La résilience de la croissance américaine ne devrait pas stopper le processus de baisse des taux qui se met en place. Le mouvement d’assouplissement monétaire outre-Atlantique devrait se poursuivre fin 2024 et en 2025. En Europe, les baisses de taux devraient accélérer dans les mois qui viennent.
Emmanuel Auboyneau, Gérant associé
L’activité américaine surprend les économistes et les craintes de récession ont été récemment balayées par une série de statistiques favorables. La Réserve Fédérale pourrait-elle regretter de ce fait la baisse surprise de ses taux directeurs de 50 points de base en septembre ? Nous ne le croyons pas pour deux raisons. Tout d’abord l’inflation poursuit son lent déclin et se rapproche de plus en plus de l’objectif de 2%. Ensuite, l’institution américaine veut à tout prix éviter d’intervenir trop tard comme elle a pu le faire dans le passé. Toutefois, nous attendons désormais plus de modération avec une à deux baisses de 25 points de base en 2024 et la poursuite du mouvement en 2025. Le cycle d’assouplissement monétaire a commencé mais il devrait être lent et régulier. Une élection de Donald Trump pourrait par ailleurs freiner à la marge ces baisses de taux du fait d’une politique un peu plus inflationniste, notamment en matière commerciale.
L’économie européenne n’a assurément pas la même solidité. Elle tangente même avec les territoires négatifs et connait même une récession industrielle. Les déficits publics et la dette sont un autre écueil de plus en plus menaçant qui nécessitent des actions plus efficaces des Etats. On voit en France la difficulté de réduire la dépense publique et la propension naturelle à lui préférer des hausses de taxes peu favorables à la croissance. Si on ajoute une inflation plus faible que prévu et désormais à l’objectif de la Banque Centrale, tout milite désormais pour une action plus vigoureuse de cette dernière. Des débats internes au sein de l’institution monétaire font émerger des voix de plus en plus audibles en faveur d’une accélération du processus de baisse des taux. Le cycle d’assouplissement monétaire débuté en juillet va donc selon nous se poursuivre et même s’amplifier.
La Chine est aujourd’hui importante dans l’équation de la future croissance mondiale, surtout pour l’Europe, assez dépendante en matière d’échanges commerciaux. On constate aujourd’hui toute la difficulté pour le pouvoir en place de relancer l’activité et notamment la consommation interne. La confiance des ménages est durablement affectée et nécessite des actions vigoureuses. Les différents plans de relance qui viennent d’être annoncés, avec des mesures spécifiques en faveur de l’immobilier, des banques ou du consommateur vont incontestablement dans le bon sens. Elles ont été accompagnées par plusieurs baisses des taux qui se poursuivront. Pour autant, l’activité chinoise ne devrait pas rebondir fortement mais plutôt se stabiliser sur un plateau autour de 4 à 5% de croissance du PIB. La possibilité d’une nouvelle guerre commerciale avec les Etats-Unis en cas d’élection de Donald Trump reste une menace latente.
Cet environnement macroéconomique est plutôt favorable pour les actifs risqués. Une baisse des taux sans récession est généralement positive pour les marchés. Les résultats incertains des sociétés et les risques géopolitiques sont toutefois susceptibles d’apporter de la volatilité au cours des prochains mois. La valorisation tendue du marché américain le rend vulnérable aux mauvaises nouvelles. Les mois qui viennent vont également engendrer des transferts de flux à mesure que les baisses des taux rendront moins rentables les placements sans risque et les obligations.
Nous n’avons pas modifié les allocations globales de nos portefeuilles. Nous sommes toujours très investis en actions sur nos mandats dynamiques et un peu plus prudents sur nos mandats équilibrés et modérés.
Par Emmanuel Auboyneau, Gérant associé
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