BDL Capital Management - En 2024, il faudra être liquide !

21/11/2023 - source : Patrimoine 24

Depuis 18 mois, les politiques de hausse des taux des banques centrales engendrent deux types de déconvenues pour les épargnants : celles qui étaient prévisibles et les autres. Les premières portent sur la valeur des actifs, les secondes sur la liquidité.

Que ce soit une action, une obligation ou un bien immobilier, la valeur d’un actif est avant tout dépendante du niveau des taux d’intérêt. C’est l’actualisation des flux futurs au taux d’intérêt approprié qui crée cette dépendance entre la valeur de l’actif et le coût de l’argent. Par exemple, si les taux sont à 0%, 100 euros dans 10 ans valent 100 euros aujourd’hui. Si les taux sont à 4%, ces mêmes 100 euros ne valent plus que 67.5 euros aujourd’hui, 1/3 de moins1. Plus les taux montent et plus la valeur de l’actif baisse, et inversement.

En conséquence, la baisse des marchés actions et obligataires en 2022 et des SCPI en 2023 sont des déconvenues prévisibles, le simple résultat mathématique du lien entre valeur des actifs et taux d’intérêt. On peut être surpris par la vitesse de remontée des taux, ou par leur niveau actuel, mais on ne peut pas être surpris par la baisse des actifs qui s’ensuit. Ce risque de valorisation est le danger numéro 1 de tout investissement. C’est lui qui occupe souvent la pleine attention de l’investisseur.  

Il existe pourtant un second risque qui menace tout actif, le risque de liquidité. Il est beaucoup plus rarement pris en compte, devient souvent essentiel au pire moment et aggrave la dépréciation de l’actif. Là où le risque de valorisation est omniprésent, le risque de liquidité apparaît en période de crise et disparaît quand les conditions économiques sont favorables. Par nature, l’essentiel des investissements sont réalisés quand les conditions sont bonnes, ce qui explique que le risque de liquidité soit généralement ignoré. Il peut se définir comme le risque de ne pas pouvoir vendre un actif à un prix raisonnable et dans un délai raisonnable.

Dans certaines classes d’actifs, le risque de liquidité est très faible. C’est le cas du marché monétaire ou de celui des grandes entreprises cotées en bourse. Ces actifs bénéficient d’une grande profondeur de marché, de beaucoup d’investisseurs et d’actifs disponibles et d’un marché centralisé pour agréger l’offre et la demande.

 A l’inverse, d’autres classes d’actifs comme l’immobilier ou le crédit aux entreprises présentent un risque de liquidité important. Ces marchés sont moins profonds, la quantité d’actifs et d’investisseurs est plus faible et les transactions se font de gré à gré.

Les difficultés des SCPI en 2023 illustrent cette problématique. Quand l’épargnant a des parts de SCPI, il a des parts dans les actifs immobiliers détenus par la SCPI. S’il souhaite vendre ses parts et que d’autres épargnants veulent acheter, la liquidité lui est fournie, il ne semble pas y avoir de risque. Mais si le prix des parts baisse et qu’il n’y a plus d’acheteurs, il ne peut plus vendre. Il faudrait alors que la SCPI cède une partie de ses actifs pour lui assurer la liquidité. Mais cela prend du temps et, dans l’intervalle, l’épargnant ne peut ni vendre au prix souhaité, ni récupérer son argent, il est victime de ce risque de liquidité. Malheureusement, c’est la situation de nombreux investisseurs actuellement.

Les atouts des SCPI sont connus : un bon rendement et une valeur stable de la part, au moins historiquement. Leur faible liquidité, désormais avérée, n’est pas un risque nouveau mas il était ignoré. A l’inverse, les actions, souvent considérées comme plus risquées car elles peuvent varier fortement à court terme, présentent un risque de liquidité beaucoup plus faible. L’épargnant peut récupérer son argent instantanément, même quand les conditions sont difficiles. De plus, elles affichent une meilleure performance historique à long terme et offrent un rendement annuel attractif (3.6% actuellement2). L’épargnant doit donc faire ses choix en considérant plusieurs variables et en anticipant ses besoins de trésorerie. Pour cela, il ne peut faire l’impasse sur l’analyse du risque de liquidité de chaque placement.

Le mouvement de hausse des taux est riche de deux enseignements : premièrement, la valeur de toutes les classes d’actifs, même celles qui étaient considérées comme les plus solides, est impactée négativement. Deuxièmement, le risque de liquidité est largement ignoré alors qu’il est paralysant quand il se matérialise.

 

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