Le changement climatique constitue une menace pour la vie sur terre en raison de son impact sur la chaîne alimentaire, la santé, les revenus et la nature dans son ensemble. Selon Edward Lees et Ulrik Fugmann du pôle Stratégies Environnementales de BNP Paribas Asset Management, il est clair qu'il peut aussi démultiplier les menaces d'instabilité, et ajouter des tensions (même dans les régions stables) en exacerbant les problèmes sociaux et économiques que la pandémie a mis en évidence.
Lors d’une réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies en février 2021 le naturaliste David Attenborough, a qualifié le changement climatique de « plus grande menace depuis des millénaires ».
Le débat sur les changements climatiques porte principalement sur les effets dévastateurs de l'augmentation des émissions de carbone et de gaz à effet de serre, de l'élévation du niveau et de la température de la mer, de l'érosion des sols, de la déforestation et de la contamination de la nature. Tous ces éléments constituent une menace majeure pour les populations et la lutte contre la pauvreté dans le monde, et pourraient avoir des effets ravageurs et permanents sur la vie sur Terre.
Le Groupe d'experts intergouvernemental des Nations Unies sur l'évolution du climat a publié en février un rapport soulignant une augmentation inévitable des risques dans les années à venir : chaque dixième de degré de réchauffement climatique sera critique.
Changement climatique et sécurité nationaleCertains des risques sont liés à des problèmes potentiels de sécurité engendré par le changement climatique actuel. En septembre 2006, le centre d’analyses navales des États-Unis (CNA) a créé un comité chargé d’étudier les menaces posées par le changement climatique et de proposer des solutions pour y remédier.
Après huit mois de délibérations, le comité a présenté quatre conclusions.
Les changements climatiques prévus constituent une grave menace pour la sécurité nationale
Le changement climatique est un facteur d’augmentation de l’instabilité dans certaines régions déjà peu stables
Les changements climatiques prévus vont aggraver les tensions même dans les régions stables
Le changement climatique, la sécurité nationale et la dépendance énergétique sont un ensemble connexe de défis mondiaux.
Nous avons déjà vu apparaître des conflits liés au changement climatique et à la rareté des ressources et d’autres pourraient émerger si la situation reste inchangée. En effet, la sécheresse en Syrie a contribué de manière significative à la guerre qui s’en est suivie et à la crise des réfugiés associée.
Une méta-analyse de plus de 60 études quantitatives qui examinent le lien entre le climat et les conflits a permis de constater que « pour chaque écart type de changement du climat vers des températures plus chaudes ou des précipitations plus extrêmes, les estimations médianes indiquent que la fréquence de la violence interpersonnelle augmente de 4 % et que la fréquence des conflits intergroupes augmente de 14 % ».
La tragédie humaine qui se déroule en Ukraine ne se rapporte pas au type de conflit décrit ci-dessus causé par la pénurie de ressources, mais plutôt au quatrième point mis en évidence par le CNA, à savoir la question de la dépendance énergétique.
Selon l’Agence Internationale de l’Energie environ 40% de la consommation de gaz naturel de l’UE en 2021 a été fournie par des gazoducs russes, dont plusieurs traversent l’Ukraine.
En outre, les prix des denrées alimentaires augmentent constamment, l’Ukraine étant le « grenier de l’Europe », sinon du Monde. La région de la mer Noire est aujourd'hui un pôle vital de la production et du commerce agricoles mondiaux. Ensemble, la Russie et l'Ukraine représentent environ 0,29 % des exportations mondiales de blé, 19 % des exportations de maïs et 80 % des exportations d'huile de tournesol.
La réponse : un transfert rapide des objectifs en matière d’énergies renouvelablesDébut mars, à la lumière de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Commission européenne a proposé un plan « REPowerEU » audacieux pour rendre l'Europe indépendante de l’énergie fossile russe bien avant 2030, à commencer par le gaz.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a déclaré: " Nous devons agir dès maintenant pour atténuer l'impact de la hausse des prix de l'énergie, diversifier notre approvisionnement en gaz pour l'hiver prochain et accélérer la transition vers une énergie propre. Plus vite nous passons aux énergies renouvelables et à l'hydrogène, combinés à plus d'efficacité énergétique, plus vite nous serons vraiment indépendants et maîtres de notre système énergétique ".
Plusieurs pays européens accélèrent déjà leur transition énergétique. L’Allemagne, dans une décision plutôt historique, a turbopropulsé sa transition avançant de 15 ans son projet du 100% renouvelable et les alignant sur les États-Unis et le Royaume-Uni pour 2035.
Berlin souhaite désormais que 80% de son énergie provienne des énergies renouvelables d’ici 2030. De plus, le nouveau gouvernement de la coalition a l'intention de raccourcir considérablement le délai d'autorisation pour l’installation d’éoliennes qui a constitué un obstacle important à la croissance des énergies renouvelables.
Un nouveau récit pour la transition énergétiqueLes thèmes de la décarbonisation, de la numérisation et de la décentralisation du système énergétique mondial pourraient difficilement avoir plus de catalyseurs d'accélération au cours des cinq à dix prochaines années en particulier.
Selon nous, le discours sur la transition énergétique a beaucoup changé ces dernières semaines et il apparaît qu’il y a bien plus en jeu que les « défis environnementaux ». Le monde a pris conscience des risques importants liés à la manière dont la « sécurité climatique » peut affecter la géopolitique.
Alors que le monde fait face à une inflation toujours plus élevée, un nouvel élément de la discussion est la capacité de l'énergie verte à aider à réduire les prix. Le coût de production de l'énergie solaire et éolienne a chuté de façon spectaculaire et son'efficacité a augmenté de façon significative.
En revanche, depuis 1970, le prix du pétrole a été multiplié par trois environ. Les combustibles fossiles sont plus volatils et sont un moteur important des cycles économiques d' « expansion-récession » ainsi que de l'inflation, tandis que les énergies renouvelables au fil du temps ont été désinflationnistes.
Une évaluation globale des effets des changements climatiques ne peut aboutir qu’à une seule conclusion : il faut en faire plus pour s’adapter et atténuer le réchauffement climatique, et de manière plus rapidement. L'ampleur de l'effort nécessaire exige une action globale de tous, y compris des investisseurs.
Ainsi le fonds BNP Paribas Energy Transition cherche à contribuer à la transition énergétique vers une faible émission carbone en investissant dans des entreprises qui se consacrent à la recherche de solutions pour lutter contre le changement climatique. Cette stratégie est un acteur à part entière de la transformation énergétique.
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