Bien connue pour son concept de sélection des valeurs fondé sur la satisfaction client, Trusteam Finance veut être une société de gestion engagée dans l’ISR, par conviction.
Entretien avec Jean-Sébastien Beslay, son président et cofondateur, et Philippe Cormon, son directeur du développement.
Investissement Conseils : Pourriez-vous nous rappeler ce qu’est Trusteam Finance ? Jean-Sébastien Beslay:Trusteam Finance est une société de gestion indépendante dont l’approche est centrée sur la satisfaction client. En effet, la mesure de cette satisfaction client est le point de départ de toute sélection de titres au sein de nos fonds, que ce soit sur les marchés actions ou obligataires. Disposer d’un bon niveau de reconnaissance de la part du consommateur permet à l’entreprise de pouvoir fixer ses prix, fidélise ses clients, réduit les coûts d’acquisition de nouveaux clients; le poids de la marque est également plus fort… Les entreprises focalisées sur les attentes de leurs clients sont en effet les mieux positionnées pour y répondre, et ainsi gagner ou consolider leurs parts de marché. Pour mesurer ce niveau de satisfaction, nous collaborons avec une quarantaine de fournisseurs de données à travers le monde. Cela nous permet également de mieux appréhender les évolutions des demandes et des attentes. Philippe Cormon:Aujourd’hui, Trusteam Finance gère 850 millions d’euros, 15 % en gestion privée et 85 % pour le compte d’une clientèle externe via six fonds – trois actions, un obligataire et deux diversifiés – et la gestion sous mandat. Notre gestion externe se répartit en trois tiers équilibrés:conseils en gestion de patrimoine, grands comptes et institutionnels. Nous sommes également bien représentés à l’international, en particulier en Italie, en Belgique, au Luxembourg et en Suisse.
Quelles sont les évolutions des résultats de vos études depuis le début de la pandémie ? J.-S. B.:Les conclusions de nos études sont encore plus valables aujourd’hui qu’avant la crise sanitaire. Les grandes tendances se sont accélérées:digitalisation de l’économie au travers de la consommation (mais cela est également valable dans d’autres domaines d’activité, comme la médecine), une forte appétence pour une consommation plus responsable… Ces tendances sont installées pour un bon moment.
La révolution digitale est aujourd’hui entrée dans une nouvelle phase. Après avoir eu un comportement plutôt passif, les consommateurs s’approprient la techno et sont aujourd’hui plus actifs sur Internet, notamment pour faire pression pour que les entreprises adoptent une démarche plus responsable et durable.
Justement, quelle est votre démarche en matière d’ISR ? J.-S. B.:Nous sommes très actifs en matière d’ISR depuis de nombreuses années. Notre démarche est bien entendu de délivrer de la performance financière, mais la performance extra-financière est de plus en plus recherchée par les investisseurs. Après l’essor du bio, de l’occasion, des transports propres, les clients finaux prennent leurs responsabilités en matière d’épargne.
Claire Berthier, jusqu’ici responsable ESG de la société, a récemment été promue directeur général adjoint. Son arrivée à ce poste va nous permettre d’ancrer résolument l’ISR dans la stratégie et de confirmer la position de Trusteam Finance en tant que société de gestion experte de l’ISR. Nous sommes signataire des PRI depuis 2013 et faisons partie du think tank Climate Action 100, notamment nos principaux fonds labellisés ISR… Le poids du client final est de plus en plus important pour contraindre les entreprises à adopter une stratégie compatible avec les enjeux de durabilité. Par exemple, les consommateurs ont récemment fait pression via les réseaux sociaux sur une entreprise pour qu’elle change de fournisseur de coton, alors qu’elle passait par une société chinoise exploitant la communauté des Ouïghours. L’ISR passe, en quelque sorte, dans sa version 3.0. Pour suivre ces tendances, nous collaborons avec des sociétés, dont certaines utilisent l’intelligence artificielle pour suivre les réseaux sociaux à travers le monde.
P. C.:Récemment, nous avons audité nos fonds selon la méthodologie d’Impact Management Project pour leur classification au sens de SFDR. Nos fonds diversifiés sont classés article 8 et nos fonds actions article 9. Pour nous, il était primordial que cette classification soit opérée par un acteur externe reconnu internationalement, et non pas se reposer sur une simple déclaration de notre part.
Nous voulions trouver une façon compréhensible et robuste de présenter l’impact des sociétés qui composent nos fonds. C’est pour donner cette preuve à nos clients et éviter l’impact washing que nous avons choisi de publier la classification de tous nos fonds ISR sur la plateforme Impact Management Project.
Un mot sur vos fonds ? P. C.:S’agissant de nos fonds multi-assets, Trusteam Optimum est particulièrement bien positionné dans le contexte actuel. Il s’agit d’un fonds diversifié défensif, labellisé ISR. Ce fonds à dominante obligataire vise un rendement annualisé de 3 à 4 % et complète bien la poche défensive d’un portefeuille; il peut être complémentaire à un fonds euro ou être utilisé pour faire fructifier une trésorerie d’entreprise puisque sa volatilité cible est de 3 %. Doté de 400 millions d’euros d’encours, il a délivré une performance de 2,07 % depuis le début de l’année au 10 juin dernier. Dans le choix des émetteurs, nous visons des entreprises en capacité de rembourser leur dette, toujours en nous appuyant sur leur note «satisfaction client». En effet, si elles ont de bons clients, ils seront forcément solvables.
J.-S. B.:Dans la catégorie des fonds diversifiés, nous disposons également du fonds Roc Flex. Plus offensif, sa poche actions peut monter jusqu’à 50 % de l’actif, avec une réelle flexibilité et une attitude plutôt opportuniste.
Le process d’investissement vise à faire face à la rapidité des marchés, notamment en cas de choc violent, avec une volatilité maîtrisée autour de 5 à 6 %. Pour cela, le fonds a recours à l’intelligence artificielle et des techniques quantitatives/systématiques. Cela lui confère une réelle flexibilité, avec une poche actions cible de 20 % quand les marchés sont au plus haut et de 50 % quand les valorisations sont détendues. Par ailleurs, nous disposons de fonds actions purs basés sur la satisfaction client – Trusteam Roc et Trusteam Roc Europe, Trusteam Roc PME. Seul ce dernier n’est pas labellisé ISR.
Proposez-vous d’une offre de gestion sous mandat à la clientèle de conseillers en gestion de patrimoine ? P. C.:Oui, nous accompagnons nos partenaires CGP, notamment dans le cadre de la gestion des PEA et des comptes-titres de leurs clients. Et de plus en plus, car les clients privés sont souvent déçus de la gestion de leur banque et nous transfèrent leur compte. Cette gestion repose sur nos fonds ou peut être réalisée en architecture ouverte, le tout avec l’intégration de titres vifs. Ces mandats sont gérés en prenant en compte notre approche ISR, le tout avec une mesure d’impact. La gestion est personnalisée selon le cahier des charges défini entre le CGP et son client.
Les comptes-titres sont accessibles à partir de 50 000 € en fonds et 100 000 € avec l’intégration de titres vifs.
. Propos recueillis par Benoît Descamps “ Le poids du client final est de plus en plus important pour contraindre les entreprises à adopter une stratégie compatible avec les enjeux de durabilité.
” — Jean-Sébastien Beslay