec ses clients : « Lorsque j’évoquais avec mes clients leur situation patrimoniale et les choix d’investissement réalisés, j’ai rapidement pris conscience qu’ils souhaitaient investir en cohérence avec leurs valeurs et que leur investissement ait un impact positif sur la société. L’argent provenant soit du fruit de leur travail soit d’un héritage reçu, cela impliquait une grande responsabilité dans sa gestion qui ne s’arrêtait pas qu’à l’aspect financier. »Sur le schéma des entreprises de l’ESSNoiret Patrimoine est donc un cabinet de conseil en gestion de patrimoine, spécialiste de la finance solidaire, qui s’inscrit dans l’économie sociale et solidaire (ESS). Ainsi, le cabinet accompagne ses clients dans la gestion de leur patrimoine en leur proposant de cumuler un rendement financier avec un impact social ou environnemental positif, à travers une gamme de solutions d’investissements responsables et solidaires. « Notre raison d’être était de devenir une entreprise à mission visant à favoriser la démocratisation d’une finance plus vertueuse au service de l’Homme et de la nature. L’objectif est de permettre aux clients d’investir en ayant un impact positif que ce soit au niveau social, en soutenant des thématiques comme l’insertion professionnelle, le handicap, ou au niveau environnemental. Il y a six ans, l’offre était encore peu étoffée, mais depuis les choses ont évolué dans le bon sens avec les labels ISR, Greenfin ou encore Finansol. »Le cabinet détenu par un fonds de dotationAu-delà de la finalité de l’épargne, le modèle de l’entreprise s’inscrit également dans ce schéma. « Les clients nous reprochent souvent notre mode de rémunération variable selon les produits distribués. J’ai donc décidé d’adopter le modèle des entreprises de l’économie sociale et solidaire avec des salaires encadrés et l’absence de rémunération variable. » En 2020, Les actionnaires fondateurs ont également fait le choix de faire don de 100 % du capital au fonds de dotation Nirmala, désormais unique actionnaire de l’entreprise. Ainsi, une partie des résultats de la société (50 % sont mis en réserve) sont remontés au fonds de dotation qui les redistribue sous forme de don à des associations ou fondations, telles que Le Colibri dans le domaine de l’aide sociale à l’enfance, ou encore La ferme au paon, pour les personnes en situation de handicap. « Comme nos clients, notre choix se porte principalement sur des initiatives locales, au gré des rencontres que nous faisons. Aujourd’hui, beaucoup de clients nous contactent en raison de notre approche atypique et de notre modèle solidaire. Souvent très au fait de ces sujets d’impact, ils nous challengent au quotidien. Nous comptons également parmi nos clients des associations, fondations, congrégations religieuses ou entreprises qui s’intéressent à ces thématiques et veulent donner du sens à leur patrimoine. »

De l’accompagnement d’un client à un investissement personnelIl y a six ans, Christopher Hamon, gérant du cabinet CH Conseil & Patrimoine en Vendée, faisait la rencontre d’un client le sollicitant pour structurer la création d’un restaurant facilitant l’inclusion des personnes atteintes de la trisomie 21.Soutenu par l’association Trinôme 44, devenue depuis Les Extraordinaires, ce projet s’appuyait sur le projet de fin d’étude en architecture de Flore Lelièvre, dont le frère est porteur de trisomie 21.

Climat 03Employer dans un restaurant des personnes atteintes de la trisomie 21« La trisomie 21 affecte les personnes de plusieurs manières, en fonction de leurs personnalités, compétences et appétences. L’objectif était de démontrer qu’on peut les inclure dans une entreprise, en dehors des travaux répétitifs qui leur sont généralement proposés, en gardant un équilibre économique avec un minimum de subvention. Pour cela, nous avons créé il y a cinq ans une SAS, qui a permis aux investisseurs motivés de bénéficier d’avantages fiscaux tout en soutenant un projet économique et sociétal », expose Christopher Hamon, sensibilisé par sa petite-cousine Luna porteuse de trisomie. Il y a six ans, un premier restaurant ouvrait à Nantes, puis un second à Paris trois ans plus tard. Des actions de communication sont également mises en place, comme Les Recettes à 4 Mains, des vidéos conçues avec des chefs étoilés, dont l’objectif est « de prouver qu’avec un handicap, on peut cuisiner avec plaisir ».

