Par Georges Nemes, président du groupe Patrimmofi
C’est désormais devenu un petit rituel. Depuis quelques années, on assiste inlassablement, en début d’année, à une critique en règle de l’assurance-vie. Comme des idoles que l’on brûle après les avoir trop adorées, les fonds en euros sont cloués au pilori.
En 2020, les observateurs s’en sont donné à cœur joie, à mesure que la décollecte s’accélérait sous les effets de la crise sanitaire. « Dans un contexte de crise sanitaire doublée d’une crise économique, les ménages éprouvent, à juste titre, les pires difficultés pour se projeter et donc s’engager sur le long terme », nous a expliqué le Cercle de l’épargne, en novembre 2020, pour justifier près de neuf mois de décollecte et 7 milliards d’épargne envolés.
Pour eux, la messe est dite. L’assurance-vie et ses 1 783 milliards d’euros d’encours est une relique barbare à remiser dans son coffre, avec ses lingots d’or ou ses emprunts russes.
L’heure est désormais au livret A, au bas de laine à ranger amoureusement sous son matelas, ou aux marchés financiers et leurs volatilités irrationnelles.
Et pourtant, nous pensons que le « placement chouchou des Français » mérite plus que jamais son titre. L’assurance-vie reste la pierre angulaire de votre stratégie patrimoniale.
Pour nous, les fonds en euros sont l’outil idéal pour la gestion de sa trésorerie à court terme. Une « tirelire » qui rapporte au minimum deux fois plus que le livret A (0,50 % par an), dix fois plus qu’un livret bancaire. C’est sans compter aujourd’hui sur de nouveaux supports d’investissement tels que l’immobilier, les infrastructures et autres fonds structurés.
A condition que les ratios de solvabilité imposés aux assureurs ne tuent pas toutes les initiatives créatives.
De plus, l’assurance-vie demeure un outil de transmission du patrimoine à la souplesse et aux avantages fiscaux inégalés. Enfin, les contrats les plus récents permettent de sortir en 48 heures chrono !
Et pour dynamiser votre patrimoine sur le long terme, vous pouvez y loger des UC, les fameuses unités de compte, qui ne riment pas forcément avec bourse ou volatilité des marchés.
Nous avons la conviction que les banques et les assureurs devraient communiquer différemment sur le sujet. Remplacer le chantage à la performance (les fond en euros sont mieux rémunérés si vous investissez une partie importante de votre patrimoine à la Bourse) par une meilleure mise valeur des unités de compte investies sur des segments porteurs, comme l’immobilier de bureau ou le private equity.
Nous avons surtout la certitude que les assureurs devraient distribuer davantage de bénéfices, notamment tirés des plus-values financières réalisées chaque année.
Pourquoi constituer des réserves en période de baisse constante des rendements ? Pourquoi au contraire ne pas lisser les rendements annuels des fonds euro avec la participation aux bénéfices ? Pour certains contrats, cela pourrait représenter plus de 4.25 % de rendements en réserve auxquels on peut ajouter les plus-values latentes pour atteindre 11.5% des encours à fin 2019.C’est énorme.
Car si nous comprenons les soucis prudentiels des assureurs, la mise en réserve des bénéfices d’une année est une injustice pour les épargnants qui soldent leur contrat avant l’obligation de l’assureur de distribuer la participation aux bénéfices au bout de huit ans. Les fonds en euros sont investis dans des portefeuilles d’obligations dont les revenus sont décroissants. Chaque année, les assureurs distribuent les réserves pour la partie obligatoire et constituent de nouvelles réserves sur le rendement de l’année qui se termine. Ils font « rouler » la participation aux bénéfices et lissent à la baisse les performances, au détriment des assurés les plus anciens.