Débarrassés du risque de défaut sur la dette américaine, les investisseurs vont pouvoir se concentrer à loisir, au cours du mois de juin, sur l’autre risque du moment, la probabilité d’une récession aux Etats-Unis.
Jeudi soir, le Sénat a approuvé par 63 voix contre 36 le Fiscal Responsibility Act qui suspend pour 2 ans le plafond d’endettement des Etats-Unis. Le texte, qui avait déjà obtenu le vote de la Chambre des représentants par 314 voix contre 117, mercredi, a été ratifié samedi par Joe Biden. C’est la fin d’un mauvais feuilleton qui, comme à chaque fois, a pesé sur la confiance des investisseurs. L’accord prévoit ainsi une baisse des dépenses de 1.500 milliards de dollars sur 10 ans, ce qui devrait limiter l’impact sur la croissance à 0.15% par an aux Etats-Unis selon une estimation publiée par Moody’s.
Les marchés ont témoigné, mais sans excès, leur soulagement en fin de semaine à l’issue de cette bataille parlementaire américaine. Le véritable sujet de préoccupation pour les marchés reste l’évolution de l’économie américaine vers une récession rendue inévitable, pour beaucoup d’analystes, par le resserrement monétaire de ces 15 derniers mois (500 bps de relèvement des taux fédéraux). Selon les études économétriques réalisées sur les cycles précédents, il faut compter entre 18 et 24 mois pour observer un impact sensible sur la conjoncture du relèvement des taux d’intérêt. Concernant le cycle actuel, le ralentissement économique devrait ainsi théoriquement intervenir au cours du second semestre de cette année.
Pour le moment, pas de ralentissement perceptible à l’horizon. Certes, les enquêtes d’activité du secteur manufacturier sont légèrement en zone de contraction, mais les enquêtes d’activité dans le secteur des services continuent à être très bien orientées.
Rappelons que les services représentent 75% du PIB de nos économies.
Du côté du marché de l’emploi américain, les données restent très solides. Le rapport sur l’emploi, publié vendredi, fait à nouveau apparaitre un nombre impressionnant de créations d’emplois sur mai (+339K) avec de plus +94K créations supplémentaires pour les 2 mois précédents. Les pessimistes feront toutefois remarquer que le taux de chômage a progressé de 3.7% (contre 3.4% en avril) tandis que les heures travaillées ont diminué à 34.3 heures par semaine, signe (peut- être) que l’activité des entreprises commence à ralentir. Tout bien considéré, le marché du travail continu à être très bien orienté aux Etats-Unis comme le montre l’augmentation surprise en mai du nombre d’offres d’emploi qui est repassé au-dessus des 10 millions.
Du côté de l’inflation, les bonnes nouvelles se multiplient. Après les publications nationales qui ont rassuré (inflation française à +5.1% en mai sur un an contre +5.9% en avril), l’inflation en Zone euro a nettement décéléré (+6.1% contre +7% en avril) avec une contribution positive de toutes les composantes ce qui est très encourageant. L’inflation des services, véritable point noir depuis plusieurs mois, a ainsi ralenti sa hausse à 5% sur un an contre 5.2% en avril.
Avec la fin du psychodrame sur la dette américaine et la fin de la période de publication des résultats du 1er trimestre, les marchés vont rester dominés, au cours des semaines à venir, par l’évolution des publications macroéconomiques dont nous n’attendons d’ailleurs pas de grandes évolutions. Les marchés devraient ainsi rester proches de leur niveau actuel.
Pour consulter le commentaire de marché dans son intégralité, cliquez ICI.
Pour accéder au site, cliquez ICI.