Quelques clients sollicitésPour autant, Christopher Hamon, qui soutient depuis l’origine ces projets, n’a pas souhaité trop communiquer sur l’opération, seuls quelques clients ont été sollicités pour des levées de fonds. « Beaucoup nous ont aidés, dont certains de façon massive, par des dons, le financement de la société ou l’organisation de dîners entre dirigeants. Cela crée une autre forme de relation qui sort un peu du cadre habituel. Néanmoins, je ne souhaite pas mélanger les casquettes. » Aujourd’hui, les deux restaurants Le Reflet se développent sur des bases saines, malgré la période Covid, le restaurant parisien ayant pour objectif d’atteindre l’équilibre, d’ici un an. « Ce sera plus long pour Nantes car nous avons acquis les locaux. Cela demande beaucoup d’énergie, notamment au début dans les relations avec l’administration, et nécessite d’avoir du personnel encadrant passionné et impliqué. Nous obtenons de formidables résultats:je pense notamment à deux des employés qui, en complément de leurs salaires, vivent désormais de façon quasi-autonome en colocation. Les carences de l’Etat sont flagrantes et il est important de se mobiliser dans ces projets. » Au total, les deux restaurants embauchent vingt-et-une personnes, dont les deux tiers sont porteurs. D’autres projets pourraient voir le jour, visant une autonomie plus forte grâce au logement. Christopher Hamon constate que « la mise en place de fondations, sous l’aspect “engagement moral et sociétal” pour certaines familles permet, de la même manière qu’une transmission entrepreneuriale, de choisir les projets qu’ils soutiennent et comment ils souhaitent les soutenir. C’est aussi un bon moyen de transmettre des valeurs familiales. A un certain niveau de patrimoine, ce type d’initiative devient un vrai moteur. »Entre ISR et actions au sein du cabinetAlors qu’il a lancé son cabinet Farnault Investissement en 2009, Ludovic Farnault s’est rapidement intéressé au marché de l’ISR, en 2011, via des fonds thématiques. En 2014, il va plus loin et se rapproche de Novethic pour créer des portefeuilles investis à 100 % dans des fonds labellisés Novethic. « Nous avons toujours une démarche de sélection de fonds ISR et thématiques, même si aujourd’hui la quasi-totalité des fonds intègrent les critères ESG dans leur gestion. Avec les nombreuses labellisations et la directive MIF II qui va soutenir la distribution des fonds durables, la question du label ISR a aujourd’hui beaucoup moins d’impact. » Un fonds de fonds a été lancé, Friedland Thématique Megatend avec Sanso IS, spécialiste de l’ISR, dont 10 % des frais de gestion sont reversés à Apprentis d’Auteuil et à l’Institut océanographique-fondation Albert Ier, prince de Monaco.

Compensation carboneNéanmoins, la société s’est engagée au-delà de la sélection de solutions d’investissements responsables. En 2019, le cabinet a entamé un travail de compensation de ses émissions carbone:avec Ecotree, les émissions sont calculées et des arbres sont plantés dans la France – plus de quatre cents l’an passé. « Chaque année, les collaborateurs calculent leurs émissions carbone; cela permet une réelle prise de conscience. Les comportements ont changé : le train est favorisé par rapport à l’avion, nous évitons toutes impressions avec un objectif zéro papier… Cela permet de fédérer les équipes pas uniquement autour des performances financières de l’entreprise. » D’autres actions sont menées, par exemple avec l’hôpital Necker pour la collecte de jouets chaque année durant la période de Noël. « Nous communiquons auprès de nos clients, sans vouloir forcément le revendiquer. Nos démarches sont appréciées, certains souhaitant même aller plus loin. Cela renforce également notre image auprès des prospects. », conclut le dirigeant.

Un prix dédié à la philanthropieClimat 02Chaque année depuis 2019, le Groupe Ficade, notamment éditeur des magazines Gestion de Fortune, Investissement Conseils, Profession CGP et du site Patrimoine24, organise son Grand Prix de la Philanthropie (grand-prix-philanthropie.fr). Celui-ci vise à mettre en lumière les meilleures collaborations entre mécènes du monde de la finance et fondations. Son originalité est de mettre en avant la vertuosité et les atouts de leur collaboration et de souligner la démarche philanthropique de chacun des acteurs, davantage que l’objet du projet en lui-même.L’an passé ont été primés : - la fondation Groupe Primonial dans la catégorie Société de gestion/Education;- la fondation Sycomore dans la catégorie Société de gestion/Insertion;- Axa IM dans la catégorie Société de gestion/Climat;- Amplegest dans la catégorie Société de gestion/Enfance;- Funds for Good Impact dans la catégorie Société de gestion/Lutte contre la pauvreté;- Euryale AM et l’ICM dans la catégorie Société de gestion/Santé;- Inter Invest et fondation Art sans exclusion dans la catégorie Société de financement/Egalité des chances;- BNP Paribas et fondation La France s’engage dans la catégorie Banque/Economie sociale et solidaire;- Crédit du Nord et Imagine for Margo dans la catégorie Banque/Santé des enfants- Oddo BHF Agir pour demain et l’association Coup de pouce dans la catégorie Banque/Education;- la fondation Neuflize OBC dans la catégorie Banque/Art;- le Groupe Covéa et l’association France tutelle dans la catégorie Assurances/Vulnérabilité;- le fonds de dotation Scala Patrimoine dans la catégorie CGP/Social; - et Patrick Levrard pour son engagement et celui d’Olifan Group pendant près de vingt ans auprès de l’association Finance et musique, dans la catégorie mention d’honneur.