Après cinq années au capital d’Harvest, Five Arrows vient de céder sa participation à deux acteurs mondiaux du capital-investissement : TA Associates et Montagu Private Equity. L’occasion d’aller à la rencontre de Virginie Fauvel, la CEO du leader du marché des outils logiciels de gestion de patrimoine qui a fêté son trente-cinquième anniversaire début septembre.
Investissement Conseils : L’été dernier, Harvest a fait évoluer son capital. Pour quelles raisons ?Virginie Fauvel : En effet, nous avons accueilli le 31 juillet dernier TA Associates et Montagu Private Equity à notre capital. Nous nous projetons dans cette nouvelle étape avec beaucoup d’enthousiasme. Ces nouveaux actionnaires prennent la place de Five Arrows qui nous a accompagnés avec bienveillance dans notre développement ces cinq dernières années. Mais le temps était venu de faire évoluer notre actionnariat. Les équipes de Five Arrows, des personnes très aidantes et très élégantes, à la fois ambitieuses et respectueuses, conformément à l’image que cultive Rothschild & Co, en France et à l’international, nous ont permis de faire grandir Harvest. En effet, nous avons récemment clôturé, avec succès, notre plan de développement baptisé « L’esprit de conquête 2025 ». Nous avons doublé de taille, en finalement peu de temps, et commencé à investir d’autres marchés européens, notamment l’Italie et le Luxembourg. Pour cela, nous avons procédé à quatre acquisitions majeures : Fidroit en 2020, Quantalys en 2021, Feefty et ManyMore l’an passé. Ces rapprochements ont été fructueux, car nous avons eu le plaisir d’intégrer des collaborateurs de haut niveau, ayant un bon état d’esprit. Cela s’est également accompagné de la modularisation de notre offre et de lourds investissements en matière de cybersécurité, sujet sensible aussi bien pour nos clients que pour nos régulateurs. Du côté des effectifs, nous sommes fiers d’avoir massivement recruté, en passant de deux cent-soixante-dix à cinq cents personnes aujourd’hui, un chiffre que nous comptons doubler, d’ici 2028. Désormais, nous employons des collaborateurs aussi bien à Paris, Clermont-Ferrand et Sophia-Antipolis, qu’à Milan, et une centaine de personnes rejoignent nos rangs chaque année. J’en profite également pour préciser que tous les managers-actionnaires d’Harvest ont, d’ailleurs, tenu à réinvestir dans notre belle aventure, tout comme les fondateurs, et que notre comex reste inchangé.Que vous apportent vos nouveaux actionnaires ?Il s’agit d’actionnaires mondiaux qui disposent d’un réseau européen, ce qui, comme nous nous positionnons comme un champion européen de l’édition de logiciels en Wealth Management, a beaucoup d’intérêt pour nous. Ce sont également deux acteurs disposant de fonds mondiaux dans l’univers des logiciels qui nous suivent depuis plusieurs années et qui, aujourd’hui, nous accordent leur confiance. Leurs réseaux respectifs nous apportent d’ores et déjà. Par exemple, via leur intermédiaire, nous allons conclure avec AWS un accord sur le cloud. Pour une entreprise de taille intermédiaire comme Harvest, qui n’est ni petite ni très grande, pouvoir bénéficier de tels accords est un atout incroyable. D’autres sujets sont en cours de discussion, comme le recrutement de personnes qui nous permettront d’assouvir notre volonté d’internationaliser notre activité. Cette opération capitalistique est la preuve que, dès lors que nous disposons d’outils de qualité et d’une bonne stratégie, il est possible pour des PME françaises d’attirer des investisseurs de renom pour se développer. La France est bel et bien un pays où nous pouvons entreprendre et réussir !Quels sont actuellement vos projets majeurs de développement pour Harvest ?Nous avons bâti notre plan de développement à horizon 2028, qui a pour objectif de faire d’Harvest un champion européen, tout en reposant sur une technologie 100 % française. En France, nous couvrons bien l’ensemble des besoins de nos clients, mais nous pourrions réaliser quelques petites retouches, comme nous l’avons fait sur le segment des produits structurés avec l’acquisition de Feefty l’année dernière. Notre ambition se situe désormais au niveau européen : nous comptons devenir une plate-forme européenne disposant d’une gamme de produits internationalisable. Pour cela, nous avons des projets de M&A (des projets de fusion-acquisition, ndlr) sur des produits ou des zones géographiques sur lesquels nous ne sommes pas présents. Suite à nos précédentes acquisitions, nous disposons désormais d’une solide expérience dans les process à mettre en place pour faciliter les intégrations. Pour mener à bien cette ambition, nous disposons en interne d’une équipe M&A, ainsi qu’une équipe d’intégration. Nous avons ciblé trois priorités – Italie, Allemagne et Suisse –, et nous abordons les marchés luxembourgeois et belge depuis la France. Néanmoins, nous restons attentifs aux mouvements de marché en Espagne, dans les pays nordiques (le Danemark, la Norvège, la Suède, la Finlande et l’Islande, ndlr) et les pays de l’Est. L’internationalisation de notre activité ne fait que débuter. Nous estimons être le bon acteur pour réaliser la consolidation du marché européen, lequel reste très fragmenté comme l’est encore le marché français. En effet, il n’existe pas d’autre grand acteur comme Harvest sur le continent. Notre second grand axe stratégique est l’intégration de l’intelligence artificielle dans nos outils. Investir dans l’intelligence artificielle et nommer Mathilde Brousse à la tête de la cellule Data Analytics & AI a été l’une de mes grandes décisions. Nous investissons massivement en recherche et développement, pour plusieurs millions d’euros, et utilisons déjà l’intelligence artificielle dans nos outils en interne. Or investir dans l’intelligence artificielle suppose d’être suffisamment robuste pour pouvoir le faire. Et une société de Tech ne peut cesser d’investir… Les CGP ont conscience de cette révolution. Notre rôle est d’aider les conseillers en gestion privée à ne pas se faire disrupter par l’IA et, qu’au contraire, ils restent solidement armés pour y faire face. Tout comme l’international, le développement de l’intelligence artificielle est prépondérant dans notre projet stratégique, à horizon 2028.Quelles sont les nouveautés chez Harvest depuis la rentrée ?L’intelligence artificielle est devenue une réalité pour nos clients, puisqu’elle a fait son apparition au sein de Fidnet et d’O2S pour proposer des solutions « survitaminées ». D’autres projets sont en cours, et l’intelligence artificielle va irriguer l’ensemble des outils du groupe, d’ici cinq ans. Par ailleurs, nous avons lancé Harvest Connect qui permet un accès unique aux outils Big et O2S. Ce nouveau portail de connexion a été conçu pour offrir un accès facilité, via un identifiant unique, et hautement sécurisé à nos solutions.